Une guerre civile redoutée en Haïti après l’assassinat du Président

© AP Photo / Joseph OdelynLa police d'Haïti mène l'investigation après l'assassinat de Jovenel Moïse, le 7 juillet
La police d'Haïti mène l'investigation après l'assassinat de  Jovenel Moïse, le 7 juillet - Sputnik Afrique, 1920, 08.07.2021
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Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, pourrait plonger dans le chaos après l’assassinat du Président par des commandos. Selon un témoignage, des régions ressemblent à des villes mortes. La République dominicaine a fermé sa frontière avec l’État insulaire.

Le Président haïtien Jovenel Moïse, abattu dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet dans sa résidence par un groupe d’individus armés, est devenu le cinquième chef d’État assassiné durant l’exécution de son mandat.

Le Premier ministre par intérim Claude Joseph a décrété «l’état de siège» pour 15 jours. Commerces et transports en commun sont paralysés. Peu après l’annonce de l’assassinat, la République dominicaine a ordonné la fermeture de sa frontière avec Haïti.

Le spectre de la guerre civile

«Personne ne sait vraiment ce qui va se passer. J’espère que ce ne sera pas le chaos. Les Haïtiens parlent de guerre civile», raconte à Sputnik Marleine Bastien, directrice exécutive de Family Action Network Movement, organisation qui apporte soutien aux Haïtiens habitant à Miami.

Selon elle, depuis l’instauration du couvre-feu, plusieurs régions haïtiennes ressemblent à des villes mortes. «Les Haïtiens s'inquiètent pour leurs proches et pour l'avenir», poursuit-elle.

«Situation explosive»

Jovenel Moïse est arrivé au pouvoir en février 2017. En quatre ans, il a nommé sept Premiers ministres. Le dernier en date était Ariel Henry, désigné chef du gouvernement lundi 5 juillet. Il n’a pas encore pu prendre ses fonctions.

La majorité de la population réclamait le départ du Président depuis 2018, sur fond de l’augmentation des prix du carburant et des protestations déclenchées par cette mesure.

Dans ce contexte d’extrême insécurité, Robert Fatton, expert en politique haïtienne à l'université de Virginie interrogé par Associated Press, n’exclut pas une intervention étrangère avec une présence militaire de type Onu.

«C'est une situation vraiment explosive, estime-t-il, avant d’ajouter: Si Claude Joseph réussira à rester au pouvoir? C’est la grande question. Ce sera très difficile s'il ne crée pas un gouvernement d'union nationale».

L’attaque

Selon les premières constatations, le chef de l’État a reçu pas moins de 12 balles. Sa résidence a été saccagée. La Première dame a aussi été blessée et plus tard évacuée vers un hôpital de Miami. Aucune autre personne de la résidence présidentielle n’a été blessée. Selon Le Nouvelliste, un média local, la fille du Président, présente au moment de l’attaque, s’est cachée dans une chambre. Elle n’a pas été touchée.

Au moment de l’attaque, les membres du commando ont crié «DEA operation», faisant croire à une opération de l’agence américaine antidrogue Drug Enforcement Administration (DEA).

Dans la soirée du 7 juillet, la police nationale a annoncé l’interception de deux membres du commando lors d’une opération.

​Par ailleurs, quatre assassins présumés ont été abattus. Lors d’un point presse, le directeur général de la police nationale d’Haïti, Léon Charles, a indiqué que les forces de l’ordre allaient continuer l’opération durant la nuit.

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