La colonie française à Moscou à la fin du XVIII- début XIX siècle. Part 1

La colonie française à Moscou à la fin du XVIII- début XIX siècle. Part 1
La colonie française à Moscou à la fin du XVIII- début XIX siècle. Part 1 - Sputnik Afrique
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Bien qu’on soit en 2013 déjà et qu’on ait largement cé

Bien qu’on soit en 2013 déjà et qu’on ait largement célébré le bicentenaire de la guerre avec Napoléon l’année passée, ce sujet est toujours d’actualité et suscite un grand intérêt mutuel chez les Russes et les Français. J’ai pu le constater après avoir assisté à la présentation du livre de l’historienne française Sophie Hasquenoph qui a visité récemment Moscou. Dans son ouvrage Les Français de Moscou au 19ème siècle Sophie Hasquenoph fait découvrir la vie d’une colonie française à Moscou, une vie pleine d’aventures, d’événements et d’émotions que des Français ont vécus en Russie à la fin du XVIII-XIX siècles. Et ce qui est le plus remarquable c’est qu’une grande partie de ce livre est consacrée à l’année 1812 et au sort des Français qui habitaient à cette époque-là la capitale de Russie. Que représentait cette colonie et quelle était sa composition, nous raconte l’auteur du livre, maître de conférences à l’Université Lille-3, Sophie Hasquenoph.

Sophie HASQUENOPH : La colonie française de Moscou est née dans la seconde moitié du XVIII siècle. Pendant longtemps on a dit que c’est la Révolution française qui est à l’origine d’une colonie française dans la mesure où des aristocrates français, des ecclésiastiques français persécutés ont retrouvé refuge à Moscou. Ils auraient été suffisamment nombreux pour constituer une colonie. Mais aujourd’hui on ne dit plus tout à fait ça. La réalité est quand même autre parce que la colonie française existait avant la Révolution. La Révolution française a renforcé les rangs de cette colonie. Cette colonie constituée des gens très divers, les artistes, les artisans, les commerçants et les précepteurs, était dynamique mais elle cherchait surtout à s’enrichir, à faire fortune. Et très vite même certains aristocrates qui sont des réfugiés de la Révolution française vont s’investir dans les affaires.

Sophie Hasquenoph dégage quelques vagues de l’immigration des Français en Russie…

Sophie HASQUENOPH : Il y a d’une part des Français qui se sont installés dans les années 1770-1780 à Moscou parce qu’ils ont répondu à l’appel de Katherine II qui a voulu colonisé des parties de la Russie périphérique, entre autre sur les bords de la Volga, des régions vierges. Et elle a fait appel à des Allemands mais aussi à des Français. Donc il y avait des recruteurs français qui ont fait une sorte de propagande en France pour attirer des Français en leur promettant de bonnes terres…Beaucoup sont partis là-bas mais très vite ils ont déchanté. Ils se sont installés sur les bords de la Volga, entre autre dans la colonie de Saratov, et puis ils ont eu beaucoup de mal au final à s’acclimater au climat de la Russie, à faire de l’agriculture et très vite ils ont décidé de partir. Il y avait deux solutions : ou bien ils rentraient en France ou bien ils s’installaient dans la capitale de Russie. Et à Moscou ils se sont investis dans le commerce.

Ensuite c’était la princesse de Wurtemberg qui a ramené avec elle à Moscou un assez grand nombre de Français.

Sophie HASQUENOPH : Lorsque la princesse de Wurtemberg (actuellement c’est la région de Montbéliard) qui à la fin du XVIII siècle a épousé le fils de Katherine II, le future Paul I, lorsqu’elle est partie en Russie, elle est partie avec une partie de sa cour et elle a été suivie par un nombre relativement important de gens de Montbéliard qui voulaient aussi tenter l’aventure russe. Il y a une tradition d’exile des gens de Montbéliard vers la Russie dès la fin du XVIII et pendant tout le XIX siècle. Sous la Révolution française il y a eu des gens de Montbéliard qui voulant échapper à la guillotine, par example, et qui ont décidé de partir en Russie.

Puis il y eu une autre vague de l’immigration qui comprenait des réfugiés de la Révolution française, aristocrates et ecclésiastiques, qui exerçaient par excellence le métier de précepteur. Sophie Hasquenoph évoque à ce propos une anecdote bien intéressante :

Sophie HASQUENOPH : Vous avez entre autres le coiffeur de la reine française Marie Antoinette, un certain Léonard qui était un coiffeur de lux. Ce Léonard ayant travaillé pour la reine de France risquait sa peau en restant en France. Il risquait d’être guillotiné. Donc il s’est exilé à Moscou où il continuait d’exercer la profession de coiffeur. Un certain nombre de Moscovites a été très flatté de se faire coiffer par le grand coiffeur Léonard de la reine Marie Antoinette.

La Russie où la société mondaine ne pouvait pas se passer de divertissements, accueillait avec plaisir les artistes étrangers.

Sophie HASQUENOPH : Autre groupe de Français qui alimentait cette colonie ce sont les artistes, essentiellement des artistes de théâtre, des comédiens qui au début du XIX siècle se sont intéressés à l’Est de l’Europe. Vous, les Russes, vous aimez beaucoup le théâtre et vous savez que beaucoup d’aristocrates avaient des troupes privées. Il y avait même une publicité, une sorte de publicité de propagande qui est faite en France pour partir en tant qu’artiste en Russie, c’est la grande mode du moment.

Et bien pourquoi les Français ont été toujours bienvenus par les Russes ?

Sophie HASQUENOPH : Ce qui fait la réputation de la France c’est le commerce de luxe. Beaucoup vont décider de s’adapter à la demande et d’ouvrir des commerces considérés comme des commerces de luxe. Et ça va très bien fonctionner. Et où vont-ils ouvrir leur commerce ? - Au centre de Moscou autour du Pont des maréchaux près de Kitai-Gorod, au cœur de la ville de Moscou.

Cette fois-ci nous avons essayé de comprendre les origines de la colonie française dans la capitale de Russie. Notre reportage suivant portera sur le sort des Français de Moscou dans la guerre de 1812 et notamment lors du fameux incendie à Moscou.

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