La perfide Albion derrière l'aristocratie russe

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Koutouzov a rejoint l'armée le 17 aout pendant qu'elle reculait vers Moscou. Faisant le tour des troupes et saluant les soldats, Koutouzov a répété plusieurs fois: « Avec des gaillards comme ça, comment se fait-il que l'on batte en retraite tout le temps!


Koutouzov a rejoint l'armée le 17 aout pendant qu'elle reculait vers Moscou. Faisant le tour des troupes et saluant les soldats, Koutouzov a répété plusieurs fois: « Avec des gaillards comme ça, comment se fait-il que l'on batte en retraite tout le temps ! » Les troupes acclamaient avec enthousiasme le vieux chef militaire. L'humeur a tout de suite changé, tous se sentaient encouragés et voulaient seulement une chose - la lutte finale avec les Français. Ayant hérité de Souvorov sa surprenante capacité de s'adresser aux soldats de manière amicale et simple, Koutouzov parlait avec eux dans un langage clair pour le peuple et soutenait l'assurance qu'il ne rendrait pas Moscou aux Français. Opposé à toute pompe et à l'éclat de façade, Koutouzov apparaissait devant les troupes sur un petit cheval cosaque, dans une vieille redingote de campagne, sans épaulette, portant sur la tête une casquette blanche avec un bandeau rouge, sur une épaule, il avait une écharpe et un fouet fixé à un ceinturon pendait en bandoulière. Cette apparence, rappelant la manière de Souvorov, ne faisait qu'augmenter l'enthousiasme authentique, avec lequel l'armée saluait la nomination de Koutouzov. Ennemi de toutes formalités et du pas de l'oie, Koutouzov a légalisé par son ordonnance les nombreuses dérogations, inévitables pendant la retraite, à l'uniforme strict, très compliqué à cette époque, et par cela, il a facilité considérablement la dure vie des soldats en campagne. La correspondance a été réduite par trois après sa nomination. Le vieil homme l'a entrepris à cette seule fin : déshabituer ses subordonnés d'une correspondance excessive et par cela, les obliger indirectement à s'en tenir pendant les moments critiques à leur propre jugement. Il a obtenu cela, de nouveau, par sa ruse. Koutouzov a commencé à tarder tout simplement à signer les documents infinis, en simulant une paresse sénile et une mémoire défaillante. Finalement, les généraux et les officiers ont senti que le commandant en chef avait confiance en eux. Seulement les amateurs de la bureaucratie et de la lenteur administrative sont restés mécontents. Parmi les soldats, un proverbe circulait : « Koutouzov est venu, les Français seront battus ». La retraite s'est arrêtée d'elle-même le jour de l'arrivée de Koutouzov dans l'armée. Nos troupes se trouvaient en ce moment, pour la plupart, dans le village de Tsarevo-Zajmishche près de Gjatsk. Ayant examiné avec Barclay la disposition de nos troupes et ayant pris connaissance du terrain, Koutouzov l'a trouvé tout à fait excellent et avantageux pour engager une bataille décisive avec les Français. Les effectifs de notre armée comptaient alors près de 130 000 hommes. Tous pensaient que le lendemain, il faudrait engager le combat, et les troupes s'y préparaient. Mais le lendemain, le 19 août, soudain, un ordre, inattendu pour tous, était donné - reculer. Chose paradoxale : ce dignitaire haut placé du temps de Catherine, Koutouzov était persuadé que le peuple et les troupes percevraient autrement sa retraite que celle de Barclay, le parvenu. Dans son rapport au souverain, Koutouzov expliquait la retraite de Tsarevo-Zajmishche par la nécessité de recevoir et de distribuer parmi les régiments, affaiblis fortement pendant les combats sur la voie de Smolensk, les renforts qui avançaient vers notre armée de Moscou. Outre cela, probablement, il lui fallait un certain temps pour s'orienter et entrer dans les détails, il voulait mieux connaitre les troupes et particulièrement, les officiers les plus proches. Koutouzov, prudent, restait fidèle à lui-même et ne voulait pas prendre de risques. La nouvelle retraite a commencé, mais les troupes étaient d'une autre humeur : il était clair que Moscou ne serait pas rendue sans combat et que le vieux Koutouzov voulait seulement choisir le lieu le plus avantageux pour la bataille, et attendre les renforts. « Nos soldats demandaient le combat ! - écrivait un des participants de la marche, le futur fondateur de la loge maçonnique Heirut (ce qui veut dire Liberté en hébreu), et un membre des unions des décabristes, Fiodor Glinka. - S'approchant vers Moscou, ils criaient : « Nous voyons déjà les barbes blanches de nos pères ! Pourrons-nous admettre qu'ils soient souillés ? Il est temps de se battre ! »

La retraite des troupes russes ne permettait pas à Napoléon de prévoir où elles s'arrêteraient - et cela irritait terriblement l'Empereur. Comme l'écrit Armand de Caulaincourt, l'assurance que les Russes avaient incendié eux-mêmes les bâtiments à Smolensk, a commencé à faire peur à Napoléon. Il ne s'attendait pas à une telle résistance. On lui rapportait que ses soldats étaient obligés de se battre contre la populace, les serfs que Napoléon ne prenait pas du tout en compte. Pour Bonaparte, la guerre avec Alexandre, ainsi qu'avec tous les autres souverains européens, était, avant tout, politique, mais pas du tout patriotique. L'acquisition des territoires immenses qu'il gagnait était tout à fait absurde. Tout cela obligeait Napoléon à réfléchir et affermissait son désir de ne pas aller plus loin après Smolensk. Il a commencé à tenter d'engager des négociations. À Smolensk, Napoléon a transmis à l'officier de la garde, le comte Orlov, arrivé à titre de parlementaire pour s'enquérir au sujet du général Pavel Alexéévitch Toutchkov, fait prisonnier aux environs de Valoutina Gora, un message pour l'Empereur Alexandre. Dans la lettre, Napoléon écrivait qu'il ne nourrissait aucune hostilité personnelle à l'égard d'Alexandre, que cette guerre était entièrement politique, et donc rien n'empêcherait d'arriver à un accord à n'importe quel moment. Le silence, gardé par le gouvernement de Saint-Pétersbourg, était alarmant. En même temps, les agents napoléoniens rapportaient de l'Angleterre : « Les émissaires anglais en Russie incitent la noblesse russe à la guerre jusqu'à la dernière goutte de sang et empêchent Alexandre de conclure un accord avec Napoléon.On persuade le tsar que Bonaparte veut lui enlever toutes ses provinces polonaises, qu'il aura la paix seulement à ce prix-là, mais il ne peut pas conclure la paix parce que s'il cède, les nobles russes qui possèdent tous des domaines en Pologne, l'étrangleront dans un an, comme son père ». Dans les messages des émissaires anglais de Napoléon, il y avait une parcelle de vérité.

Le 22 août, l'armée russe a pris position près du vilage de Borodino. Il restait 15 jours jusqu'à la bataille de La Moskova/Borodino.

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