Qui a peur d'une Europe de Brest a Vladivostok?

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Le président français Nicolas Sarkozy vient de signifier son intention de proposer au pré

Le président français Nicolas Sarkozy vient de signifier son intention de proposer au président de la Russie Dimitri Medvedev, la création d'un espace européen qu'il a formulé comme une «zone de coopération économique et de sécurité commune» entre l'Europe et la Russie. M. Sarkozy considère son initiative comme un moyen de rapprocher la Russie de l'Europe mais sans passer par l'Otan. Il entend discuter ce projet avec M. Medvedev et la chancelière allemande Angela Merkel lors de leur rencontre qui aura lieu dans deux semaines à Deauville.

Je voudrais tout de suite attirer l'attention de nos auditeurs sur le fait que la proposition du président français fait suite aux déclarations du ministre français de la Défense Hervé qui a appelé, il y a quelques jours ses homologues européens à réarmer l'Europe pour ne pas la vouer au triste sort d'un protectorat sino-américain. En commentant les propos de M. Morin j'avais émis la supposition qu'une éventuelle réalisation de son initiative était susceptible de mettre en doute le rôle de l'OTAN en tant qu'unique garant de la sécurité européenne. Or, la démarche de Nicolas Sarkozy semble vérifier cette hypothèse. Mais c'est surtout la réaction de Washington qui ne laisse aucune incertitude à ce sujet.

Cité par le New York Times «un officiel américain de haut rang» s'interroge sous couvert de l'anonymat: «Depuis quand, je me demande, la sécurité européenne n'est plus une question qui intéresse les États-Unis mais un problème à résoudre entre l'Europe et la Russie ? Après avoir été au centre de la sécurité européenne pendant 70 ans, il est étrange d'entendre que la sécurité européenne ne concerne plus les États-Unis». Eh bien, la réponse à ces réflexions semble aussi simple que logique. Primo: pendant les 70 dernières années l'Europe a suffisamment grandi pour ne plus avoir besoin de se blottir dans le giron américain que cela plaise ou non à Washington. Secundo: il est notoire qu'en son temps l'OTAN avait été créé pour protéger l'Europe contre une menace réelle que représentait à l'époque l'empire soviétique. Or, l'URSS n'existe plus depuis belle lurette, les Américains eux-mêmes ont des relations quasi idylliques avec Moscou mais voudraient que l'Europe se méfie toujours de la Russie.

Cependant pour M. Sarkozy, pour Mme Merkel comme pour bien d'autres leaders européens la Russie est désormais un partenaire de l'Occident et non une menace, et doit être traitée comme tel. Il est clair que l'idée formulée par Nicolas Sarkozy trouble Washington surtout parce qu'elle rejoint la proposition formulée par Dimitri Medvedev de création d'une nouvelle «architecture de sécurité» en Europe conçue comme une alternative de l'OTAN. Et puisque Washington voudrait rester à tout prix «au centre de la sécurité européenne» on est en droit de poser la question qui s'impose: les Américains se croient-ils plus Européens que les Européens eux-mêmes?

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