Profession : non conformiste

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Il est difficile de définir en quelques mots ce qu'est le peintre Oscar Rabine. Dissident qui a été privé de son passeport soviétique pour un comportement jugé indigne et, ensuite, récompensé pour un apport dans l'art russe - oui, mais cela ne dit pas grand chose.


Il est difficile de définir en quelques mots ce qu'est le peintre Oscar Rabine. Dissident qui a été privé de son passeport soviétique pour un comportement jugé indigne et, ensuite, récompensé pour un apport dans l'art russe - oui, mais cela ne dit pas grand chose. Un des principaux artistes non-conformistes, inspirateur et organisateur de l'exposition  bulldozers, homme du dégel - cela est plus précis mais semble toujours être trop général.

La meilleure façon de connaître l'artiste est de se rendre à son exposition. Aujourd'hui les œuvres d'Oscar Rabine peuvent être vues à Montigny-lès-Metz, dans la Moselle, dans le cadre de l'année croisée France-Russie. L'exposition s'intitule « Oscar Rabine. Un  peintre russe en France ». Le visiteur ne manquera pas d'y apprécier le style de Rabine, original et unique, immédiatement identifiable, qui réunit au sein du même tableau, tous les grands mouvements du XXe siècle, la matière généreuse et la mise en valeur des formes de l'expressionnisme, la non-couleur du cubisme, l'utilisation des collages et des découpages du constructivisme.

Emigré en 1978, Rabine se retrouve pour longtemps en dehors de l'espace culturel russe. Il s'installe à Paris et il peint dans son atelier face au Centre Pompidou, tout en gardant ses souvenirs de Russie. Des lignes noires floues, contournant le journal la Pravda, des cartes à jouer, une bouteille de vodka et du hareng - signes indélébiles de l'existence russe ; des paysages chavirés avec des toits grisonnants des maisons ; de la neige toujours triste comme le jour de la fameuse « exposition bulldozers » où les tableaux des non-conformistes ont été détruits sur l'ordre des instances idéologiques soviétiques. L'exposition met en évidence une œuvre dont la diversité et l'universalité des sujets restent indissociables de la lutte pour la survie d'un humanisme qu'Oscar Rabine assure depuis toujours.

Dans son œuvre passionnée et critique, l'ancien dissident fait coexister deux mondes : le monde du passé qu'il a laissé derrière lui en 1978, lorsqu'il fut condamné à l'exil, et le monde du présent en France, terre des arts où il a décidé de vivre et de travailler. Comme sa vie est un voyage perpetuel, un dialogue avec diverses cultures et diverses existences (il est toujours impressionné qu'en France quelqu'un en désaccord avec les autorités ne soit pas qualifié d' « antifrançais »), Oscar Rabine voit le temps passer et une autre époque venir suppléer à la sienne. « Mes voisins, les critiques d'art du Centre Pompidou, dit-il, considèrent qu'ils vont régner pendant encore longtemps sur ce musée. Mais je n'en suis pas vraiment convaincu. Au vu des changements survenus dans ma vie, dans le pays où je suis né, il est difficile de croire en quelque chose d'éternel ».

Le Château de Courcelles à Montigny-lès-Metz présente les tableaux d'Oscar Rabine jusqu'au dimanche 28 novembre 2010, tous les vendredis, samedis et dimanches. Qui viendra verra.

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