Le thème du dialogue : forger une société civile

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Les intellectuels russes et français se sont récemment réunis à Moscou autour de la « table ronde » qui a marqué la poursuite du dialogue entre les chercheurs et les personnalités publiques de la Russie et de la France. Notre correspondant Igor Yazon s’y est rendu.


Les intellectuels russes et français se sont récemment réunis à Moscou autour de la « table ronde » qui a marqué la poursuite du dialogue entre les chercheurs et les personnalités publiques de la Russie et de la France. Notre correspondant Igor Yazon s’y est rendu.

 

La première rencontre de ce genre a eu lieu à Paris il y a presqu’un an, le 25 janvier 2010, et s’est déroulée dans le cadre de l’Année croisée France-Russie. C’était alors que ses organisateurs, la présidence de l’Académie des sciences de Russie avec la participation de l’Institut de l’histoire mondiale et l’Académie française, ont décidé de réunir régulièrement les intellectuels des deux pays qui représentent les théoriciens et les administrateurs de la recherche classique mais aussi les praticiens travaillant dans le domaine de la gestion des processus sociaux. Cette fois les participants de la « table ronde » à Moscou ont discuté le rôle joué par l’individu et les élites politiques dans la formation de la société civile en France et en Russie.

La « table ronde » qui a pris plus de six heures, a impliqué une dizaine d’intervenants et de nombreux échanges d’opinions. Il nous est donc impossible de résumer tout ce qui était dit au cours de cette rencontre. On se penchera plutôt sur l’un des éléments essentiels de la société civile – la tolérance dans les relations entre les musulmans et les chrétiens. Au micro l’académicien Anatoly Torkounov, président de l’Institut d'État des relations internationales de Moscou :

« C’est un énorme problème pour la société russe mais aussi européenne, dit l’académicien. C’est celui du refus de la différence de l’autrui. Regardons la situation en Europe dont on a beaucoup parlé aujourd’hui. C’est un projet gigantesque entrepris pour assimiler ceux qui sont venus en Europe du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord, de la Turquie. Ce projet est un échec, comme l’a dit avec amertume la chancelière Angela Merkel. C’est un échec non seulement en Allemagne mais aussi un peu partout. Les référendums qui se tiennent aujourd’hui et qui concernent, par exemple, l’interdiction de construire des minarets en Suisse ou bien les débats acharnés autour de l’interdiction de porter la burqa en France, en Belgique, dans d’autres pays européens, ce sont les indices révélant l’échec de tous ces bons projets. Personne ne sait quoi faire. Y compris la Russie. Après la chute de l’Union soviétique on a eu beaucoup de migrants originaires des régions du sud, en premier lieu, du Caucase du Nord, de l’Asie centrale qui venaient s’installer dans les régions centrales de la Russie. Ainsi, nombreux sont les originaires du Caucase, par exemple, les Tchétchènes qui font leur études aux universités de Moscou et de Saint-Pétergourg. Mais ils ne se considèrent pas comme faisant partie de l’environnement social. Idem dans les écoles où vont les enfants des Tchétchènes qui ont déménagé en Russie. Les directeurs d’école se plaignent de ce que les enfants des originaires du Caucase forment un clan à part. Certes l’islam y est pour beaucoup : il faut respecter les traditions et les normes religieuses. Ainsi, le grenier d’un bâtiment désaffecté d’une université à Moscou a été utilisé par les Tchétchènes pour prier, pour effectuer la salat. Il n’y a rien de grave. En même temps c’est le signe de ce qu’ils continuent à vivre dans leur propre monde qui ne ressemble pas au principal milieu ethnique de la Russie, le milieu russe ».

Cette différence, dit Anatoly Torkounov, est ressentie de deux côtés. La société civile, elle est au cours de la formation en Russie et n’est pas en mesure de faciliter la résolution du problème. Ce sont les forces de l’ordre qui doivent le plus souvent faire face à ce problème alors que les institutions et organisations publiques dont le but est de s’occuper de ces questions, restent à l’écart. Leur place est souvent prise par les groupes nationalistes qui ne font qu’aggraver la situation et détruire les jeunes pousses de la société civile. La même chose a parfois lieu en Europe. Pour l’académicien Torkounov l’avènement de la droite nationaliste sur la scène politique des pays européens est la conséquence directe de la difficulté à renforcer la tolérance. C’est la même chose en Russie. C’est dire que les solutions sont à être trouvées en commun par les Européens et les Russes. Les milieux intellectuels y ont le rôle primordial à jouer. Il est sans doute difficile de modifier du jour au lendemain les traditions centenaires afin de rapprocher les cultures des peuples très différents, dit Anatoly Torkounov. Mais le processus est déjà lancé et ce sont les jeunes qui devront en assurer le succès. Aujourd’hui les jeunes adhèrent aux principes de la démocratie et liberté et au respect des droits de l’homme, conclut le président de l’Institut d'État des relations internationales de Moscou. Les jeunes d’aujourd’hui sont libérés des préjugés du passé et préfèrent à évoluer dans un monde nouveau et avec la société civile.

Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française et membre étranger de l’Académie des sciences de Russie, a également parlé du rôle joué par la jeunesse dans la construction de la société civile.

On vous a présenté la deuxième rencontre des intellectuels russes et français qui avait eu lieu à Moscou.

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