Un groupe eurosceptique à l’horizon

Un groupe eurosceptique à l’horizon
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Les élections européennes sont de plus en plus proches et les sondages se multiplient donnant le Front National comme l’un des favoris pour ce scrutin. Mais bien que cette montée de l’extrême droite et de l’euroscepticisme semble évidente Jean-Yves Camus politologue français nous a expliqué que le groupe antieuropéen ne devrait pas dépasser 30 % des sièges au parlement européen.

Est-ce qu’il faut s’attendre à une vague d’euroscepticisme qui va envahir l’Europe après le 25 mai ?

A condition de bien définir ce qu’est l’euroscepticisme, qui recouvre des réalités extrêmement diverses, oui probablement les ressortissants des 20 pays européens qui votent enverront d’avantage de députés eurosceptiques que dans les précédents parlements. Il faut voir que tous les eurosceptiques n’ont pas le même agenda, il y a des gens qui veulent que le pays qu’ils représentent sorte purement et simplement de l’Union Européenne, c’est le cas des Britanniques Ukip et du Front National français. Il y a les souverainistes allemands qui ne sont pas antieuropéens par principe, mais qui souhaitent que l’Allemagne revienne au Mark et qu’ils sortent de la zone euro, leur critique est plus sur la manière dont l’Union Européenne fonctionne, que sur son essence même. On a également à part les partis souverainistes de droite, des partis souverainistes de gauche, qui eux choisissent aussi de quitter l’Union Européenne, soit de la construire sur des bases tout à fait différentes, notamment avec cette demande d’Europe du mieux disant social qui est soutenue par beaucoup de partis de gauche radicale ou alternative.

Est-ce que l’on peut donc conclure que ces partis n’ont pas une lignée commune et que donc il n’y aura pas de coalition, qui était annoncée par les partis d’extrême droite européens ?

Il y aura certainement un groupe politique au parlement européen, qui rassemblera le Front National français et un certain nombre de ses alliés à la condition que soient réunies deux conditions énoncées par le règlement du parlement européen, il faut 25 députés provenant de 7 pays différents. Puis il y a le poids que les eurosceptiques auront dans le prochain parlement. Selon une étude d’opinion, les principaux groupes actuellement présentés à Strasbourg, c’est à dire le parti populaire européen, le parti socialiste européen et l’alliance des libéraux et démocrates représenteraient 70 % des sièges dans le prochain parlement, ça laisse 30% des sièges pour les eurosceptiques. C’est effectivement un pourcentage important, ça peut sur un certain nombre de votes faire gripper le mécanisme, mais ça ne constitue absolument pas une majorité. Au soir du 25 mai, sauf cataclysme politique dans toute l’Europe, les partis qui sont en faveur d’une construction européenne économiquement libérale et une Europe plutôt supranationale avec une source de législation située au dessus des parlements nationaux, cela resteront majoritaires.

Comment est-ce que l’on peut comprendre ça ? Quand on voit de sondages on s’aperçoit que le FN en France va peut être passer devant l’UMP ?

Si l’on prend l’hypothèse d’un FN arrivant devant l’UMP au soir du 25 mai, il y aura toujours moins de députés frontistes que de députés UMP et Parti Socialiste additionnés, donc ils seront arithmétiquement minoritaires. Et il y a des pays où les phénomènes eurosceptiques et populistes de droite ne prennent pas même quand ils sont touchés par la crise, c’est le cas par exemple de l’Irlande de l’Espagne, de Malte et de Chypres, ce sont de petits pays confrontés à des problématiques tout à fait différentes, donc au final ça ne fait par une majorité pour les eurosceptiques au parlement. Mais dans un certain nombre de pays, en France ou aux Pays Bas, en Finlande ou au Danemark ça représentera une force politique qui pourra talonner de très près la droite conservatrice traditionnelle et les sociaux démocrates et les libéraux.

Si on prend en comparaison les deux élections qui se déroulent en France, les municipales et les européennes on voit que le Front National va probablement avoir un résultat plus satisfaisant pour les élections européennes que pour les élections municipales.

Ca tient d’abord au mode de scrutin, aux européennes on vote à la proportionnelle, ça tient ensuite à ce qu’il n’y ait qu’un seul tour, il n’y a donc pas de reports de voix, on vote qu’une seule fois et la question du vote utile ne se pose donc pas. Aux élections municipales le Front National avait 597 listes, donc dans 597 communes de France sur 37000, donc il n’y a qu’une très grande minorité de Français qui pouvaient voter pour le FN. Aux élections européennes c’est beaucoup plus simple, il y a 7 circonscriptions en métropole, une circonscription en outre mer, des listes frontistes partout, par conséquent tous les électeurs qui se rendront aux urnes le 25 mai pourront voter pour le FN.

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