Reconstruction de la Centrafrique: «la primeur aux entreprises russes»

© AFP 2023 ALEXIS HUGUETBangui
Bangui - Sputnik Afrique, 1920, 23.04.2021
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La coopération russo-centrafricaine a de beaux jours devant elle. Au-delà des aspects sécuritaires, la Russie est engagée aux côtés de son partenaire sur le chemin de la reconstruction. En visite de travail à Moscou, le ministre centrafricain des Grands travaux revient pour Sputnik sur les futurs chantiers.

Réélu pour un second mandat le 27 décembre 2020, Faustin-Archange Touadéra, le Président de la République centrafricaine (RCA), semble résolument tourné sur le chemin de la reconstruction. Si une partie du pays est toujours contrôlée par les groupes rebelles, le pouvoir de Bangui explore déjà des pistes de partenariat pour amorcer les futurs chantiers avec en première ligne la Russie. Alors qu’il vient d’effectuer, à la mi-avril, une visite de travail à Moscou, Pascal Bida Koyagbélé, ministre coordinateur des Grands travaux et Investissements stratégiques de la RCA, en compagnie d’une délégation d'opérateurs économiques centrafricains, a discuté avec les autorités et les entreprises russes de plusieurs projets de reconstruction dans le pays.

«Nous avons plusieurs entreprises de construction russes qui s’intéressent à investir en Centrafrique parce qu’on est un pays en reconstruction. Il y a donc d’énormes marchés et d’énormes opportunités d’affaires. Des projets qui intéressent particulièrement les sociétés russes et la technologie russe est très appropriée pour ce type de chantiers», a déclaré Pascal Bida Koyagbélé au micro de Sputnik.

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Le ministre centrafricain parle d’environ 11 milliards de dollars à mobiliser pour les futurs projets dont les clauses sont en négociation avec son partenaire russe.

«Nous avons des projets routiers d'une valeur d'environ six milliards de dollars, un projet ferroviaire d'une valeur de trois milliards de dollars, et nous devons également construire une nouvelle ville, qui coûtera deux milliards de dollars», a-t-il déclaré.

La Centrafrique, objet des convoitises

Le gouvernement centrafricain entend lancer ces projets pour courant 2021 et travaille sur les différentes formules de financements avec des banques russes: «on est en discussion avec l’État russe, avec des banques publiques et privées, pour avoir un avantage de financement. Nous avons plein de garanties à offrir notamment des garanties minières», rassure Pascal Bida Koyagbélé.

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Depuis 2018, la Russie a entamé une coopération militaire avec le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra. Un partenariat axé notamment jusqu’ici autour de la formation des Forces armées centrafricaines (FACA) et à la sécurité du Président Touadéra par l’entremise des entreprises privées de sécurité russe, qui assurent aussi la protection des mines dans un pays où le sous-sol fait l’objet de toutes les convoitises. Une présence accentuée dans le pays, qui fait de Moscou, un partenaire privilégié du pouvoir de Bangui. Cependant, la RCA est aussi au cœur d’une lutte d'influence entre les grandes puissances notamment la France, les États-Unis et la Russie. Alors que plusieurs pays occidentaux se bousculent aux portes de la RCA pour le contrôle des nombreux projets d’investissements sur la voie de la reconstruction, Pascal Bida Koyagbélé tient à préciser.

«Nous avons beaucoup d’autres potentiels investisseurs comme l’Allemagne, la Norvège et les Anglais qui veulent investir en Centrafrique mais nous réservons la primeur aux entrepreneurs russes», précise le ministre coordinateur des Grands travaux et Investissements stratégiques centrafricains.

Engagée sur le chemin de la reconstruction, la RCA fait toujours face à l'action des groupes armés qui demeurent une menace pour sa stabilité. Depuis 2013, en effet, le pays est le théâtre d’affrontements entre groupes armés qui commettent d’innombrables exactions. Le 6 février 2019, les protagonistes de la crise qui secoue la République centrafricaine depuis 2013 ont signé un nouvel accord pour le retour à une vie normale. Plus de deux ans après, les violations du huitième accord de paix sont encore nombreuses sur le terrain. Faustin-Archange Touadéra a annoncé le 18 mars l’organisation future d’un dialogue «républicain», dont les contours restent encore flous. Cependant, le chef de l’État a exclu tout nouveau dialogue avec les responsables de la rébellion.

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