Cathédrale de la Sainte-Trinité-du-régiment-de-la-garde-de-Sa-Majesté Izmaïlovski

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Cathédrale de la Sainte-Trinité-du-régiment-de-la-garde-de-Sa-Majesté Izmaïlovski - Sputnik Afrique
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Lors d’une promenade à travers Saint-Pétersbourg les pas peuvent vous conduire à une énorme cathédrale à coupole bleue. Si cela se passe par un matin d’hiver neigeux vous aurez l’impression de vous retrouver dans une autre époque, dans la ville de Fédor Dostoïevski.

Lors d’une promenade à travers Saint-Pétersbourg les pas peuvent vous conduire à une énorme cathédrale à coupole bleue. Si cela se passe par un matin d’hiver neigeux vous aurez l’impression de vous retrouver dans une autre époque, dans la ville de Fédor Dostoïevski. Ce grand écrivain a fait, d’ailleurs, une remarque juste à ce propos : « La masse énorme et froide de la cathédrale, appelée à consoler la vanité humaine, en réalité l’écrase ». Tel est ce lieu unique – l’ensemble architectural place Troïtskaïa (de la Trinité) dans le quartier de l’Amirauté de Saint-Pétersbourg ».

La cathédrale de la Sainte-Trinité était affectée aux officiers du régiment de la garde de Sa Majesté Izmaïlovski, formé à Moscou le 22 septembre 1730 sur oukase du pouvoir.

Le commandement de cette unité fut confié à l’adjudant-général, le comte Karl Lewenwolde, ressortissant du pays Balte, bénéficiant des bonnes grâces de l’Impératrice Anna Ioanovna, récemment invitée au trône russe.

Le 27 avril 1730 avec le soutien du favori de l’Impératrice, Byron, il fut promu major général et prit la tête du régiment Izmaïlovski, chargé de la garde du palais et de l’Impératrice. Depuis le règne de Pierre 1er un régiment d’élite devait avoir son église.

La première église itinérante du régiment de la garde Izmaïlovski fut bénie sur la troisième année du règne d’Anna Ioanovna. Les moyens pour financer la construction d’une église permanente ne furent pas cependant affectés. Même si le régiment reçut de nombreuses distinctions impériales, il n’avait toujours pas d’essentiel – son église, où les gradés et les soldats puissent prier avant leur mission, célébrer leurs fiançailles et mariages, faire administrer un baptême à leurs enfants, etc.

Le commandement du régiment entreprit à plusieurs reprises des démarches dans ce sens. Entre temps, l’Impératrice Anna Ioanovna fut remplacée sur le trône par Elisabeth, fille de Pierre le Grand. Redoutant un coup d’Etat, elle ordonna d’éloigner le régiment du palais, en transférant ses quartiers en amont du fleuve Neva. En 1742 l’église itinérante du régiment Izmaïlovski, qui s’était vue déjà offrir des icônes d’une rare beauté, fut installée dans la caserne de bois. La situation restait inchangée jusqu’à l’intronisation du Tsar Alexandre 1er . Pour les grands mérites devant la Patrie au cours de la Grande guerre nationale de 1812 le régiment de la garde Izmaïlovski fut, enfin, autorisé par Sa Majesté à se doter d’une église permanente. Une église d’été fut édifiée, mais en hiver les offices étaient servis dans celle, installée dans la caserne. Le temps passait. Le Tsar Alexandre 1er fut succédé au trône par son frère Nicolas 1er .

En fait c’est au Nicolas 1er qu’on doit attribuer l’épanouissement de la construction des églises en Russie. Cela parce que le Tsar était le moins indifférent précisément à l’architecture. Bon peintre lui-même, il avait du goût et un jugement compétent au sujet de ce que comment devait être une église russe. Il faut noter que Nicolas 1er avait intérêt plus que d’autres à construire une église de pierre pour le régiment de la garde Izmaïlovski. Pour cette raison qu’il en était le patron dès sa jeunesse, et à partir de 1800 et jusqu’à son intronisation en 1818 – son commandant.

Le projet et les travaux de construction furent confiés à l’architecte connu Vassili Stassov, homme déjà âgé, il avait 60 ans, et maître émérite. Aux yeux du Tsar Nicolas 1er, les immeubles construits par Stassov se distinguaient par cette qualité majeure : architecture imposante, solennelle et puissante. Stassov avait la réputation d’être l’un des meilleurs spécialistes et connaisseurs de l’histoire et des formes de l’ordre dorique en architecture grecque ancienne.

Le 3 mai 1828, le jour de la Sainte Trinité, les travaux de construction de la Cathédrale furent commencés. Ils étaient supervisés personnellement par l’Empereur Nicolas 1er .

Le souverain souhaita que la nouvelle église de pierre ait, à l’instar de celle de bois, où il priait avant chaque défilé, trois chapelles latérales : la principale, consacrée à la Sainte Trinité, celle du nord – à Saint-Jean le Guerrier, patron du régiment Izmaïlovski, et celle du sud – à Marie-Madeleine.

La première pierre dans les fondations de la cathédrale fut posée par la mère du Tsar – Marie Feodorovna. La cérémonie solennelle se déroula en présence d’un seul bataillon du régiment, les deux autres participant alors à la campagne de Turquie.

Les travaux avançaient rapidement. 5 500 pieux de fondation furent enfoncés, la construction des murs commença. En 1830 les murs furent élevés jusqu’aux coupoles, deux ans après les cinq coupoles furent achevées et couronnées de croix. Et déjà au printemps 1832, quatre ans après le lancement du chantier, les coupoles furent peint en bleu avec des étoiles d’or appliquées dessus.

La cathédrale était pratiquement terminée, lorsque dans la nuit du 22 au 23 février 1834 une violente tempête arracha la croix dorée et la projeta sur terre. La croix se brisa. Un bruit fracassant réveilla les habitants des alentours : c’est presque toute la couverture de cuivre de la cathédrale qui fut emportée.

Jusqu’à élucidation des circonstances l’architecte Stassov fut placé en garde à vue ; le matin l’Empereur arriva sur les lieux…

La construction de la cathédrale fut terminée douze mois après. Au clocher, aménagé dans l’une des quatre petites coupoles, on monta les cloches, dont la plus grosse pesait 8 tonnes.

Selon les contemporains, le jour de la consécration de la cathédrale, le 25 mai 1835, était ensoleillé et chaud. L’imposante église blanche aux coupoles bleues pouvait être aperçue à 20 verstes de la ville. Des voitures arrivaient devant des officiers et des soldats, rangés en tenue de parade, dans la foule on voyait leurs parents, des pèlerins, des milliers de citadins envahissaient les rues attenantes. Le métropolite Philarète de Moscou, théologien et ecclésiastique connu administrait la cérémonie solennelle.

L’aspect extérieur de la cathédrale frappait par sa grandeur et sa beauté austère.

Son intérieur surprenait par l’unité du style et l’élégance. Une église claire et vaste, en complète harmonie. Les murs blancs couverts d’une ornementation dorée, vingt quatre colonnes imitant le marbre blanc, finement sculptées, partout ce mariage noble de couleurs blanche et dorée.

Historien de l’architecture : Strictement parlant, c’était moins l’œuvre de Stassov que celle de l’Empereur Nicolas 1er . Toutes les notions d’harmonie, de l’unité du volume du Tsar se trouvèrent incarnées en ce « géant » architectural. Le mot « géant » en ce cas n’avait rien de négatif. Il traduisait l’aspiration de l’Empereur à ordonner les vastes étendues de la Russie, dont il avait héritées et qu’il avait à gouverner.

Des lignes sobres et droites étaient son idéal en architecture. Nicolas 1er rêvait de construire à Saint-Pétersbourg une cathédrale qui puisse rendre sa représentation de l’esprit russe. Il la trouva dans les majestueuses proportions de la Cathédrale de la Sainte-Trinité-du-régiment-de-la-garde Izmaïlovski.

Plutôt un palais qu’une église. C’est ainsi que le souverain voyait la cathédrale de la Trinité. Chacun des côtés de l’église, orientés vers les quatre points cardinaux, devait être, selon le dessein de l’Empereur, celui de façade. C’était la condition posée par le Tsar à l’architecte. D’où qu’un paroissien ne vienne, la cathédrale devait lui présenter un front, une ouverture sur la foi. C’était une innovation architecturale, brillamment mise en œuvre par Stassov.

Historien de l’architecture : Une église doit être toujours claire, et un paroissien – en vue, considérait Nicolas 1er .

L’emplacement de la cathédrale – place de la Trinité – fut choisi de manière à ce qu’elle offre de tous les côtés à la vue son aspect imposant et magnifique.

Quant à l’architecte Stassov, il était attaché à une conception antique d’un lieu de culte comme d’un lieu de mystère.

Quatre cubes énormes, figurant sur le plan une croix, reçoivent un prolongement dans les colonnes et puis dans la grande coupole. La combinaison du carré et du cercle donnent une surprenante sensation de solennité. Les proportions de la cathédrale respirent l’harmonie. Trouvaille étonnante de l’architecte Stassov. Vue de la place, la cathédrale frappe par son caractère monumental et sobre. A l’intérieur - tout écrase. Mais d’en haut, à vue d’oiseau, on constate que l’édifice s’inscrit à merveille dans le paysage environnant. Il paraît léger et élancé. Qui plus est, en regardant l’église de loin, de n’importe quel côté, on a l’impression que la cathédrale déploie ses ailes au-devant du croyant, qui cherche protection et appui.

Dans ce sens, la cathédrale est absolument mystérieuse.

Expert : L’église avait trois autels. Le long des murs étaient présentés des trophées d’armes et de drapeaux. La cathédrale portait sur ses murs des plaques de marbre où étaient gravés les noms des officiers du régiment Izmaïlovski tombés au champ d’honneur.

Jadis au pouvait y voir un grand nombre d’icônes de valeur, de vases sacrés, de livres, de reliques de vénérables. Dans de petits meubles à dessus vitré étaient exposés les uniformes des augustes chefs du régiment : des Empereurs Alexandre 1er, Nicolas 1er, Alexandre II.

Durant la Première guerre mondiale (1914-1917) dans les sous-sols de la cathédrale une sépulture fut aménagée pour les officiers et les soldats, péris au champ d’honneur. En dépit de sa vocation martiale, la cathédrale de la Sainte-Trinité-du-régiment-de-la-garde-Izmaïlovski était ouverte à tout pèlerin. De nombreuses personnalités de la culture et des arts la visitaient, dont beaucoup étaient ses paroissiens. C’est ici, par exemple, que fut célébré en 1867 le mariage de Fédor Dostoïevski avec Anna Snitkina. En 1894 on y servit la messe funéraire pour le pianiste et compositeur Anton Rubinstein.

Après la révolution d’octobre 1917 la cathédrale n’évita pas le triste sort réservé à la plupart des églises russes. Sans être démolie, elle fut profanée et servit d’entrepôt à l’époque soviétique. Dans les années 60 du siècle dernier l’édifice subit quelques travaux de réparation.

Le 8 septembre 1990 la cathédrale fut rendue au culte. Elle était dans un état désastreux.

Le 25 août 2006 un terrible incendie se déclara dans les échafaudages et détruisit la coupole centrale et une plus petite. L’évacuation des paroissiens présents à un office célébré en ce moment, ainsi que des icônes et les principaux biens ecclésiastiques se déroula sans que personne en souffre.

A la fin de 2007 les travaux de restauration furent achevés à la petite coupole du nord, et les conséquences de l’incendie furent éliminées. La charpente de la coupole principale fut montée. Au printemps de 2008 on commença à peindre la cathédrale.

En octobre 1886 un monument de la Gloire fut inauguré à côté de la cathédrale en commémoration de la guerre russo-turque de 1877-1878. Il fut créé avec 108 canons turcs de trophée, superposés en quatre étages. La colonne était couronnée de la figure de la Gloire. En 1925 on prévoyait de la remplacer par un monument aux décembristes. En janvier 1930 la colonne fut démontée pour une refonte. Un buste à l’architecte Vassili Stassov fut érigé devant la cathédrale en 1969, puis démonté en 2005, tandis que la colonne de la Gloire fut rétablie.

De nos jours la Cathédrale la Sainte-Trinité est à nouveau la fierté et l’ornement de la ville, fondée par Pierre le Grand, pour rappeler le valeureux régiment de la garde Izmaïlovski, qui porta sur ses drapeaux victorieux la gloire de la Russie.

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