La Culture et les Arts 09.11.2011

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Au sommaire : - «Rouslan et Lioudmila» - un spectacle magique

Au sommaire :

-         «Rouslan et Lioudmila» - un spectacle magique avec des éléments d’érotisme

-         Le révolutionnaire du glamour        

-         Lioudmila Sourkova :  la Princesse du Cirque!

-         Actualités des liens culturels russo-français

 

 «Rouslan et Lioudmila» - un spectacle magique avec des éléments d’érotisme

Les spectateurs ont pu voir le 2 novembre sur la scène historique du Bolchoï qui a rouvert après six années de travaux de rénovation, la première de l’opéra «Rouslan et Lioudmila» du classique russe Mikhaïl Glinka, le «spectacle magique» comme l’appelait son auteur.

Jamais encore les premières au Bolchoï ne s’étaient entourées d’un tel secret! Les artistes se refusaient à tout commentaire et aucun journaliste n’était présent à la répétition générale. Et pourtant, «Rouslan et Lioudmila» est l’oeuvre qui a une longue histoire.

Pour les Russes, c’est davantage un conte poétique bien connu et aimé qu’un opéra. On le doit à Alexandre Pouchkine qui était alors très jeune, n’avait rien d’un poète de rayonnement national et pouvaient de ce fait se permettre des envolées poétiques frisant la frivolité. C’est ainsi que le sujet de «Rouslan et Lioudmila» s’articule autour de l’enlèvement de la jeune mariée, pratiquement sur le seuil de la chambre à coucher conjugale. Viennent ensuite ses recherches émaillées d’aventures et des pièges tendus par les scélérats dont les intrigues sont déjouées avec le concours des pouvoirs supérieurs. Mikhaïl Glinka qui a fait la musique sur ce sujet a créé un peu malgré lui un opéra formidable qui a connu en un siècle et demi un millier de représentations rien qu’au Bolchoï.

Photo: RIA Novosti

La mise en scène du nouveau spectacle est le produit du travail de deux maîtres de grande renommée. C’est le réalisateur et scénographe Dmitri Tcherniakhov que l’on connaît comme adversaire résolu de tout ce qui relève de la routine. Ses spectacles au Bolchoï ont toujours fait scandale. La partie musicale est de Vladimir Yourovski, chef d’orchestre invité du Bolchoï. Le tandem ne doute pas un instant que l’opéra qui raconte les aventures du preux chevalier Rouslan et de sa bien aimée Lioudmila, la fille d’un prince, offre un champ illimité aux fantaisies théâtrales contemporaines. Se gardant de dévoiler tous les secrets, Dmitri Tcherniakov s’est limité à quelques allusions juste avant la première :

«Je crois qu’à mesure qu’elle se déroule, cette histoire se laisse traiter de façons différentes. Il se peut même que chaque acte ne ressemble pas du tout au précédent comme s.il s’agissait d’un autre spectacle. Je peux dire à ceux qui s’attendent à voir un grand opéra magnifique «à la russe» avec les terems, les caftans et les kokochniks, ne seront pas déçus. Le côté féerique sera bien présent mais de manière collatérale. Le spectacle est passionnant, pétillant de joie mais a aussi des éléments de frayeur».

Le directeur musical Vladimir Yourovski a lancé même un avertissement à la veille de la première :

«C’est un conte pour adultes qui a par moments de quoi effrayer. Surtout n’amenez pas vos enfants au spectacle, c’est le conseil que je vous donne en tant que père de deux enfants. J’ai amené aux répétitions ma fille âgée de 16 ans mais je ne saurais recommander ce spectacle aux enfants de moins de 16 ans parce qu’ils pourraient avoir peur».

La rumeur persistante circule qu’il existe une raison de plus qui expliquerait pourquoi les enfants au-dessous de 16 ans ne devraient pas aller voir « Rouslan et Lioudmila » au Bolchoï. C’est que le conte est souvent qualifié de « liturgie slave à Eros ». En effet, tous ses personnages ne sont mus que par l’amour et tous leurs actes - intelligents et bêtes, nobles et scélérats - ne sont accomplis qu’au nom de l’amour. Quant à la musique de l’opéra, elle se veut trop enchanteresse pour son temps, c’est-à-dire avec des accents de sexualité comme on dirait aujourd’hui. Il va de soi que Dmitri Tcherniakov réputé pour son audace et son goût des provocations ne pouvaient pas se priver d’exploiter cette veine. Toujours d’après les rumeurs, le spectacle a des scènes de massage thaï et même encore plus osées. «Le spectacle est réellement contemporain», - précisent ses réalisateurs d’une manière évasive.

Le révolutionnaire du glamour        

Moscou découvre l’oeuvre d’Alexeï Brodovitch, ressortissant russe qui est entré dans l’histoire de la culture du XXe siècle comme révolutionnaire du design graphique dans l’industrie de la mode.

L’exposition qui se tient du 27 octobre au 25 novembre au Centre de la culture contemporaine «Garage» s’intitule «Brodovitch : de Diaghilev à Harpers’s Bazar». Brodovitch qui a quitté la Russie après la révolution de 1917 avec la première vague d’émigration, s’est initié au monde des arts à Paris, dans la troupe du célèbre imprésario russe Serge de Diaghilev. Il peignait les fonds des décors pour les spectacles des «Saisons Russes» et faisait des photos de danseuses. Ces clichés des années 20 du dernier siècle avec les danseuses diaphanes, ont toujours un air un peut plus contemporain. Mieux encore, ils sont considérés comme classiques de la photographie abstraite. L’art de la photographie était une véritable passion d’Alexeï Brodovitch qui s’occupait pourtant de la publicité et des posters, du design du mobilier, des intérieurs et des bijoux, de la peinture et de la décoration. Il a été pendant près d’un demi-siècle (1934-1958) le directeur artistique de la populaire revue de mode «Harper’s Bazar».

Brodovitch n’avait aucune formation spécialisée et était l’homme qui s’est fait soi-même. Un exemple, en 1924 il a gagné l’appel d’offres des posters pour un bal caritatif au nez de Pablo Picasso! C’était le point de départ de sa carrière de designer graphique, ponctuée des médailles des plus prestigieuses expositions internationales. En 1930, il est invité à enseigner à l’Institut du design industriel de Pennsylvanie et déménage aux États-Unis avec sa famille. «C’est là-bas que commence l’activité pédagogique de Brodovitch à laquelle il se consacre inlassablement jusqu’a la fin de ses jours», - raconte le critique d’art Valeri Serikov.

«Il n’avait pas fait d’études pédagogiques mais savait créer une ambiance inédite pendant ses classes. Brodovitch a introduit une quantité prodigieuse de disciplines pour ne mentionner que le maquettage, le journalisme, le reportage et les différentes variétés de design. L’enseignement qu’il donnait relevait du chamanisme avec la confrontation des points de vue différents et les méthodes qui poussaient les étudiants à la réflexion et défiaient l’immobilisme académique. Il a fondé la première véritable école et ses laboratoires du design se sont rapidement étendus à tout le pays».

Pratiquement tous les photographes américains de renom comme Richard Avedon, Henri Cartier-Bresson et Arnold Newman, sont les disciples de Brodovitch. L’exposition de Moscou présente leurs travaux à côté de ceux du maître. A propos, étant le directeur artistique du magazine exclusivement féminin «Harper’s Bazar», Brodovitch y fait publier des oeuvres de Salvador Dali, de Joan Miro et de Jean Cocteau. S’il le fait, ce n’est pas du tout parce qu’ils étaient ses amis pendant qu’il vivait à Paris. Sensible aux tendances artistiques, il a saisi le point de convergence du design, de la mode et du surréalisme artistique. «Il avait besoin de la diversité, du mélange de styles et du collage, - précise Valeri Serikov. – Bdorovitch a fait l’oeuvre de pionnier en combinant l’image et le texte en les rendant complémentaires. C’était une dimension nouvelle dans la mise en page des magazines».

«L’avènement de l’ère de la télévision, - poursuit le critique d’art, - nécessitait de donner aux magazines un nouveau «look» afin qu’ils restent à flot. C’était une idée révolutionnaire exploitée à fond par les générations suivantes des magazines sur papier glacé. D’ailleurs, nous voyons toujours dans leurs pages le même rapport entre la photographie et le texte, entre l’image et les espaces libres qui forment un tout».

L’exposition de Moscou a en exergue ces mots : «Brodovitch nous semble éternel et impérissable. Cela est-il dû au fait qu’il a été élevé dans la culture russe, a passé sa jeunesse dans le creuset magique de Paris ou s’est affirmé dans l’Amérique dynamique? Faut-il le mettre sur le compte des contradictions dont sa vie était tissée?». La réponse coule de source : tout compte dans la vie d’un créateur.
 

Lioudmila Sourkova :  la Princesse du Cirque !

Le mois d’octobre a vu s’allumer une nouvelle étoile dans l’arène du cirque russe. La dresseuse Lioudmila Sourkova a été honorée du titre de «Princesse du Cirque russe» au festival-concours de Saratov.

Lioudmila est la seule au monde à oser rééditer le numéro on ne peut plus difficile à savoir les acrobaties aériennes en compagnie d’un lion monté en son temps par la célèbre dresseuse soviétique Irina Bougrimova.

Il est notoire que la fameuse expression « elle est née dans la sciure » souvent employée dans les milieux de cirque ne s’applique guère à Lioudmila qui n’appartient à aucune dynastie des artistes de cirque et ne possède pas de formation spécialisée. Elle est venue au cirque après avoir fait ses études de chorégraphie, d’abord  comme danseuse pour maîtriser plus tard les acrobaties aériennes. Quand l’artiste de renom Guia Eradzé lui a proposé de prendre part à son show unique « Cinq continents », elle a accepté tout de suite. A ce numéro participent 39 espèces d’animaux et d’oiseaux et 300 bêtes se produisent simultanément dans l’arène! «C’était depuis longtemps mon rêve le plus cher», - a avoué Lioudmila dans son interview à la Voix de la Russie.

«C’est à mes risques et périls que j’ai choisi de travailler avec les fauves parce que j’en avais tellement envie. Un choix bien difficile puisque que je ne savais rien au dressage mais j’ai finalement réussi grâce à Guia. Il fallait surtout comprendre les animaux, étudier leur caractère, s’adapter et apprendre à penser comme eux. Bref, je devais les comprendre et aimer. Je n’avais pas vraiment peur mais j’avais et j’ai toujours des craintes parce qu’il s’agit des fauves avec leurs dents et griffes.

Je devais d’abord m’adapter aux animaux âgés de deux ans, c’est-à-dire assez grands qui en plus rechignaient à accepter quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas, tant et si bien que la première expérience a été acquise au prix de grandes difficultés. Puis, il a été décidé de prendre les plus petits pour monter un nouveau numéro et Lioudmila et Guia Eradzé ont pratiquement remplacé les parents pour les jeunes tigres et les lionceaux. Ils les nourrissaient au biberon, leur préparaient la bouillie, les amenaient en panier au cirque. En tournée, les petits partageaient même leur chambre d’hôtel. Et c’est seulement vers 8 à 9 mois qu’on les a  mis en cage pour commencer les répétitions et les laisser se produire dans l’arène un an plus tard ».

Au numéro qui s’intitule «Lions et tigres : le monde sauvage de la brousse»  participent 11 félins sauvages dont une panthère et un jaguar. «Chaque bête a son caractère propre et nécessite une approche individualisée», - raconte Lioudmila.

Photo: RIA Novosti

«Je les compare volontiers aux hommes parce que tout comme eux, elles peuvent ête rangées, paresseuses et artistes dans l’âme. Nous avons une lionne qui est une véritable vedette! Une reine! Mais il y a aussi deux lionnes soeurs qui sont coulantes et sournoises et il faut faire très attention avec elles. Généralement, plus l’animal est petit et plus le dressage s’avère  difficile.  Je voulais d’abord travailler avec les léopards parce que j’aimais bien ces belles bêtes tachetées tout en poil! Or, je n’ai pas tardé à découvrir que ces animaux étaient très dangereux et avaient des réflexes rapides et imprévisibles. Les lions sont plus lents et prévisibles. Mais, d’autre part, il faut tenir compte de leur masse. Si le lion avance sur toi, c’est peine perdue d’essayer d’arrêter cette bête de 250 kilos.

Et pourtant les fauves sont plus accommodants que les hommes. Il est même plus facile de les éduquer que mon propre fils surtout si c’est un ado de 13 ans.

Les animaux sont francs et honnêtes. Ils ne savent pas mentir et s’ils sont de mauvaise humeur, c’est clair et net. C’est beaucoup plus compliqué avec les hommes, même s’il s’agit de mon propre fils. L’adolescence est un âge difficile, c’est la pleine mutation et on a souvent du mal à faire entendre la raison à quelqu’un qui veut s’affirmer dans la vie et prouver quelque chose à soi-même et aux autres. Mon gosse est presque tout le temps avec moi : il vient aux répétitions, me donne parfois un coup de main puisqu’il connaît ces animaux aussi bien que moi. Il veut absolument travailler avec les tigres et suivre le même parcours que sa mère».

La couronne de «Princesse du Cirque» semble être le titre le plus prestigieux mais Lioudmila Sourkova espère que cette récompense ne soit qu’une étape de sa montée vers les sommets de la carrière.

Actualités des liens culturels russo-français

Le 27 octobre le Président de la Société nationale des chemins de fer (SNCF) Guillaume Pépy et le Président de la compagnie des chemins de fer russes (RZD) Vladimir Yakounine ont pris part à l’inauguration de l’exposition consacrée au 30e anniversaire de la mise en service des trains à grande vitesse (TGV).

L’exposition s’est ouverte à Moscou dans les locaux de la gare de Koursk et fait connaître l’histoire de la création des TGV et leurs caractéristiques techniques.

Dans leurs interventions, Guillaume Pépy et Vladimir Yakounine ont mis l’accent sur les liens de coopération qui existent entre la SNCF et la RZD et se déclinent en plusieurs projets d’envergure.

Jean de Gliniasti, Ambassadeur de France en Fédération de Russie a également pris part à la cérémonie et a déclaré qu’il espérait que l’intérêt que la SNCF manifeste pour la création des trains à grande vitese pour la Russie allait donner de bons résultats.

 

La cinquième édition du Grand festival des films d’animation s’est déroulée au 28 octobre au 7 novembre à Moscou dans le cinéma «Khoudojestvenny». Cette année le public a pu voir le programme préparé par les studios français «Sacrebleu Productions».

Le festival s’est ouvert sur la projection exclusive du film «Une vie de chat» des réalisateurs Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol qui a reçu en 2011 le prix César du meilleur film d’animation français.

Le programme des studios «Sacrebleu Productions» a été présenté par son producteur Ron Dayens. Après la projection du film «Loin au Nord», Alain Gagnol a délivré une conférence avec la participation des professionnels du cinéma d’animation russe.

 

Les spectacles du légendaire Cirque du Soleil se sont déroulés du 3 au 8 novembre à Moscou dans le stade de Loujniki. Le cirque canadien a présenté cette fois dans la capitale russe son show Saltimbanco.

Il s’agit d’un show classique du Cirque du Soleil créé en 1992. Il parcouru depuis de nombreux pays en gagnant les sympathies de 12 millions de spectateurs. Montée en 2007, la version renouvelée du show pour installations sportives a servi de départ à une nouvelle tournée.

La troupe est traditionnellement internationale avec 51 musiciens et artistes de plus d’une vingtaine de pays.

© Photo: RIA Novosti
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