L’ambassadeur français à Alger s’exprime sur la question du retour des fonds détournés en France

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L’ambassadeur français à Alger François Gouyette a déclaré à Radio M que la question de la récupération des fonds détournés en France n’avait pas été abordée par le Président Abdelmadjid Tebboune lors des rencontres officielles ni avec lui, ni avec les ministres Jean-Yves Le Drian et Gérald Darmanin.

Mercredi 25 novembre, lors d’un passage sur les ondes de Radio M, l’ambassadeur de France à Alger François Gouyette a fait des déclarations qui ont eu l’effet d’une bombe auprès de l’opinion publique algérienne. Répondant à une question concernant la restitution des capitaux détournés en France par les proches du Président déchu Abdelaziz Bouteflika, le diplomate a laissé entendre que depuis l’arrivée du chef de l’État Abdelmadjid Tebboune au pouvoir en décembre 2019, cette question n’avait jamais été abordée entre les deux parties. Ainsi, en pleine crise financière et économique en Algérie aggravée par l’épidémie du Covid-19, et sachant que l’essentiel de l’argent détourné dans le pays se trouve en France selon les propos du ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement Ammar Belhimer, les déclarations de M.Gouyette soulèvent plus d’une question. D’autant plus que la récupération des biens mal acquis a été le principal cheval de bataille du Président Tebboune lors de sa campagne présidentielle.

La récupération des fonds n’a pas «été à l’ordre du jour»

En réponse à la question du journaliste, François Gouyette a affirmé qu’«il y a beaucoup de chantiers bilatéraux, mais depuis que je suis dans mon poste [deux mois, ndlr] ce n’est pas un sujet qui a été à l’ordre du jour». Et d’ajouter qu’«il y a eu deux ministres régaliens qui sont venus à Alger, Jean Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en octobre dernier, et qui a été reçu par le Président avec son homologue et le Premier ministre. Cette rencontre a plutôt abordé les questions du Mali du Sahara occidental et aussi un peu la Libye, ainsi que la lutte contre le terrorisme».

Dans le même sens, le diplomate a rappelé également qu’«il y a eu aussi la visite de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, dont l’entretien avec le Président Abdelmadjid Tebboune s’est centré sur la lutte contre l’immigration clandestine et la lutte antiterroriste».

«L’essentiel des fonds algériens détournés sont en France»

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, avait affirmé lors de son passage le 18 février sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale que l’Algérie mettra en place un mécanisme pour récupérer les fonds détournés à l’étranger.

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Le refus d’Alger de recourir à l’endettement extérieur est-il tenable à court terme?
M.Belhimer avait souligné que des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne étaient «généralement prêts à coopérer» pour la restitution de ces fonds. Cependant, certains États «comme la France» où atterrit, selon lui, «l’essentiel des fonds algériens», se montraient «plus permissifs» envers ces capitaux.

Et d’expliquer que la loi française «évoque la possibilité de récupérer les capitaux détournés, pas pour les restituer aux pays d’origine, mais pour les verser dans le Trésor public français ou dans un fonds destiné à financer l’Agence de coopération et d’aide au développement».

En 2015, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor et expert international en finances avait déclaré au quotidien El Watan, suite au scandale connu sous le nom de SwissLeaks, que «les estimations des fonds placés à l'étranger liés à la corruption et à la surfacturation dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l'étranger seraient de près de 200 milliards de dollars».

Lundi 23 novembre, dans une déclaration également à El Watan, l’économiste algérien Mahfoud Kaoubi a estimé que, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, l’Algérie sera contrainte de recourir à l’endettement extérieur d’ici «18 mois dans le meilleur des cas» si la crise persistait.

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