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Ce lundi le journal en ligne mediapart célèbre pour ses enquêtes et affaires à scandale a publié une information selon laquelle la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy a été financé par le colonel Kadhafi.

Ce lundi le journal en ligne mediapart célèbre pour ses enquêtes et affaires à scandale a publié une information selon laquelle la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy a été financé par le colonel Kadhafi. Cette annonce est tombé exactement le jour suivant le grand meeting du président candidat à Villepinte, qui lui a permit de dépasser le candidat du PS dans un des sondages recensant les intentions de vote au premier tour. Les détails de cette enquête ainsi que les conséquences pour Nicolas Sarkozy, dans l’interview du journaliste auteur de l’article de Mediapart en question Fabrice Arfi :


Comment est-ce que vous avez trouvé la réaction de Monsieur Sarkozy, il a quand même évité de répondre directement à la question sur le financement de sa campagne ?

Il faut dire que la question qui lui a été posée d’abord ne correspondait pas tout à fait à ce que nous avons avancé et d’autre part la seule réaction de Monsieur Sarkozy qui a traité notre article de grotesque me surprend assez peu. Dans le sens où à chaque fois que nous sortons des informations compromettantes pour sa présidence ou pour son entourage il répond par, soit par la fable, soit par la calomnie. Si je prends le seul exemple de l’affaire Bettencourt, qui est une autre affaire importante que nous avions révélé en France à l’été 2010, les calomnies, présentées en tout cas comme telles par la présidence de la République en 2010, sont les mises en cause judiciaires de 2012, puisque dans cette affaire notamment sur la foi de nos révélations l’ancien ministre du budget l’ancien trésorier de la campagne de Monsieur Sarkozy est mis en examen et est inculpé par un juge indépendant sur l’affaire Karachi, Nicolas Sarkozy a parlé de fable pendant des années. Je constate qu’une grande partie de son entourage est mise en examen aussi dans ce dossier qui a commencé par Monsieur Takieddin. Donc tout ça pour dire qu’on est très habitué par les réactions outrées de la présidence de la république face à nos informations. Evidemment Nicolas Sarkozy se défend comme il veut, comme bon lui semble, c’est évidemment son droit, mais sa réaction ne me fait ni chaud, ni froid. Moi la seule chose qui m’importe ce sont les informations que nous mettons sur la place publique et comment des institutions républicaines, à commencer par la justice et la police peuvent s’en emparer pour tirer le fil de ce que nous racontons, y compris avec prudence.

Au départ vous avez dit que la question n’a pas été bien formulée ?

Il a été interrogé sur le financement de la campagne de 2007 et ensuite ma consœur de TF1 lui dit Saif Al-Islam il a déclaré que ceci, cela… Nous notre article ne portait pas sur les propos de Saif Al-Islam, ce n’était pas du tout l’objet de notre article, notre article portait sur la découverte d’un mémorandum qui sont les confessions du médecin de Monsieur Takieddin faisant état avec des dates précises, des personnages précis, des sociétés au Panama ou une banque en Suisse et un montant précis d’un éventuel financement politique illégal de monsieur Sarkozy en 2007. Ca n’a pas été évoqué face au président de la République.

Le fils de Mouammar Kadhafi il a quand même fait ces affirmations.

Oui, oui bien sûr, mais ce n’est pas nouveau. Ce n’est pas ce qui était nouveau dans l’article d’hier.

Pourquoi ça n’a pas explosé en 2011, quand il a fait ces annonces ?

C’est une très bonne question. En France il y avait de fait une sorte d’unité nationale d’avant guerre, qui fait que les déclaration de Saif Al-Islam qui est un dirigeant d’un pays étranger, dirigeant dont la façon de gouverner pose un certain nombre de problèmes, parce qu’il y a  quand même un mandat d’arrêt international qui a été délivré par la CPI contre lui, qui a fait ces déclarations. Et ces déclarations auraient dues susciter en France des interpellations politiques importantes et ça n’a pas été le cas, ce qu’on peut de fait regretter.

Vous avez dit que Mediapart est juste porteur d’information, comment obtenez vous ce genre d’information ?

On enquête depuis plusieurs mois, avec mon confrère Kalr Laske nous avions publié cet été déjà un premier papier qui s’appelait « le grand soupçon Libyen », où nous révélions documents à l’appui, à la fois des contrats d’armement, des commissions occultes négociées et versées via Takieddin, avec le feu vert de Nicolas Sarkozy, avec le feu vert de son entourage, notamment Claude Guéant, avant son accession à l’Elysée et après son arrivé à la présidence de la république. Et puis nous révélions également les mensonges de la France sur l’histoire officielle des relations Franco-Libyennes, notamment sur l’affaire des infirmières Bulgares. Ca fait de longs mois que nous travaillons sur ce sujet et au fil des mois nous avons pu récupérer un certain nombre de témoignages et même de documents qui viennent conforter l’hypothèse d’un possible financement illégal de la campagne de Monsieur Sarkozy en 2007 par le régime Libyen. Donc il faut que maintenant, car les journalistes ne sont pas des juges et ne sont pas des policiers, maintenant que nous avons mis des informations sur la place publique, que les institutions judiciaires notamment prennent le relai et s’emparent de nos informations pour pouvoir aller enquêter au Panama, en Suisse, faire des commissions rogatoires internationales, des perquisitions autant de choses que de fait un journaliste ne peut pas faire.

S’agissant de cette affaire précise, je crois qu’il était question de 50 millions d’euros, c’est bien ça ?

C’est ce qui est évoqué dans le mémo.

Mediapart, ça a un peu une réputation de « killer » d’homme politique, est-ce que Nicolas Sarkozy ne serait pas une nouvelle victime à la veille des élections ?

Nous nos première révélations sur l’affaire  « Takieddin-Karachi » datent de septembre 2008, donc il n’y avait pas de calendrier électoral à l’époque. Quand on a sorti l’affaire Bettencourt, on  a dit qu’on la sortait pour tuer la réforme des retraites d’Eric Woerth. Quand on sort à chaque fois une affaire il faut que les personnes qui se sentent mises en cause ou qui sont mises en cause voient des complots derrière notre travail. Nous on ne peut pas les empêcher de penser ce qu’il pensent. Nous notre boulot c’est de trouver des informations, surtout celles que certains ont intérêt à cacher parce que nous estimons devoir remplir une mission citoyenne qui est d’être un contre pouvoir, quelque soit le pouvoir. Ce n’est pas de notre faute si Nicolas Sarkozy est aujourd’hui l’homme qui a le plus de pouvoir en France. Ce n’est pas un combat partisan Droite-Gauche, si la Gauche était au pouvoir nous aurions fait le même travail. D’ailleurs nous avons révélé beaucoup d’informations compromettantes pour le parti socialiste, ces derniers mois. Mais il se trouve en effet que celui qui canalise le plus le pouvoir en France s’appelle Nicolas Sarkozy et il y a des affaires importantes judiciaires notamment l’affaire Bettencourt, l’affaire Takieddin, l’affaire Kadhafi concernent son entourage. On ne va pas s’empêcher d’enquêter on ne va pas s’empêcher de sortir des informations sous prétexte que nous sommes dans une campagne électorale. 

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