Belgique-Rwanda : une rupture inévitable ?

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La Belgique suspend la coopération militaire avec son ex-colonie le Rwanda. Mise au point en 2004 apr

La Belgique suspend la coopération militaire avec son ex-colonie le Rwanda. Mise au point en 2004 après l’arrivée au pouvoir dans le pays africain du leader du Front Patriotique Rwandais, Paul Kagamé, cette coopération était la formation des militaires rwandais sur le territoire de la Belgique ainsi que l’aide financière et médicale à la population rwandaise. La décision d’interrompre cette activité a été prise par la Belgique à la suite du soutien de sa protégée africaine des actions insurrectionnelles dans l’Est de la République démocratique du Congo. C’est que la République démocratique du Congo est peuplée de différentes tribus y compris de celle qui est majoritairement présente au Rwanda, le peuple Tutsis, d’où vient le conflit.

J’ai demandé au spécialiste de l’Institut des Relations Internationales et Stratégique, Philippe Migault, de donner son avis sur ce sujet confus.

Philippe Migault : On sait que Kigali depuis l’arrivée au pouvoir de Paul Kagamé à la moitié des années 90 n’a cessé pendant des années de soutenir les mouvements rebelles de l’Est du Congo. L’épisode le plus connu c’est la prise du pouvoir par Laurent Kabila qui était intégralement armé, soutenu par le régime de Paul Kagamé et soutenu militairement sur le terrain. Et cette tendance à l’intervention du Rwanda dans les affaires de la République démocratique du Congo n’a jamais cessé depuis. Je pense que l’explication avancée par la Belgique est la bonne : oui on sait très bien que le Rwanda intervient dans la guerre civile dans l’Est de la République démocratique du Congo.

La Voix de la Russie : Est-ce qu’on assiste à une nouvelle vague de violence dans cette région ?

Philippe Migault : Je ne pense pas qu’on peut parler de nouvelles vagues de violence dans cette région tout simplement parce que la violence ne s’est jamais arrêtée. La violence dans la partie Est de la République démocratique du Congo est endémique depuis bientôt 20 ans. Nous avons régulièrement d’abord une exploitation des gens dans les mines qui relève une mentalité médiévale, nous avons des campagnes de terreur dans les villages entre les différentes fractions de cette ethnique, nous avons régulièrement des pillages, des violes. C’est une région totalement cauchemardée ce qui est malheureusement le paysage actuel et il n’y a rien de nouveau.

La Voix de la Russie : Quel impacte sur le Rwanda peut avoir la rupture avec la Belgique ?

Philippe Migault : Du point de vue de conséquences sur l’Afrique au sens large ce n’est pas quelque chose de structurant parce que c’est plus un épiphénomène. C’est quand même un Etat-nain, la Belgique, qui coupe les ressources d’un autre Etat-nain, le Rwanda. Donc ce n’est pas quelque chose de décisif au niveau de l’Afrique. En revanche, ce qui est intéressant sur le niveau de Rwanda. Enfin, il y a un Etat qui ose dire ouvertement à Paul Kagamé, en plus l’ancien Etat colonisateur qui dit à Paul Kagamé « Maintenant ça suffit ! Vous allez trop loin ». On sait que les Américains ont déjà pris leur distance avec Kagamé. Maintenant ce sont les Belges. Kagamé commence à être de plus en plus isolé. Cela peut avoir un impact, du moins on peut l’espérer, sur la nature du régime à Kigali. Paul Kagamé est un homme inflexible mais on peut espérer que par rapport aux pressions internationales il soit amené à mettre un petit peu d’eau dans son vin.

L’Europe n’est pas suffisamment attentive à ce qui se passe en Afrique Centrale à l’encontre de la situation au Maghreb. Cependant, cette région ne reste jamais calme. Les guerres intertribales emportent des vies de milliers des Africains. Dans cette situation la démarche de la Belgique semble très opportune. Pourquoi fournir de l’armement et former le contingent du Rwanda si cela ne provoque que des conflits permanents et ne sert jamais à la stabilisation de la situation dans la région de l’Afrique Centrale.

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