Taux directeur de la Banque Centrale Européenne

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Lorsque l’automne dernier je me suis rendu en France pour contempler la chute de feuilles mortes sur les quais de la Seine, j’ai eu la mauvaise idée de changer mes roubles russes contre la monnaie européenne à Moscou.

Lorsque l’automne dernier je me suis rendu en France pour contempler la chute de feuilles mortes sur les quais de la Seine, j’ai eu la mauvaise idée de changer mes roubles russes contre la monnaie européenne à Moscou. La bonne caissière m’a baillé trois mille euros en billets de 500 et tout ragaillardi de ce pactole qui me réchauffait le cœur j’avais pris le chemin de l’aéroport, terminal international. Une fois arrivé à Paris j’avais commencé par faire usage de ma carte bancaire et ensuite, après avoir loué une petite Ford Focus, ai emmené ma femme au bord de l’océan à Mont Saint Malo où l’air normand vous remplit les poumons de bonheur.

C’est justement à ce moment-là que j’avais découvert que je ne pouvais plus tirer l’argent de ma carte qui était bloquée à Moscou pour une raison des plus hermétiques. Mais je me sentais vacciné contre tout malheur et palpant fièrement mon portefeuille bourré de billets croustillants, je me suis rendu à la banque pour me faire de la monnaie avec un billet de 500 euros. Je ne vous raconte pas mes prochaines 15 minutes vous en faisant grâce mais la fille au guichet m’a carrément anéanti en déclarant de but en blanc « qu’il n’y que des touristes russes pour se pavaner avec des billets inchangeables ». Quel ne fût ma surprise lorsqu’on me fit passer au peloton d’exécution c'est-à-dire l’agence de tourisme de Mont Saint Malo pour que je m’explique et que l’on me donne l’adresse d’une banque prête à me secourir dans mon malheur. Je me suis retrouvé dans une situation plutôt absurde avec 3 mille euros mais sans moyen de payer en plein centre de la Communauté Européenne. C’est à ce moment-là que je me suis rendu définitivement compte que l’économie européenne marchait très mal et que les gens autour de moi bien que décemment vêtus étaient en fait pauvres.

François Hollande a essayé de faire redémarrer l’économie française et remettre à flot la consommation des ménages français avec son histoire d’obligations et du taux directeur de la Banque Européenne qu’il voulait coûte que coûte baisser. Laissons de côté l’histoire des obligations qui a fait les nuits blanches de la chancelière allemande. Pensons plutôt au taux directeur. Yvan Blot, notre interlocuteur privilégié de toujours qui a plus d’une corde à son arc et est à la fois fonctionnaire et professeur d’économie nous a donné son point de vue sur le taux directeur. Voici ce qu’il a dit :

« Cette question du taux directeur de la BCE ! Bien sûr, c’est classique de baisser le taux pour relancer l’économie. Mais tout le monde pense que c’est insuffisant. Il faudrait un choc plus fort pour redonner confiance aux marchés : redressement des finances publiques des pays membres, réduction des dépenses publiques et des impôts, s’attacher à augmenter les capitaux propres des moyennes entreprises, mais l’administration occidentale ne dialogue qu’avec les très grandes firmes. La solidité de l’économie allemande vient des entreprises moyennes, souvent familiale donc bien gérée (le propriétaire familial gère mieux à long terme que le gérant à court terme). La maladie de croissance de l’Europe est structurelle et non conjoncturelle. On a remplacé le « vrai » capitalisme des propriétaires par des gestionnaires qui ne cherchent que le profit financier à court terme ». Fin de citation.

Pour Yvan Blot il faut revenir à l’économie traditionnelle, autosuffisante qui referait de la France un centre régional la mettant à l’abri des aventures boursières des génies bi-atlantistes. Tout en reconnaissant le bien-fondé de cette réplique je ne peux m’empêcher de réfléchir à la fin d’une idéologie financière qui est celle du monde occidental.

Il est de notoriété publique que toute l’Europe vit à crédit et que la monnaie européenne n’est garantie par aucun avoir matériel. Si vous demandez aux macro-économistes à quoi tient le taux de change de l’euro et du dollar, vous n’obtiendrez aucun satisfecit. Les spéculations financières sont basées sur la Réserve fédérale américaine qui supervise le système bancaire de States. Les Français ne le savent peut être pas mais cette Banque est une société de droit privé qui, selon son bon vouloir, hausse ou baisse le taux directeur fédéral décidant de la météo boursière internationale. Il est inutile e me parler du droit de regard de l’administration qui gère les affaires de la Réserve parce que depuis des années le budget américain n’est plus avalisé par la Cour des comptes américains qui y perd son latin.

Il va de soi que ces calculs ne sont basés que sur les intérêts privés d’un petit groupe de potentats qui s’en font plein les poches aux dépens des citoyens des pays occidentaux. Les obligations et les titres hypothécaires américains ont fait littéralement exploser le monde de la haute finance plongeant les pays dans la crise en 2008. A la base de cette économie spéculative volatile nous retrouvons la cotation du baril de pétrole qui est le nerf de la guerre financière. Et à chaque fois que les pays concernés veulent changer les règles de ce jeu et arrêter le poker, Washington s’amuse à envoyer ses glorieux porte-avions qui font rentrer les réticents dans le rang. Et vogue la galère !

Malheureusement toute création a son échéance et celle des finances virtuelles frappe déjà à la porte de Bruxelles. Les Chinois refusent de plus en plus à faire leurs transactions en dollars préférant leurs yuans comme devise régionale. Les Russes rechignent et l’Asie s’insurge. Alors le taux directeur de la BCE ne peut que rafistoler quelques trous lorsque la toiture entière est en train de s’écrouler.

Réflexion faite ne vaut-il pas mieux pour les Européens de laisser crever le vieux concept en le remplaçant par quelque chose de plus viable tant qu’il est encore temps ?

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