Au Québec, un reconfinement entre mesures policières accrues et hostilité croissante

© AFP 2023 JULIEN BESSETUne voiture de police à Montreal
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Le gouvernement Legault a réimposé des mesures de confinement dans plusieurs régions du Québec. Policiers autorisés à entrer chez les gens, port du masque permanent pour les élèves à école, fermeture des gymnases: l’insatisfaction est palpable, avec en toile de fond la montée de groupes «complotistes» opposés aux mesures. Compte rendu.

Alors qu’ils semblaient quasi unanimes au début de la crise, les Québécois semblent maintenant divisés sur les mesures imposées par le gouvernement Legault pour contrer la propagation du Covid-19.

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Le 5 octobre, l’État québécois a de nouveau resserré les règles sanitaires dans le contexte de la «deuxième vague». Jean-François Roberge, le ministre de l’Éducation, a annoncé la fermeture des gymnases et la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités sportives de groupe. Le ministre a aussi annoncé l’extension du port du masque à l’extérieur et dans les classes pour les élèves, alors que jusque-là, il était seulement obligatoire dans les «aires communes».

«Aussitôt qu’on met le pied sur le terrain de l’école, on doit porter le masque», a laissé tomber le ministre en conférence de presse.

Goutte qui fait déborder le vase pour certains, mesures insuffisantes pour d’autres, ce renforcement des règles survient peu de temps après que les Québécois ont appris que les policiers pourraient entrer chez eux pour y faire respecter les mesures destinées à lutter contre le Covid-19.

Feu vert aux policiers pour intervenir dans les résidences privées

Le 30 septembre dernier, le Premier ministre québécois, François Legault, a informé la population que les personnes trouvées dans un rassemblement à l’intérieur ou à l’extérieur d’une résidence privée s’exposaient à recevoir une amende de 1.000 dollars canadiens (640 euros), en plus des frais associés.

«Les policiers ne vont pas commencer à cogner au hasard à toutes les portes du Québec. Il n’y aura pas de chasse aux sorcières», avait assuré François Legault.

Sur la base de simples soupçons, les policiers peuvent maintenant obtenir «rapidement» un «télémandat» leur permettant de pénétrer le domicile d’un particulier sans son autorisation.

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Précisons que toute forme de rassemblent privé est actuellement prohibée dans les zones rouges de la Belle Province, c’est-à-dire en «état d’alerte maximale». Les grandes régions de Montréal et Québec sont actuellement dans ce cas de figure.

Méfiance croissante vis-à-vis des décisions des autorités

Ce reconfinement survient aussi dans un contexte où le mouvement «complotiste» inquiète de plus en plus élus et autorités publiques. Selon une étude réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec, 35% des Québécois estiment que leur gouvernement leur cache des informations relatives à la crise.

Le 15 septembre dernier, une motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale avait pour but de condamner la montée de la mouvance «complotiste». Ces dernières semaines, certains élus et journalistes ont relaté avoir reçu des menaces de la part de partisans de ce courant.

«Que l’Assemblée nationale dénonce toutes formes de menaces à l’endroit des scientifiques, des journalistes et des élus, dont le Premier ministre; Qu’elle rappelle l’importance du respect des mesures sanitaires mises en place par la Santé publique […]; Qu’elle reconnaisse que la montée du phénomène complotiste au Québec est préoccupante et nécessite des actions concertées», peut-on lire dans la motion.

La semaine dernière, des mesures ont été prises par Québec et des municipalités pour tenter de freiner le mouvement hostile aux mesures sanitaires.

La riposte aux «anti-masques»

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a averti les membres du mouvement que «la police s’occuperait d’eux» s’ils décidaient de manifester à nouveau à Québec, en plus de s’exposer à recevoir une amende de 1.000 dollars. Quant à Valérie Plante, maire de Montréal, elle a déclaré que les «anti-masques» feraient mieux d’aller manifester «dans un champ de patates» plutôt que dans la métropole, en plus de s’exposer aux mêmes constats d’infraction. L’État québécois a également rendu obligatoire le port du masque dans toutes les manifestations qui se déroulent sur son territoire.

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Principal leader du mouvement «complotiste» au Québec, Alexis-Cossette Trudel, depuis le tout début de la crise, dénonce régulièrement les mesures sanitaires. Docteur en sciences des religions et ex-militant pour l’indépendance du Québec, Cossette-Trudel opère principalement à partir de sa chaîne personnelle sur YouTube, Radio-Québec, qui compte plus de 120.000 abonnés, soit un peu moins de la moitié de la principale chaîne de Radio-Canada, le diffuseur public canadien.

À l’occasion de son réajustement, le gouvernement Legault a officiellement lancé son application de traçage visant à identifier les personnes ayant été en contact avec des gens contaminés par le Covid-19. Estimant devoir faire face à «une question de vie ou de mort», le Premier ministre a invité les Québécois à télécharger le plus rapidement possible l’application et à en faire usage.

«Pour que ça soit efficace, il faut que le plus de monde [possible, nldr] y adhère», a insisté François Legault.

Reste à savoir quel sort attend cette application au Québec. Connaîtra-t-elle un échec cuisant comme en France, où seuls 3,1% des habitants avaient téléchargé l’appli StopCovid à la mi-juillet, ou le demi-succès australien, avec 21,6% des habitants qui avaient installé son équivalent local à la même période? Des chiffres en tout cas insuffisants, puisqu’une telle application demanderait que 60 à 80% de la population l’utilise pour qu’elle soit efficace.

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