Crise politique en Tunisie: une 2e motion de retrait de confiance menace le président du parlement

© AP Photo / Hassene DridiRached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien Ennahda
Rached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien Ennahda - Sputnik Afrique, 1920, 04.02.2021
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Des élus «non-affiliés aux différents groupes parlementaires de l’ARP ont commencé à recueillir des signatures pour une nouvelle motion de retrait de confiance au président Rached Ghannouchi», informe le député Mongi Rahoui dans une déclaration au site Assabah News.

Dans un entretien accordé au site d’actualités Assabah News, le député tunisien Mongi Rahoui annonce la préparation d’une motion de censure à l’égard du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Rached Ghannouchi. Cette deuxième motion intervient dans un contexte politique tendu en Tunisie.

En effet, le chef de l’État Kaïs Saïed refuse contre vents et marées de recevoir certains nouveaux ministres pour prêter serment, à cause, selon lui, des soupçons qui pèsent sur eux dans des affaires de conflit d’intérêts, en plus du non-respect de la Constitution lors du remaniement gouvernemental. En face, le chef de l’exécutif Hichem Mechichi, soutenu par Rached Ghannouchi, persiste et signe à maintenir ces ministres dans le nouveau gouvernement.

Une initiative de députés indépendants

Ainsi, Mongi Rahoui indique que «des députés non-affiliés aux différents groupes parlementaires de l’ARP ont commencé à recueillir des signatures pour une nouvelle motion afin de retirer la confiance au président Rached Ghannouchi».

Ces députés indépendants ont choisi d’agir de cette façon afin «d’éviter les clashs idéologiques habituels» entre les différents groupes parlementaires de l’ARP, explique-t-il. Outre les groupes d’Ennahdha, le parti de Rached Ghannouchi, et de la Coalition de la dignité (Al Karama), M.Rahoui informe que «plusieurs groupes ont promis de signer la pétition qui est actuellement en bonne voie».

Conformément au règlement intérieur de l’ARP, le parlement monocaméral de la Tunisie, la motion doit être signée par 73 élus pour qu’elle puisse être admise à débat en session plénière.

Rached Ghannouchi avait déjà fait face à une première tentative de retrait de confiance, en juillet 2020, qui a été rejetée par la majorité des députés.

L’impasse politique persiste

Mercredi 3 février, le chef de l’État a réitéré son refus catégorique de recevoir certains ministres proposés par Hichem Mechichi qui doivent, conformément à la Constitution, prêter serment devant le Président avant de prendre leurs fonctions. Alors que le pays connaît dernièrement des émeutes nocturnes dans certaines villes, le maintien du blocage actuel met la Tunisie dans une impasse politique totale.

En effet, à l’issue de sa rencontre avec le président de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) Noureddine Taboubi, Kaïs Saïed a affirmé devant la presse:

«Je ne reculerai pas devant mes principes. Quand j’ai accepté cette lourde mission j’ai pris l’engagement de protéger les Tunisiens, notamment les plus vulnérables parmi eux qui continuent de s’appauvrir». «Je suis prêt pour le dialogue afin de résoudre les problèmes et mettre un terme à cette crise, mais jamais avec ceux qui ont volé et appauvri le peuple durant des décennies».

Dans un communiqué, l’UGTT met en garde contre «l'exacerbation de la crise politique à un point qui menace l'entité de l'État». La centrale syndicale estime que cette crise sape la «crédibilité de la Tunisie à l’échelle internationale et risque d'aggraver les difficultés sociales».

Le rôle du Président «est symbolique»?

Rached Ghannouchi a attaqué frontalement le Président Saïed lors d’une intervention par visioconférence, affirmant que conformément à la Constitution le rôle du chef de l’État dans la nomination du gouvernement «est symbolique».

Et d’expliquer que les accusations lancées à l’adresse de certains nouveaux ministres ne sont accompagnées «d’aucune preuve», ajoutant que «quand on veut disqualifier une personne, on l’accuse de corruption».

Alors que la crise politique persiste, l’UGTT s’est catégoriquement opposée aux annonces de l’actuel ministre de l’Économie et des Finances, Ali Kooli, qui avait déclaré il y a quelques jours que l’État songeait à vendre ses parts dans certaines grandes entreprises publiques, sans les nommer, pour de multiples raisons, notamment pour pouvoir contrôler la masse salariale.

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