La France, terre d’asile des investissements russes ?

La France, terre d’asile des investissements russes ?
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Lors de sa visite mi-septembre à Moscou le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a beaucoup parlé de la nécessité de développer la diplomatie économique. Rien de nouveau dans cette démarche, certes. 7 mois plus tôt François Hollande a aussi clairement indiqué que l'objectif majeur de sa visite en Russie était surtout d’encourager les échanges économiques entre les deux pays que de parler de la politique.

« L’enjeu est simple : être davantage présent sur le marché russe, exporter davantage, créer des emplois, attirer des capitaux russes en France », a -t-il déclaré lors d’une rencontre avec des hommes d’affaires organisée par la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe. Cette «diplomatie économique » comme nouvelle priorité du Quai d'Orsay s’impose. Or, en répétant encore une fois ces « thèses de février » du président, Fabius se plaignait également à son homologue russe que la croissance d’entreprises russes opérantes en France n’est toujours pas aussi importante qu’on le souhaitait.

Donc, quelles sont les causes principales de cette indécision des investisseurs russes ?

En parlant ce mercredi devant les étudiants russes de la stratégie d’investissement française le directeur du bureau de Moscou de l’Agence française pour les investissements internationaux Jérôme Clausen a été franc: si pour le moment plus de 400 filiales d’entreprises françaises sont implantées en Russie on ne compte que quelque 30 entreprises russes qui fonctionnent aujourd’hui dans l’Hexagone. Cette disproportion est flagrante mais on travaille toujours pour la corriger.

Jerôme Clausen. La France est très ouverte aux investissements internationaux. En 2012 le pays est devenu la 1ère destination européenne pour les investissements étrangers dans l’industrie, le premier pays d’accueil en Europe des investissements issus de Etats-Unis et le 5ème pays d’accueil des investissements directs étrangers avec 25 milliards de dollars . Plus de 20 000 entreprises étrangères sont présentes en France, qui emploient près de 2 millions de personnes et qui contribuent un tiers des exportations françaises.

LVdlR. Il est vrai que depuis Voltaire ou encore plus tôt quand la fille du prince russe Yaroslav est devenue la reine de France les relations avec la Russie ont toujours été très bonnes. D’ailleurs, si l’Elysée mène toujours une politique pro-russe l’opinion publique française est paradoxalement antirusse: l’image de la Russie à travers des articles du Monde et du Figaro est toujours très négative. Selon Jérôme Clausen, le climat social constitue l’un des freins majeurs pour les flux d’investissements russes vers la France.

Jerôme Clausen. Ce qu’on fait à travers des médias, on préfère que l’information vienne de Russie. S’ils veulent recevoir l’information, ils doivent ramper auprès des médias russes pour transmettre l’information à partir de nos sources.

LVdlR. Or, selon les économistes le facteur essentiel pour les investissements est non seulement le climat favorable mais aussi le temps. Et les chinois ont même un proverbe : « Le meilleur moment pour planter un arbre était vingt ans auparavant. Le suivant bon moment est aujourd'hui ». Ce proverbe est pleinement applicable aux investissements. Cette année l’Agence française pour les investissements internationaux a suivi une quinzaine des investissements russes vers la France et a encore 6 en projet. Cela signifie que tout est possible si on se débarrasse des stéréotypes et devient plus ouvert l’un envers l’autre.

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