Un député africain fustige l'hypocrisie écologique de l'Occident à l'égard de l'Afrique

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L'Occident doit cesser de faire la morale aux pays en développement à propos du changement climatique. Celui-ci exploite régulièrement les ressources pétrochimiques des pays africains, puis accuse l'Afrique des émissions de gaz à effet de serre produites par sa propre consommation, selon un député de l'Assemblée nationale gambienne.

L'Occident doit cesser de manipuler le monde avec son moralisme hypocrite sur le changement climatique, écrit Muhammed Magassy, membre de l’Assemblée nationale gambienne, dans un article publié dans le Daily Telegraph le 18 décembre.

Il rappelle à titre d'exemple que la Norvège a récemment annoncé qu'elle financerait une carte satellite des forêts vulnérables du monde, avec les données en téléchargement gratuit, pour aider à lutter contre la déforestation dans le sud du globe. Le projet est ostensiblement un cadeau aux mouvements verts, selon lui.

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Mais M.Magassy trouve curieux que ce cadeau soit offert par l’un des principaux exportateurs de gaz au monde et contributeurs aux émissions de carbone.

«Pourquoi alors la Norvège dépense-t-elle ses propres ressources dans une initiative à l’extérieur du pays alors que sa propre responsabilité dans le changement climatique est si importante? La réponse est simple: cela fait partie d'un modèle déplorable», avance l'auteur.

Deux poids deux mesures environnemental des pays occidentaux

Selon lui, les pays occidentaux ont depuis longtemps axé la plupart de leurs efforts environnementaux sur les pays en développement afin de se soustraire à leur responsabilité écrasante dans la crise climatique. Ce deux poids deux mesures se reflète dans un discours sur le «Green Deal» qui néglige les défis auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres, ce qui conduit à une sorte de «colonialisme vert».

M.Magassy constate que malgré les tensions autour du Brexit, le Royaume-Uni et l'Europe ont soutenu ensemble des activités dévastatrices pour l'environnement en Afrique. Malgré son «Green Deal», l'UE prévoit d'investir 100 milliards de dollars dans les combustibles fossiles, y compris en Afrique.

Exigences de réduction des émissions de carbone envers les pays pauvres

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Europe continuent tous d'importer du pétrole et du gaz des producteurs africains, tout en exigeant que les pays en développement contribuent à la réduction des émissions de carbone, rappelle-t-il.

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Le député signale à ce propos que bien que Boris Johnson ait récemment promis de réduire le financement gouvernemental pour les projets de combustibles fossiles à l'étranger, cela n'empêche pas le financement massif de ces projets par les entreprises privées.

«L'Afrique est régulièrement exploitée pour ses ressources pétrochimiques par les entreprises occidentales, puis blâmée par les consommateurs occidentaux pour les émissions de gaz à effet de serre que leur propre consommation et leur demande économique produisent», révèle-t-il.

En guise d’exemple, il pointe du doigt Boris Johnson qui a annoncé des projets de zéro émission de carbone d'ici 2050, tandis que les plateformes pétrolières et gazières britanniques sont les plus polluantes en mer du Nord et que leur production doit être augmentée de 25% d’ici 2030 en l'absence de tout plan d'assainissement de l’industrie.

L'hypocrisie de l'UE et la nécessité d'un véritable accord inclusif

Il trouve aussi que l'UE n'a rien à donner pour justifier cette hypocrisie. Comme l'un des principaux exportateurs de gaz en Europe, la Norvège ne démontre aucune intention de réduire la production de combustibles fossiles. Le pays a même été poursuivi par Greenpeace pour forage pétrolier illégal dans l'Arctique et reste le troisième exportateur de gaz au monde, derrière la Russie et le Qatar.

Le monde en développement ne doit pas être placé devant l’ultimatum l’obligeant à choisir entre pauvreté et durabilité.

«Pour vraiment gagner la lutte en faveur du climat, au lieu de multiples accords verts disparates servant les intérêts étroits des pays riches, nous autres, Africains et habitants du sud, avons besoin d'un accord vert mondial inclusif dans lequel les pays en développement deviennent des partenaires égaux dans l'accomplissement d'une nouvelle révolution industrielle durable.
Cela signifie un partenariat dans lequel les pays occidentaux travaillent aux côtés des pays en développement pour créer des formes de commerce, de transfert de technologie et de production agricole qui se renforcent mutuellement, fondées sur des engagements partagés envers des principes écologiques», résume l'élu gambien.
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