L’ambassadeur de France en Algérie détaille ses activités dans le pays

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Statue commémorative de l'émir Abdelkader, à Alger - Sputnik Afrique, 1920, 16.02.2021
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«La mission d’un diplomate, c’est de parvenir à une vision d’ensemble des évolutions en cours […], de construire des relations de confiance avec les acteurs politiques et la société civile», expose auprès d’Arab News l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, tandis que ses activités sont jugées «suspectes» par certains députés algériens.

Soupçonné «d’activités suspectes» en Algérie à l’approche du deuxième anniversaire du Hirak le 22 février, l’ambassadeur de France à Alger François Gouyette évoque, dans un entretien accordé au site d’information Arab News, la nature de ses déplacements et de ses rencontres, notamment avec des responsables politiques.

«L’Algérie est pour la France un partenaire majeur», affirme le diplomate. «D’abord parce que ce pays est une puissance de premier plan en Afrique, une puissance d’équilibre dont la diplomatie joue un rôle utile en faveur du dialogue, en particulier, dans les crises régionales […]. Ensuite, parce que notre relation est riche et multiple, et que nos intérêts communs sont nombreux.»

Quid des activités jugées «suspectes»?

François Gouyette rappelle qu’il a été «en poste dans les pays du Maghreb à des moments cruciaux». En Libye (2008-2011), puis en Tunisie (2012) et enfin en Algérie «après le mouvement populaire du Hirak».

Il estime que «pour un diplomate, c’est à la fois une chance et une immense responsabilité que de servir son pays lorsque l’histoire est en marche [le changement de régime en Libye suite à l’intervention de l’Otan sous instigation française en 2011, la révolution du jasmin en Tunisie également 2011 et enfin le Hirak du 22 février 2019 en Algérie, ndlr]». «J’ai le sentiment de l’avoir fait en me montrant toujours ouvert au dialogue avec l’ensemble du spectre politique, soucieux de ne négliger aucune sensibilité au sein de la société, de ne porter aucun jugement a priori», précise-t-il.

Dans le même sens, M.Gouyette juge que «la mission d’un diplomate, c’est de parvenir à une vision d’ensemble des évolutions en cours pour être en mesure de les décrypter de la manière la plus juste possible […]. C’est aussi de construire des relations de confiance avec les acteurs politiques et la société civile». «Cette confiance constitue une assise pour le développement des relations entre les gouvernements, lesquelles peuvent être, à leur tour, fructueuses pour nos peuples respectifs», conclut-il.

L’armée algérienne pointe des «parties étrangères»

Dans son numéro de février, la revue EL Djeich (L’Armée), organe de l’Armée nationale populaire (ANP), affirme que «des parties étrangères», qui «par une conduite totalement contraire aux usages diplomatiques», «se sont adonnées à des actions, à tout le moins suspectes et désespérées, visant à nuire au pays et à le déstabiliser dans ce qui constitue une tentative flagrante d’ingérence dans nos affaires intérieures que notre pays rejette catégoriquement».

Relatant l’avis et l’orientation stratégique du haut commandement de l’ANP et du Président de la République, le chef suprême des Forces armées, la revue ajoute que «ces parties […] s’attellent à la promotion de divers scénarios que le peuple algérien a déjà fermement rejetés et condamnés, [et] tentent vainement, d’une manière ou d’une autre, de semer le chaos dans notre pays».

Qui est désigné par El Djeich?

Le docteur Zoheir Bouamama, spécialiste en études politiques à l’université d’Alger, estime dans une déclaration à la chaîne Al Hadath que celui qui est visé par l’éditorial de la revue El Djeich n’est autre que «l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette».

«L’ambassadeur de France en Algérie a fait l’objet de plusieurs rapports médiatiques et sécuritaires qui font état de ses activités suspectes et douteuses», affirme-t-il.

Par ailleurs, M.Bouamama explique que paradoxalement «les parties politiques et médiatiques qui ont accepté de rencontrer M.Gouyette partagent l’idée de la nécessité présumée d’une période de transition en Algérie et qui veulent faire du 22 février un rendez-vous pour "renverser la table" et remettre en cause tout le processus politique constitutionnel dans lequel le pays s’est engagé».

Les députés Amira Slim et Kamel Belarbi ont aussi accusé M.Gouyette d’orchestrer une tentative «de déstabilisation» du pays. M.Belarbi a dans ce sens appelé les autorités à enquêter sur les activités de l’ambassadeur et à forcer ceux qui l’ont rencontré à dévoiler le contenu des réunions «d’une manière précise et détaillée».

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