La polémique a éclaté ce weekend, quand le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a dénoncé cette vente et demandé à la ministre de la Culture, Aurelie Filippeti de l’interdire L’appel a été entendu. Déjà lundi, la maison d’enchère a décidé de retirer les lots « de nature à choquer ». Parmi eux on trouvait, par exemple, la carte d’identité et le passeport de Goering, ou un portrait d’Hitler réalisé par le photographe officiel Heinrich Hoffmann. Pour Sylvain Zenouda vice président du BNVCA c’est une vente obscène, car ce genre d’objets a sa place dans un musée ou une institution, pas dans une collection privée :
« L’exhibition de ces objets est interdite par la loi en vertu de l’article R 645-1, qui punit d’amendes, etc., le fait d’exposer de s’exposer ou de revêtir des uniformes de la période nazie, qui a provoqué la mort de 50 millions d’individus sur Terre et des horreurs sans nom.
Ensuite il y a également le fait que cette vente était obscène, il n’y a pas d’autres mots, car elle était programmée pour la veille de la commémoration de la Shoah. Ensuite il n’est pas normal que tout cela se retrouve dans lieu autre que pédagogique, un musée ou une institution quelconque En France ce ne sont pas les musées qui manquent.
Il faut faire attention, ce ne sont pas des objets d’art. Il y a des gens qui veulent spéculer avec ça et il y en aura toujours, il y aura toujours des personnes pour vouloir faire de l’argent avec de l’immonde et qui n’ont pas peur de se salir les mains, et puis il y a ceux qui auraient voulu s’enorgueillir d’avoir ça par-devers eux.
Celui qui a combattu, celui qui est arrivé au Berghof après avoir surmonté d’immenses difficultés, je comprends bien qu’il ait ramassé ça, qu’il l’ait gardé. Mais après, sauf si la famille voulait le conserver pour des raisons familiales et historiques personnelles, la sagesse exigeait que ce soit dans une institution, dans une administration, quelque chose de pédagogique. »
Du côté de la maison d’enchères Vermot de Pas, cette interdiction est un malentendu décevant, puisqu’avant de mettre les lots en vente, la direction avait reçu l’accord du Conseil des ventes. Aucune infraction n’a été commise. Ce qui n’était pas d’ailleurs le cas.
La vente aux enchères compte quelques 290 pièces saisies par les soldats français de la division Leclerc dans la résidence du Führer. Ils y sont entrés les premières après le bombardement du 24 avril 1945 par l’aviation alliée. De nombreux objets pillés par les S.S. en Europe, mais aussi des livres, document officiels, argenterie et d’autres objets ayant servi aux dirigeants de l’Allemagne nazie ont été découverts. Le plus coûteux des lots – un coffre de bois, un cadeau pour le 49ème anniversaire d’Hitler, le 20 avril 1938. Le lendemain il projetait l’attaque de la Tchécoslovaquie. L’estimation était de 3000 -5000 euro. Les autres objets valent des dizaines, voire plusieurs centaines d’euros.
Mais pour le BNVCA saisir ce type d’objets c’est un combat quotidien. L’année dernière, un manuscrit des Protocoles de Sion ainsi qu’un costume de déporté ont été retirés des ventes :
« Avec d’autres associations nous avons obtenu gain de cause pour une vente qui devait se faire sur Internet, le serveur a été condamné et la vente n’a pu se faire. Vous avez des gens qui vendent ça sous le manteau, vous avez ça sur les brocantes, vous avez des objets qui apparaissent, vous avez des milliers d’objets comme de ce genre qui circulent, des livres, des ouvrages… Quand je pouvais j’allais porter plainte, mais parfois c’était trop tard, les gens étaient déjà partis et parfois c’est difficile de faire entendre raison au vendeur, car pour lui tout ce qui l’intéresse c’est acheter, vendre et faire son négoce. » T
