Qu’apportera le sommet du G20 ?

Qu’apportera le sommet du G20 ?
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Les préparatifs du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg touchent à leur fin. Le sommet, sous présidence russe, se déroulera les 5 et 6 septembre dans la banlieue de la « deuxième capitale » russe à Strelna. L’ordre du jour de la rencontre des 20 chefs d’Etat est chargé mais les axes principaux de la discussion resteraient les mêmes que lors des derniers sommets en Europe et en Asie qui ont mis en exergue un problème économique commun, celui du ralentissement de la croissance économique et des nouveaux moyens de reprise. Pour faire le point du programme de discussions et des perspectives du sommet à venir, nous nous sommes adressés au Responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, Charles de Marcilly.

LVdlR : Monsieur Charles de Marcilly, lors du Sommet du G20 qui se tiendra cette fois-ci en Russie on évoquera les mêmes questions que lors du sommet qui s’est tenu au Mexique : celles de la croissance économique, du chômage, de la sécurité des produits de consommation ou de la croissance verte. Est-ce que l’ordre du jour et les problèmes principaux sont en effet les mêmes ?

Charles de Marcilly : Tout d’abord, je commencerai par un petit rappel. Le G20 a été créé à la fin des années 1990 pour faire face aux différentes crises financières. Si on reprend ce principe, on observe que l’actualité n’a pas beaucoup changé… La vocation essentielle est toujours de se concentrer sur les questions économiques. Parmi les grandes puissances, le G20 rassemble 19 Etats plus l’Union européenne. Il y a également le FMI, la Banque mondiale ainsi que des pays invités assez régulièrement tels que les Pays-Bas, l’Espagne ou Singapour, qui participent également. Il faut rappeler que c’est un sommet annuel des chefs d’Etat et de gouvernement qui se tient à l’automne le plus souvent et qui, en effet, est un forum plutôt informel. Ce sont des discussions et il n’y a pas d’obligation de résultat, ni de procédures décisionnelles définies qui soient très précises. Si on parle de « productivité de l’événement », il est difficile d’estimer des résultats. Depuis la dernière rencontre, on note en effet que les thématiques sont les mêmes, même si je pense que la croissance verte n’est plus exactement l’enjeu principal. Comme souligné lors de la réunion des sherpas de juillet, et qui sera développé lors de la réunion des différents chefs d’Etat et de gouvernement, il s’agira de se concentrer sur la stimulation de la croissance et d’essayer d’avoir un peu plus d’emplois et donc moins de chômage dans un avenir proche. Le deuxième paramètre, évidemment, c’est la réforme financière internationale qui doit toujours être négociée. Elle était l’objet de la dernière grande réunion. On doit encore mettre en œuvre Bâle III, par exemple, et un ensemble de questions liées à la supervision bancaire. Il faut voir que ces réformes sont entreprises, en premier lieu, par l’UE et qui peuvent être rejoints par d’autres grandes puissances. Elles doivent encore être améliorées. On le voit pour la zone euro, tout cela est en cours, et nous ne sommes pas encore un modèle d’exemplarité. On peut estimer que, dans un futur proche, l’UE pourra relancer ces questions et que justement ses partenaires du G20 pourront le faire assez rapidement. Et puis un dernier point qui sera, à mon avis, assez important parce que c’est un dossier récurrent sur les sommets du G20, c’est la question fiscale avec une attention qui avait été portée ces derniers mois sur les pratiques des grands multinationales qui pouvaient avoir recourt à des montages plus ou moins opaques d’optimisation fiscale. C'est-à-dire que les entreprises, évidemment, d’une certain taille, peuvent choisir auprès de quel Etat-membre ou pas elles peuvent se domicilier et de bénéficier d’avantage liés au statut de résidant et de « jouer » avec les différentes fiscalités. Il faut une réforme, une coordination, une réponse qui soit commune aux différents Etats. Je pense que ce sont les paramètres principaux qui seront étudiés en septembre.

LVdlR : A l’issu du sommet pourra-t-on s’attendre à l’élaboration d’un plan d’actions ?

Charles de Marcilly : On peut toujours espérer qu’il ait un plan d’actions mais il faut retenir que les derniers mois ont été un petit peu tendus. Si on prend les relations entre la Russie et l’UE, entre l’UE et la Chine notamment sur les questions commerciales avec les dossiers comme les panneaux solaires ou l’acier qui montrent qu’il y a des tensions. Il est donc très ambitieux, à mon avis, d’estimer qu’on pourra avoir un plan d’actions. Je pense que ça va déjà être une bonne chose si les différentes personnalités peuvent se rencontrer en multilatéral ou en bilatéral même si on sait que ce n’est pas encore certain pour certaines rencontres. Il faut s’attendre justement à avoir un échange qui soit franc et direct si on reprend les derniers dossiers de juin et de juillet. Et donc avoir un plan d’actions sur ces paramètres fiscaux, économique ou de croissance, qu’elle soit verte ou pas, me paraît aujourd’hui un peu ambitieux.

LVdlR : L’UE a déclaré que la récession touche à sa fin, le chômage aux USA a diminué notamment. Faut-il s’attendre à de nouveaux accords comme l’accord interdisant les mesures protectionnistes dans le commerce, par exemple ? Ou bien il est trop tôt pour en parler ?

Charles de Marcilly : Les relations commerciales sont évidemment au cœur des discussions puisque l’UE et les USA ont ouvert en juillet les négociations pour conclure un accord de libre échange. Les relations commerciales notamment avec l’UE, ont posées quelques problématiques et difficultés récemment donc il est entendu que ça sera un des thèmes principaux. En revanche, on se rappelle de l’échec du Gatt et de certaines négociations de l’OMC, et le mutltilateral à tendance à être supplanté par le bilatéral. Essayer de se mettre d’accord à 20 paraît aujourd’hui un petit peu ambitieux là aussi. Je pense que ces discussions seront plutôt de l’ordre bilatéral que du multilatéral. Par ailleurs, si certains indicateurs peuvent paraître un peu optimistes du point de vue économique, c’est surtout qu’ils n’ont pas été aussi mauvais qu’espérés. Ce n’est pas pour cela que la croissance remonte de façon structurelle. On est plus dans une dimension du « moins pire que prévu » et que les nuages peut-être disparaissent un petit peu. Oui, certes, mais il en reste quand même beaucoup : le ralentissement économique des pays émergents, par exemple, ou le chômage toujours très élevé en Europe. Ce sont des situations qui sont encore difficiles. Il est un peu tôt pour penser que la croissance est revenue et que l’on pourra avoir une situation économique très positive à venir. Je pense que la réponse que le G20 pourra apporter sera d’essayer d’avoir quelques ambitions communes mais d’avoir un plan d’actions qui soit très pratique et pragmatique pour sortir de la crise paraît encore un peu prématuré.

LVdlR : Lors du sommet, la Russie veut discuter de l’amélioration de la connaissance des citoyens en matière de finance. Ce sujet, pourra-t-il intéresser d’autres participants du sommet ?

Charles de Marcilly : Il y avait quelques études qui étaient menées par la Commission européenne, par les organismes internationaux qui essayent justement de mesurer quelle est la connaissance des citoyens de différents pays des paramètres économiques : savoir ce qu’est un déficit, un crédit, un débit, comment cela fonctionne. Aujourd’hui il n’y a pas évidemment de réponses, de programmes communs pour apprendre aux gens l’économie. C’est une compétence qui est encore très nationale, dans certains pays même régionale, locale. Il est donc difficile d’avoir une réponse commune à ces paramètres. En revanche, il peut y avoir des modèles, des exemples qui peuvent être retirés. Certains Etats-membres en Europe, par exemple, se sont avancés pour essayer de pouvoir présenter et de promouvoir des explications auprès des citoyens pour lutter contre l’endettement. Ces mesures peuvent permettre de renforcer la sécurité financière des individus et des personnes physiques. Mais d’avoir un plan commun, je ne crois pas que ça soit vraiment d’actualité.

LVdlR : Merci Monsieur de Marcilly.

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