Бобро поржаловать ou du ch'ti russe

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Un courrier met deux semaines pour aller de Paris à Moscou. L'histoire qui raconte les aventures de Philippe Abrams, directeur d'une agence de La Poste muté dans le Nord-Pas-de-Calais, a mis deux ans.

 

Un courrier met deux semaines pour aller de Paris à Moscou. L'histoire qui raconte les aventures de Philippe Abrams, directeur d'une agence de La Poste muté dans le Nord-Pas-de-Calais, a mis deux ans. Ce n'est que maintenant, le célèbre films Bienvenue chez les Ch'tis, immense succès auprès du public et première comédie française pour le nombre d'entrées, sort sur les écrans russes. L'intérêt est certain car on aime en Russie tout ce qui bat les records, tient le haut de l'affiche. Pourquoi alors cette vitesse d'un facteur (sans vélo) pour arriver à destination ? Hormis les lenteurs dans la procédure d'achat qui nous échappent, un temps a été consacré à un long travail de traduction et d'adaptation. Et oui, la Russie a une profonde et glorieuse tradition de doublage des films étrangers. Il suffit de dire que Louis de Funès était toujours doublé par un seul et même acteur, dont la voix et l'élocution étaient pratiquement identiques à l'original, ce qui lui a  valu des remerciements de la part du célèbre comique français.

Alors aujourd'hui encore, comme à l'époque de la Grande Vadrouille, il a été décidé de faire le maximum pour que le sens de l'histoire n'échappe pas au spectateur mais aussi et surtout pour qu'on puisse en rire. Après des mois de recherches, l'équipe russe des traducteurs est arrivée à trouver la clé du secret. A savoir, faire ainsi que le spectateur qui suit l'emménagement de Philippe Abrams sous le ciel gris du nord, commence peu à peu à décrypter l'étrange parler des autochtones, même si dans la version russe, ce parler est fabriqué de toutes pièces. D'ailleurs, le jeu linguistique s'avère si passionnant qu'il permet au public de saisir mieux le sel de l'histoire, c'est-à-dire, la prétendue différence des mentalités pérennisé dans les stéréotypes, mais également de ne pas remarquer quelques faiblesses du film perceptibles à distance, comme le scénario un peu répétitif, un argument assez mince[ ]en raison duquel l'histoire manque de chair et enfin, l'eau de rose du final.

En effet, même avec une parfaite traduction, un spectateur étranger qui suit une comédie basée sur les couleurs locales, n'est en mesure de lire qu'à la surface des choses. Il est clair que pour la grande majorité des Russes l'existence des Chtis est une découverte sembable à la découverte des nenets par un Français lambda. Or il est prévisible que le film ne devienne pas le champion du box-office. Mais la qualité des gags et des dialogues, l'humour des situations, et surtout l'ambiance « d'humanité et de tendresse » [] dégagée par les personnages du film sont susceptibles de séduire le public russe  également. Espérons-le. Pour les curieux, je dirai le titre du film en russe : «Бобро поржаловать». En bien, c'est du ch'ti russe.

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