Le délai de la transition politique au Tchad sera-t-il respecté?

© AP Photo / Sunday AlambaPlace de la nation à N'djamena
Place de la nation à N'djamena - Sputnik Afrique, 1920, 16.06.2021
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Mahamat Idriss Déby a mis en place un comité chargé de désigner les futurs membres du Conseil national de transition. Malgré la présence des représentants de l’opposition au sein du comité, des voix se lèvent déjà et le respect du délai de transition est discuté, confie à Sputnik Mahamat Kebir Abdoulaye, analyste politique tchadien.

Dimanche dernier le président du Conseil militaire de transition (CMT), Mahamat Idriss Déby, a décrété la création du comité chargé de désigner les futurs membres du Conseil national de transition (CNT). 

Durant les seize mois restants de transition politique, les 93 membres du Parlement provisoire seront représentés par les membres des différents partis politiques, opposition incluse, mais aussi par des personnalités issues de la société civile, des militaires ou encore des syndicalistes.

Un comité représentatif ?

Le président du comité est le général Djimadoum Tiraina, proche d'Idriss Déby Itno, il est également le vice-président du Conseil militaire de transition. À ses côtés siège Célestin Topona, fidèle de Saleh Kebzabo et numéro 2 de l'Union nationale pour la développement et le renouveau (UNDR). Selon Mahamat Kabir Abdoulaye, analyste politique tchadien, c’est un pas vers la poursuite de la transition.

«Ce comité comprend les membres de l’ex parti au pouvoir, le MPS [Mouvement politique du salut, ndlr], l’UNDR, le parti de l’opposition, et vous avez aussi les représentants du Premier ministre actuel, et aussi quelques membres de l’ancienne opposition, donc c’est un comité assez représentatif.»

Conférence nationale souveraine et inclusive demandée

Manifestation à N’Djamena contre le Conseil de transition militaire (СTM) et l’ingérence de la France le 08.05.2021 - Sputnik Afrique, 1920, 19.05.2021
«La France a bel et bien aidé à l’installation du pouvoir militaire»: au Tchad, la rancœur contre Paris s’amplifie

Plusieurs partis politiques et des représentants de la société civile s’inquiètent de la rapidité avec laquelle le comité a été formé, ils insistent sur la tenue d’une «conférence nationale souveraine et inclusive» avant d’ancrer les organes de la transition politique. Aujourd’hui, cette question est au cœur des discussions à l’intérieur de la classe politique tchadienne, explique M. Abdoulaye. 

« Après la publication de la liste des membres du Comité, il y a des voix qui se lèvent mais il y a aussi ceux qui trouvent que c’est une bonne chose de poursuivre la transition et de mettre en place le CNT avant la Conférence nationale souveraine et inclusive.»

Le délai de la transition respecté ? 

Depuis la mort du président Idriss Déby le 19 avril, le Conseil Militaire de Transition décompte les 18 mois avant l’installation du nouveau pouvoir dans le pays. Deux mois plus tard, de nombreuses personnes commencent à douter du respect du délai de la transition, car c’est une question primordiale dans la situation actuelle instable au Tchad, souligne l’analyste politique. 

«Enfin, si le CNT est nommé, ça sera une grande étape de la transition avant l'organisation du Forum de réconciliation nationale et du dialogue politique pour d'éviter un grand retard dans le respect du délai de 18 mois de transition.»

Le choix des 93 membres du futur Conseil national de transition sera décisif. Une de leurs missions sera de rédiger la nouvelle Constitution du Tchad.

Les marches contre le CMT et l’ingérence de la France

Yaya Dillo - Sputnik Afrique, 1920, 03.03.2021
Au Tchad, la tension monte à l’approche de la présidentielle
Depuis deux mois, des marches pacifiques se tiennent à N’Djamena, la capitale tchadienne, contre le Conseil militaire de transition (СMT) et l’ingérence de la France. Les Tchadiens défilent chaque semaine depuis le début de la transition politique pour exprimer leur désaccord.

Cette série de manifestations est organisée par la coordination de la Coalition «Wakit Tamma» («L'heure est arrivée» en arabe tchadien). D’après Mahamat Nour Ibedou, une des figures centrales de la société civile tchadienne et secrétaire général de la Convention tchadienne de défense des droits de l'homme (CTDDH), depuis deux mois, le gouvernement tchadien est «fabriqué par la France pour garder ses intérêts, et le pouvoir actuel n’a aucune différence avec celui d’Idriss Déby». 

Dans une interview à Sputnik, il confirme avoir été convié chez l’ambassadeur de France au Tchad pour «une demande voilée» de cesser les manifestations contre le nouveau pouvoir.

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