L’Occident n’a de cesse d’attaquer la Russie ! Déposition d’Arnaud Leclercq

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Arnaud Leclercq, homme d’affaires international, un véritable globe trotter qui cavale à travers pays et

Arnaud Leclercq, homme d’affaires international, un véritable globe trotter qui cavale à travers pays et continent gai comme Tintin, conseiller financier, banquier et docteur ès sciences politiques à ses heures perdues, vient d’éditer un livre qui explicite en bonne et due forme pourquoi la Russie se sent agressée par l’Europe de l’Ouest. En fait, le message délivré par le livre grâce à ce capitaine de la haute finance européenne est tout autre. En chercheur désintéressé et avec la méthode d’un banquier, M. Leclercq décortique en amont et en aval le long contentieux entre la Russie et l’Occident. Notre héros arrive à des conclusions parfaitement extraordinaires qui nous tiennent en haleine jusqu’aux dernières pages et permettent de comprendre la mentalité russe qui est souvent aux antipodes de l’esprit postcartésien ouest-européen. Je vous propose d’écouter ce Français à facettes multiples !

LVdlR. Vous pourriez servir d’un phare aux jeunes Français désireux de réussir leur vie en Russie d’autant plus qu’il y en a plus de 4500 qui sont en passe d’obtenir leur citoyenneté russe. Vous avez sorti chez Ellipses un ouvrage intitulé « La Russie, puissance d’Eurasie » qui fait écho à votre thèse de doctorat « Géopolitique de la Russie, le poids de la longue durée ». On peut lire au sujet de votre livre les lignes suivantes que j’avais retrouvées par l’entremise de l’internet : « Il met en lumière les constantes religieuses, identitaires, politiques de la Russie
et trace les perspectives d’une puissance qui, n’en déplaise à l’Occident, sera de plus en plus incontournable. » Quelles est votre vision de la Russie ? Quel est ce message que vous comptiez adresser à vos lecteurs à travers de votre ouvrage ?

Arnaud Leclercq. Vous savez, quand on a un projet comme ça et je me suis lancé dans ce livre il y a 7 ans avec beaucoup de naïveté… C’est-à-dire que peut-être dans un premier temps une réaction un peu agacée qui consiste de dire, malheureusement, des choses toujours négatives, extrêmement négatives sur le pays. Je ne nie pas qu’il y a vraiment des problèmes en Russie et on en parle souvent : la corruption, etc. Mais j’ai un peu l’impression que l’on ne parle que de cela. J’aimerais tout de même que l’on parle de temps en temps des choses formidables qu’il y a dans ce pays. On doit parler aussi des problèmes, évidemment mais au moins 50/50. Je pense que déjà cela donnerait une image beaucoup plus intéressante de ce qui s’y passe.

Ca c’était une première remarque. C’était peut-être de réfléchir à un livre qui donne une image plus balancée des choses.

Deuxième aspect qui était important, c’est que j’ai vécu ces années, fin 91, sur place et c’était des années de privatisation, les folles années Eltsine. J’étais à Moscou à l’époque et j’étais parti en vacances en 1997. J’étais dans l’avion le 17 août à Moscou, le jour du défaut de la Russie ! Donc la crise financière ! Et donc c’était une période extrêmement difficile pour le pays à l’époque.

Et puis on a vu arriver presqu’en l’an 2000 Vladimir Poutine qui a donné un axe différent par rapport à ce qui s’est passé avant tout en intégrant des choses unanimement reconnues du passé et même de la vieille Russie. Ca a commencé à m’interpeller et j’ai essayé de trouver un livre qui fasse une synthèse de ce qui s’est passé. Je veux dire il y a des références à Pierre le Grand. Il y a des questions géopolitiques, des conquêtes et du rôle d’une puissance pour la Russie et comment pourrait-elle revenir à ce niveau-là ? Je veux dire que dans le contexte de l’ époque et même et surtout dans les médias et certains cercles des intellectuels on disait que la Russie allait éclater, que c’était fini, que c’était un pays du Tiers-Monde, etc. Il faut se souvenir de ce qui a été dit à l’époque !

Je me souviens d’une conférence où je suis allé en 2000-2001 à Londres, ce qui était quelques années après le défaut russe et avec la participation du président de la Banque centrale de Russie. Il y avait les gens de la Banque Européenne de reconstruction et de développement. C’était un peu extravagant d’entendre des discours de certains représentants qui disaient concrètement que jamais un centime ne sera investi en Russie dans les 20 prochaines années, etc. Et je ne fais que citer ! Je ne mens de rien ! Mais les deux personnes qui ont réagi lors de cette assemblée c’était un banquier américain et moi. Et c’était tellement idiot même, on peut le dire, d’un certain point ! Et une méconnaissance totale de ce pays ! Ceux qui connaissaient la Russie commençaient à voir l’inflexion que donnait Poutine déjà à ce moment-là. Je me suis dit : Il se passe quelque chose ! Et à partir de là on essaie de comprendre, on essaie de trouver un livre. Mais comme je n’en ai pas trouvé, j’ai décidé un peu naïvement – je n’avais pas peur à l’époque en plus de mon travail parce que les banquiers m’occupaient quand même pas mal ! – de faire ce travail. Le livre a été finalement fait. Ce que j’essaie de démontrer, c’est que le retour de la Russie à un niveau de grande puissance qu’elle est aujourd’hui parce que c’est l’un des grandes puissances qui comptent dans le monde maintenant… Et il y a une dizaine d’années les gens pensaient que c’était impossible. Et ce retour de la Russie à la puissance s’inscrit, je pense, dans ce qu’on appelle les temps longs qui méritent d’être regardés.

Je vais donner un ou deux exemples qui sont assez étonnants pour un observateur étranger. A la fois Poutine reconnaît que la chute de l’URSS était le plus grand désastre géopolitique. Et en même temps on fait revenir les cendres du général Dénikine avec les honneurs pour les rendre à la mère-Patrie, à la Russie !

Je prends des exemples symboliques mais néanmoins qui sont bien présents. Et quand on commence à creuser toutes ces questions, on se demande quelles sont les sources de la puissance russe ? J’ai fait reprendre certaines thématiques qui ont été déjà exposées : Pierre le Grand ou la Grande Catherine ou encore Nicolas Ier.

Et en creusant ces sujets je suis arrivé finalement à une ligne directrice que je n’avais pas imaginé au début de mon livre mais qui est apparue, si vous voulez, au fur et à mesure de cette recherche qui a été en premier temps une thèse de doctorat… Ce fil curseur est que finalement je suis arrivé à observer l’histoire géopolitique, les relations entre la Russie et l’Occident, en général… Une relation des concurrents. Concrètement pour nous les Européens de l’Ouest, les Français, les Allemands, les Anglais, les Américains qui, à différentes reprises ont attaqué la Russie. Les Polonais, bien sûr, s’y mettaient aussi à l’époque avec les Lithuaniens. Et non pas l’inverse ! Alors qu’en France on a une perception de la Russie comme d’un ours russe qu’on ne contrôle pas trop et qui peut devenir assez vite agressif.

Mais finalement quand on regarde dans l’histoire l’Ouest Européenne et encore moins l’Angleterre et les Etats-Unis ! En lisant mon livre on arrive à mieux comprendre la position de la Russie dont la Russie contemporaine.

Je prends un dernier exemple anecdotique dont on a beaucoup parlé il y a quelques mois, qui est le procès des Pussy Riot. Dans mon analyse je n’ai pas jugé si le jugement était sévère, s’il était dur ou exagéré. Je ne suis pas journaliste. En revanche, limiter la compréhension à notre regard ouest-européen serait complètement erroné. Si on ne cherche pas à comprendre la relation fondamentale entre l’Eglise orthodoxe et plus particulièrement le patriarche et le chef de l’Etat russe actuel. Et les fondements que cela pose, du moins qu’ils veulent poser pour la société actuelle et pour l’avenir de la Russie.

A partir du moment où on commence à comprendre cela, et dans le livre j’évoque le rôle de l’Eglise orthodoxe russe, et on ne comprend pas ce lien spécial qui est tout autre que le lien entre Rome et les états occidentaux, on ne saurait comprendre la décision qui a été prise à l’encontre des Pussy Riot.

C’est cette approche qui permet de comprendre les temps longs et de les transposer en quelque sorte dans l’actualité d’aujourd’hui pour comprendre un peu mieux, j’espère, la volonté de puissance de la Russie. Et comment elle s’exprime par rapport aux autres. »

Comme nous voyons, on peut parler d’une véritable plaidoirie en faveur de la Russie de la part d’Arnaud Leclercq qui s’insurge contre la méfiance et la mauvaise foi des analystes européens. Le torchon a souvent brûlé entre la France et la Russie mais il est vrai que les Russes n’ont jamais porté la guerre à la terre européenne trop préoccupés par le développement de leur propre espace de la taille d’un continent. Je rends raison à Arnaud Leclercq et, pour ma part, crois ferme que la Russie fait tout simplement jalouser un bon nombre de dirigeants d’Etats européens. Et la jalousie est un bien vilain sentiment. A l’attention de l’élite au pouvoir en France, je dirais même qu’elle l’est davantage encore quand on s’y adonne au grand dam des intérêts de son propre peuple - peuple de France en l’occurrence.

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