Le mystère demeure autour de l’attentat qui a visé un candidat à la présidentielle béninoise

© Sputnik . Sergey Pyatakov / Accéder à la base multimédiaUne arme à feu
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Au Bénin, des personnes non encore identifiées ont ouvert le feu sur Ganiou Soglo, un ancien ministre candidat à la présidentielle d’avril prochain. La victime va être évacuée vers le Maroc pour y recevoir les soins appropriés. Une attaque qui ne contribue pas à apaiser un climat politique sous tension.

L’opposant Ganiou Soglo «va mieux». Approché par Sputnik, le cabinet du candidat à la présidentielle béninoise d’avril prochain se veut rassurant, ce lundi 8 février. Pourtant, pendant le week-end, les médias locaux bruissaient de nouvelles alarmistes quant à l’état de santé de cet ancien ministre de la Culture et des sports victime d’un attentat.

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Vendredi 5 février, aux alentours de 20h, Ganiou Soglo était au volant de sa voiture. Il rentrait de sa ferme située dans la localité de Zinvié, à 35 kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Selon la presse locale, qui a reconstitué l’attentat, des individus non encore identifiés lui ont tendu une embuscade en posant des troncs d’arbres sur son chemin, l’obligeant ainsi à ralentir avant d’ouvrir le feu sur lui.

Grièvement blessé, il a été admis dans une clinique de Cotonou avant d’être transféré d’urgence au Centre national hospitalier Hubert Koutoukou Maga, le plus grand de la ville, détaille Banuto, un média local en ligne.

Une balle toujours logée dans le thorax

Les médecins béninois n’ayant pu lui retirer la balle logée dans son thorax, le fils de l’ancien Président Nicéphore Soglo sera, selon un membre de sa famille cité par TV5 Monde, évacué vers le Maroc pour une opération.

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«Une balle s’est logée dans mon thorax, non loin du cœur. Je ne peux pas dire que je suis en forme mais je suis vivant. J’ai plusieurs côtes qui ont été fêlées», a confié Ganiou Soglo lui-même, dans une interview audio réalisée depuis son lit d’hôpital diffusée ce lundi 8 février toujours sur le site TV5 Monde. L’opposant béninois assure n’avoir pu identifier ses agresseurs avant leur fuite. Il n’a cependant accusé personne et ne lie pas non plus forcément l’attentat dont il a été victime à son engagement politique.

Il a réaffirmé son intention de revenir au Bénin avant le début de la campagne électorale qui précédera, de deux semaines, le premier tour du scrutin prévu le 11 avril. Il affrontera notamment celui qu’il considère comme son principal adversaire, le Président sortant Patrice Talon, qui brigue un second mandat.

«En ce qui me concerne, je compte aller jusqu’au bout. Je vais me soigner et s’il plaît à Dieu et aux mânes de mes ancêtres, je vais rentrer très rapidement pour continuer à battre campagne. Dans tous les cas, même si la CENA ne retient pas ma candidature, je serai candidat», a-t-il affirmé dans la même interview.

La Commission électorale nationale autonome (CENA) est l’instance chargée d’organiser et de superviser les élections au Bénin. Elle étudie actuellement la vingtaine de dossiers enregistrés pour le scrutin d’avril. Ganiou Soglo, comme d’autres candidats de l’opposition qui ont contesté les réformes institutionnelles engagées par le Président Talon depuis son arrivée au pouvoir en mars 2016, n’a pas respecté les formalités relatives au parrainage. Celles-ci ont été introduites à la faveur d’une nouvelle Constitution en 2019, que Soglo dit ne pas reconnaître.

Son cas n’est pas inédit. L’opposition avait boycotté les législatives de 2019 et ne peut par conséquent que revendiquer quelques maires. La plupart de ses candidats n’ont donc pu réunir le nombre de parrainages nécessaire.

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Au Bénin, la tension est montée d’un cran après que Patrice Talon a annoncé sa candidature à un deuxième mandat, alors même qu’il s’était engagé en 2016 à n’en accomplir qu’un seul. Depuis plusieurs mois, le Président béninois était accusé d’autoritarisme par des opposants qui ont fui le pays après avoir fait l’objet de poursuites judiciaires. Autant dire que l’affaire Soglo n’est pas pour apaiser un climat politique délétère.

C’est notamment l’avis de Claude Biao, écrivain béninois, analyste politique et spécialiste des conflits et du terrorisme en Afrique. Tout en saluant le discours apaisé de ce leader politique sur fond d’espoir que sa base le suive dans cette logique, cet expert affirme à Sputnik que cette attaque peut effectivement renforcer la tension politique dans le pays.

«L’attaque contre le candidat Ganiou Soglo peut effectivement contribuer à renforcer la tension déjà perceptible entre le pouvoir et l’opposition dans le pays. M. Ganiou Soglo est candidat pour le compte de l’opposition, ce qui fait de lui une personnalité vers qui les regards sont tournés, surtout que le processus se déroule dans une configuration où il n’y a presque pas d’opposants [Les principaux sont presque tous en exil, ndlr]», a-t-il déclaré.

Que la lumière soit faite

Pourtant, et dans un élan de solidarité nationale, c’est tout le Bénin qui a condamné cette agression contre un candidat à la présidence de la République. À commencer par le gouvernement.
Alain Orounla, ministre de la Communication et des Postes, porte-parole du gouvernement, a fait part, sur sa page Facebook, de la compassion du gouvernement à Ganiou Soglo en promettant que toute la lumière serait faite sur ce qu’il s’est passé.

Reckya Madougou, candidate du parti «Les démocrates», une formation politique de l’opposition dont l’ex-Président de la République béninoise Yayi Boni est le président d’honneur, a aussi choisi sa page Facebook pour réagir. L’ancienne ministre de la Justice s’est voulue optimiste quant au retour de Ganiou Soglo, affirmant que rien ne ferait reculer l’opposition dans la lutte pour un Bénin démocratique.

Donklam Abalo, le porte-parole de USL, l’Union sociale libérale de l’opposant Sébastien Ajavon en exil en France depuis 2018, contacté par Sputnik, a également fait part de son soutien au candidat:

«Nous présentons notre compassion au camarade de lutte Ganiou Soglo. Et nous demandons au gouvernement de tout faire pour que dans un bref délai, la lumière soit faite sur cette agression, pour que la période électorale soit abordée avec beaucoup de sérénité.»
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