« Mars 500 » : neuf semaines - vol normal

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« Mars 500 » : neuf semaines - vol normal - Sputnik Afrique
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Neuf semaines sont déjà passées depuis le début du projet international unique « Mars 500 » simulant 520 jours de vol vers la planète rouge.

 

Neuf semaines sont déjà passées depuis le début du projet international unique « Mars 500 » simulant 520 jours de vol vers la planète rouge. Pour cette expérience une installation d'essai a été construite à l'Institut des problèmes biomédicaux de l'Académie des sciences de Russie à Moscou - modèle d'un futur vaisseau spatial. Le lancement virtuel du vaisseau a eu lieu le 3 juillet ; depuis toute une équipe des spécialistes observent 24 heures sur 24 l'état de six membres de l'équipage qui communiquent avec le monde extérieur uniquement par les moyens vidéo et radio. L'état phycologique de l'équipage est l'une des composantes essentielles de l'expérience ; c'est le sujet de la conversation téléphonique entre notre correspondant Igor Yazon et le responsable du groupe de psychologues Youri Boubéev.

« Comment apprécieriez-vous l'état des « marsonautes », membres de l'équipage ? »

Boubéev : Lorsqu'on me pose cette question, je veux toujours toucher du bois. Le voilà près de moi (il touche du bois). Nous avons réussi à trouver un équipage stable et apte au travail et nous avons le minimum de problèmes pour l'instant. Quoique le délai de deux mois soit critique : nous savons par expérience que des conflits et des problèmes peuvent surgir. Pour le moment rien de tel et l'équipage travaille de façon étonnement stable. Quant aux conflits, leur apparition est inévitable, on ne peut pas avoir une expérience sans eux. Notre mission c'est de tenir les conflits dans certaines limites et de mener l'expérience jusqu'à son aboutissement logique aux frais minimums.

Deux psychologues se trouvent en contact permanent avec l'équipage, un Russe et un Européen de l'Agence spatiale européenne. En outre, la communication se fait indifféremment en russe ou en anglais. Chaque membre de l'équipage doit parler ces langues, d'autant plus qu'ils auront assez de temps pour les apprendre.

La chronique télévisée du projet montre que l'équipage se trouve dans les conditions très confortables. Mais est-ce que vous, en tant que psychologue, remarquez la différence entre les « enfants » de quatre peuples différents : russe, français, italien, chinois ; et comment s'habituent-ils l'un à l'autre vu qu'ils vont passer ensemble encore presque 500 jours ?

Boubéev : Eh bien, les différences sont certes visibles. Vous avez parlé des conditions confortables. Je crois que beaucoup de moscovites rêvent à se trouver à l'intérieur de cet objet : la température y est confortable et il n'y a pas de fumée. On peut donc envier nos « marsonautes » jusqu'à un certain degré. Nous recevons en permanence les images, les rapports et autres données et nous voyions qu'ils communiquent activement l'un avec l'autre, il n'y a pas d'isolement entre eux, comme nous avons observé dans les expériences similaires précedentes. Il est évident que des particularités du tempérament sont en cause. Celui qui a le plus de tempérament c'est l'Italien Diego, on voit tout de suite que c'est une personne du Sud. Le plus réservé et parfois même le plus fermé c'est le Chinois Wang Yue. En plus, il a probablement le plus de difficultés parce que tous les autres communiquent en leur langue maternelle ou langue proche tandis que lui, il n'a personne avec qui parler chinois - tout est soit en anglais, soit en russe...

Nos auditeurs français sont probablement intéressés par votre opinion sur leur compatriote, ingénieur de bord Charles Romain, un Breton.

Boubéev : C'est lui qui est le plus stable de tous les participants de l'expérience que ce soit par son tempérament que par sa stabilité, et ceci au niveau assez élevé. Il sait atténuer les situations conflictuelles. En gros, Charles joue le rôle d'un élément stabilisant de l'équipage. De surcroît, c'est un spécialiste hautement qualifié des systèmes tecniques du complexe et les opinions des spécialistes à propos de ce dernier sont très favorables. (Comment a-t-il pris la défaite de l'équipe de France de foot en Afrique du Sud ? Avec émotion ?). Absolument avec émotion, mais étant une personne réservée il ne le montrait pas trop. Il faut dire que c'est comme ça que j'imaginais les Français ; Charles fait partie des plus stables c'est-à-dire il ne le montrait pas mais bien sûr il s'inquiétait.

Le projet de « Mars 500 » durera 520 jours et sera l'épreuve la plus rude pour ses participants. Mais c'est sur Terre que les expériences se déroulent. Pour quand le vrai vol vers le Mars ? Et versles autres planètes ? Est-il plus prudent de remplacer les êtres humains par les automates et les robots ? Le premier à se prononcer à ce sujet est l'académicien de l'Académie de médecine de Russie, grand nom dans le domaine de biologie cosmique et de médecine, Anatoli Grigoriev.

Grigoriev : Je suis pour que les automates volent et pour que l'homme vole. On ne peut en aucun cas opposer les et je crois que c'est une grande erreur lorsque les uns disent « seulement l'homme », et les autres « seulement l'automate ». L'un et l'autre. Mais le plus important c'est au nom de quoi ? Au nom de connaissances nouvelles. Cela peut paraître trop romantique mais il faut conquérir l'espace afin d'obtenir de connaissances nouvelles et c'est pourquoi il faut que ce soit un sujet animé qui pourrait sentir, avoir la possibilité d'apprendre le nouveau et transmettre le nouveau aux autres. L'homme peut le faire. Pas le robot.

C'est aussi l'opinion de Claudie Haignere, président d'université, ancien ministre, première femme astronaute européenne, vice-présidente de l'Académie internationale d'astronautique...

Au micro le directeur des lanceurs au Centre national d'études spatiales, secrétaire général de la Fondation de recherche pour l'aéronautique et l'espace de la France Michel Eymard.

Nous avons raconté les deux mois du projet international « Mars 500 », simulation du vol spatial des six membres de l'équipage vers le Mars. Devant eux, ils ont encore 64 semaines de cette expérience unique se déroulant dans l'un des instituts des recherches de Moscou.

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