Démographie russe calomniée

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La Russie dépérit à petit feu. Les Russes ne font plus de béb

La Russie dépérit à petit feu. Les Russes ne font plus de bébés. Ces titres semblent avoir marqué le subconscient collectif international, car les Occidentaux via leurs sondages semblent transmettre une image de la Russie agonisante sans population et avec des armes obsolètes dangereuses pour les autochtones oisifs et les étrangers limitrophes. Le stéréotypé exploité à outrance a porté ses fruits dévastateurs aux pays qui l’avaient généré. Il paraît que très souvent les pays comme la Géorgie ou ceux qui se cachent derrière ont pris leurs propres illusions pour la vérité et ses sont complètement leurrés. Sans parler des armes ou de la recherche militaire, nous nous proposons aujourd’hui à nous pencher sur un autre problème russe, à savoir la démographie. Qu’en est-il vraiment dans le domaine des naissances et des morts prématurées ?

A en croire l’Institut russe des statistiques, en 2011 le taux de fertilité était de l’ordre de 1,7 enfants par femme avec un taux de natalité de +12 p.c. Le Président Medvedev s’est d’ailleurs félicité de cette première timide victoire c'est-à-dire la stabilisation de la décroissance de la population et un faible dépassement des naissances sur la mortalité. En même temps les migrants couvraient le déficit en garantissant un afflux de main d’œuvre au niveau de 320 mille personnes à titre annuel. Nous ferons bien de nous souvenir que la décroissance se maintenait au niveau de -20 Mille ce qui donnait un résultat nettement positif.

Ces données présentées par l’INSEE russe semble être en contradiction avec les pronostics et la conclusion générale des démographes français. Ainsi, René Cagnat, interrogé par la très sérieuse revue ‘Diplomatie. Affaires stratégiques et internationales’ en novembre 2010 nous donne une autre évaluation démographique. Selon lui, «’Nous avons pu observer dernièrement une embellie, attribuée aux encouragements financiers prévus par Poutine. Mais l’amélioration serait due surtout à un léger rétablissement démographique dans les années 1980. Dans deux ans la situation risque de se dégrader ». Fin de citation.

Force nous est de constater que Monsieur Cagnat s’est trompé dans ses prévisions parce que 1 an plus tard on accuse une dynamique positive de croissance et ce malgré le pronostic de la chute. Pour une population qui compte au total 142 Millions d’habitants (recensement de 2005), les Russes sont loin derrière l’Inde et la Chine qui, à elles deux, réunissent un chiffre e l’ordre de 3 Milliards. Viennent après les Etats-Unis, 370 Millions talonnés de près par le Pakistan. Selon le rapport onusien, World Population to 2300, la Russie a déjà atteint son pic démographique en l’an 2000 avec une population estimée à 145,6 Millions d’habitants. Le déclin va maintenant se poursuivre jusqu’en 2100 où la Russie devrait se retrouver avec quelques 79,5 Millions. Ensuite les chiffres repartent à la hausse et atteignent 91,6 Millions en 2300.

Cependant, ces chiffres n’apparaissent pas comme tangibles et pour cause. Tout d’abord ils ne tiennent pas compte d’une forte immigration en Russie des autres pays de la Communauté d’Etats Indépendants. 16 p.c. en sont assurés par les Ukrainiens ; peuple slave aussi proche des Russes que les Espagnols des Italiens. Il est également à noter que l’ethnie russe représente 10 Millions en Ukraine dans les régions limitrophes à la frontière russe. Cette population représente un stock des russophones slaves qui peuvent à n’importe quel moment de leur vie grossir les rangs des citoyens de la Grande Russie. Les autres états membres de la CEI contribuent fortement à la lutte contre le dépeuplement et, chose des plus importantes à citer, les guerres du Caucase sont maîtrisées ce qui doit obligatoirement provoquer une baisse de mortalité. C’est que à chaque fois que les belligérants Tchétchènes ou les Grands Russes se faisaient tuer, ils dégrossissaient réciproquement la quantité de citoyens les deux ethnies étant sujets russes. Après la fin de la deuxième guerre du Caucase et la confrontation en Ossétie du Sud, la démographie caucasienne est de nouveau au beau fixe et els services médicaux dispensés aux nouveaux nés sont en nette amélioration.

Il serait également intéressant de tenir compte des réflexions secondaires à l’égard des statistiques. Parfois comme disaient les pères jésuites elles sont comme le bikini ; elles montrent le superflu mais elles cachent l’essentiel. En voici un exemple des plus éloquents.

Depuis vingt ans les oiseaux de malheur partent en jérémiades sur les Bolchéviks qui ont su amoindrir la population russe. Or, si vous prenez le dictionnaire encyclopédique Brockhaus et Efron, édité sous le Tsar Nicolas II au tout début du vingtième siècle, vous auriez vite fait de constater que la population de l’Empire russe se chiffre à quelque 100 Millions de sujets et la Grande Russie qui représente juste une partie de l’Empire et correspond aux frontières actuelles russes ne représente alors que 67 Millions de personnes. Viennent ensuite la Première Guerre Mondiale, la Révolution, La Guerre Civile, les goulags, l’industrialisation forcée, la grande famine et les épidémies d’entre-deux-guerres, la Seconde guerre mondiale et l’exode des travailleurs russes emmenés par les nazis dans les stalags, enfin, la politique de décolonisation des années 90 et, drôlement, les Russes se retrouvent avec un bilan positif de plus de 143 Millions d’individus. Autrement dit, en cent ans, nonobstant les malheurs apocalyptiques qu’ont connu les Russes ; ils ont plus que doublé leur nombre passant de 67 à plus de 143 Millions d’habitants.

J’aimerais bien défier Madame Hélène Carrère d’Encausse qui a sonné le glas du dépeuplement russe dans ces livres qui lui ont valu son grand rang d’immortelle. J’aimerais également avoir l’avis d’un Soljenytsine qui n’a jamais expliqué d’où il avait tiré ses chiffres sur les victimes des goulags. Quoi qu’il en soit, on aurait du mal à imaginer les statisticiens russes de l’Empire tsariste fomenter une cabale avec les statisticiens du Goskomstat d’aujourd’hui. Les chiffres sont bien là et les faits témoignent clairement que la main d’œuvre n’a pas manqué pour peupler la Sibérie ou gagner la Seconde Guerre Mondiale.

Décidément il existe plusieurs types de mensonge : le mensonge tout court, le ‘saint’ mensonge justifié et… les statistiques.

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