Je vous découvrirai le secret de Polichinelle si je dis que l’amitié culturelle entre la Russie et la France a toujours existé et continue actuellement de prendre de l’essor au-delà tous les changements politiques ou économiques. Depuis les « Saisons russes » de Sergei Diaghilev à Paris qui a présenté au public français les talents des artistes russes dans le domaine du ballet et de l’opéra, les échanges au niveau culturel entre nos peuples se développent progressivement. Témoignage supplémentaire de cette tendance - le directeur du Théâtre Bolchoї mondialement connu Anatoli Iksanov a été décoré de la Légion d’honneur par l’Ambassadeur de la France en Russie, Jean de Gliniasty. La cérémonie a eu lieu sur la scène historique du Bolchoї juste après l’opéra « La Traviata » qui était joué ce jour-là. M. l’Ambassadeur a souligné que par le titre du chevalier de la Légion d’honneur la France voudrait traduire sa haute opinion de la qualité du travail accompli par M. Iksanov en faveur de la coopération culturelle franco-russe.
A la suite de ce grand événement j’ai contacté M. le Directeur du Théâtre Bolchoї qui a aimablement consenti à raconter à nos auditeurs l’histoire passionnante des échanges théâtraux entre la Russie et la France.
M. Iksanov. Cette dernière décennie une des priorités de l’activité internationale du Théâtre Bolchoї a été bien la France et en premier lieu l’Opéra de Paris. Nous avons travaillé avec de grands chorégraphes français. Parmi ceux-ci on peut nommer Roland Petit, Pierre Lacotte et Angelin Preljoсaj. Ils ont mis en scène plusieurs spectacles au Bolchoї. Le dernier opéra qu’on a inauguré en collaboration avec nos amis français a été « La Cerisaie » dont la musique appartient au compositeur français Philippe Fénelon. C’est le Bolchoї qui a fait découvrir « La Cerisaie » au public du monde entier. Nous avons également créé les spectacles en coopération avec les Français pour les festivals en Aix-en-Provence. On a des relations particulières avec le Grand Opéra où nous nous sommes produits à maintes reprises pour accueillir à notre tour la troupe parisienne au Bolchoї . Sur notre initiative, les artistes de ballet du Grand Opéra ont fait les tournées à Novossibirsk. Et certainement, tout le monde se souvient du gala que la troupe du Bolchoї a organisé avec les artistes de l’Opéra parisien sur la scène de notre théâtre en tant que l’accord final de l’année de la France en Russie. Vous voyez donc qu’on a beaucoup de projets communs. Mais on ne s’arrête pas là. Nos étoiles de ballet continuent à danser avec un grand succès à l’Opéra à Paris. Et nous, à notre tour, nous avons intérêt d’inviter les artistes français à participer à nos spectacles à Moscou. Le Bolchoї ainsi que le Grand Opéra préfèrent des mises en scène classiques et donc nous avons beaucoup de points communs comme nous avons beaucoup à partager. Au fait, cette année nous étions la première troupe étrangère à ouvrir la saison de l’Opéra parisien où on a présenté notre opéra « Evgueny Onéguine » mis en scène par Dmitry Chernyakov.
En outre, la société française de production audiovisuelle « Bel Air Media » enregistre presque exclusivement tous nos spectacles et tous nos ballets et les montre aux cinémas dans le monde entier. « Bel Air Media » vient de signer un contrat avec la compagnie audiovisuelle russe « Melodia » ce que permet également aux citoyens russes d’acheter des disques CD et DVD que « Bel Air » sort d’ores et déjà sur le territoire de la Russie. Nous avons beaucoup de projets à réaliser ensemble dans un avenir proche. En septembre 2013 notamment nous attendons la visite de la troupe du Grand Opéra avec le ballet « Paquita ». De même nous nous proposons de revenir sur la scène de l’Opéra Garnier dans un an. Ainsi donc je peux dire que nos relations avec Paris restent toujours prioritaires et très étroites.
Evidemment, c’est un grand honneur pour la Russie que de voir son citoyen obtenir la plus haute décoration. Comme on a pu s’en rendre compte, la coopération culturelle entre Moscou et Paris reste à un très haut niveau ce qui contribue sans aucun doute au progrès culturel mondial. Pour le Théâtre Bolchoï c’est aussi un événement exceptionnel, surtout dans le contexte de son retour à la vie après sa rénovation pendant laquelle la scène principale du Bolchoї restait fermée.