Un baril de poudre pour l'Europe

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Après trois mois de négociations les pourparlers pour la formation d'un gouvernement belge ont échoué à cause d'un profond désaccord entre les partis francophones et néerlandophones.

Après trois mois de négociations les pourparlers pour la formation d'un gouvernement belge ont échoué à cause d'un profond désaccord entre les partis francophones et néerlandophones. Bon nombre d'experts européens parlent d'ores et déjà de l'impasse politique inextricable, sinon d'une très probable disparition du Royaume Belge de la carte de l'Europe.

Malgré le dramatisme de la situation, je pense qu'une telle évolution est inimaginable. Certes, le leader du mouvement indépendantiste flamand Bart De Wever ne cache pas son intention d'imposer l'autonomie de la Flandre. Mais on ne doit pas oublier que 70 pc des Flamands sont loin de le soutenir sur cette voie inspirée autant par un nationalisme borné que par une irresponsabilité élémentaire. Car il s'agit en l'occurrence du sort non seulement de la Belgique mais de l'Europe toute entière.

Inutile de rappeler ici la vérité primaire qui consiste dans le fait qu'une éventuelle dislocation de la Belgique aura pour effet non seulement un inévitable embarras politico-administratif menaçant la stabilité rodée de l'Union européenne. Il est plus qu'évident qu'un tel cataclysme au niveau de la Belgique ravivera de manière irréversible à travers tout le continent les tendances séparatistes, aujourd'hui plus ou moins neutralisées. Les Balkans, la Roumanie, la Hongrie, la Corse, la Catalonie, le Pays basque, et j'en passe, restent autant de foyers potentiels de nationalisme agressif qui risquent de s'inspirer du précédent belge.

Je sais que parmi d'autres arguments les instigateurs de l'indépendance flamande mettent l'accent sur «le caractère artificiel» du Royaume Belge créé en 1830. Il serait inutile de nier ce fait historique comme il serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle que d'ignorer le fait que depuis sa naissance la société belge a passé pas mal de tests souvent douloureux qui ont confirmé sa solidarité interne.

Oui, je sais que la Belgique est souvent considérée comme une sorte d'artefact créé par Talleyrand. Mais peut-on oublier que son œuvre a été consciemment soutenue et approuvée par toutes les grandes puissances européennes de l'époque dont certaines restent aussi influentes qu'il y a presque deux siècles. C'est à plus forte raison que je suis étonné de les voir suivre aujourd'hui les péripéties internes de la Belgique avec un intérêt détaché comme si elles regardaient un match de football. Loin de moi l'intention de donner des conseils aux leaders européens mais je suis persuadé que c'est surtout leur passivité face au phénomène de nationalisme flamand encourage les séparatistes pour mettre en danger la stabilité dans toute l'Europe.

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