Catalogne fait un pas vers l’indépendance

Catalogne fait un pas vers l’indépendance
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« Vote symbolique » - c’est le nom qu’on a donné à cette sorte de « collecte d’opinions » organisée dimanche 9 novembre en Catalogne espagnole. Effectivement, ce vote est plein de symboles et d’influence sur la suite des évènements… Au moins 2 millions de Catalans ont participé au vote – sans valeur juridique - sur l'indépendance de la Catalogne. Un chiffre impressionnant. Près de 80 % ont voté « oui », selon les résultats provisoires diffusés dans la nuit de dimanche à lundi.

Jamais un gouvernement comme celui du Parti Populaire n'a été aussi pris en flagrant délit de manque de culture démocratique. Pourtant, en 2011, ce parti accède au pouvoir en remportant directement la majorité absolue des députés. Mais visiblement, ils ne comprennent rien de la Catalogne. Peut-on même de parler d’une leçon de démocratie ? Une journée d’ «élections» sans aucun incident et dans la bonne humeur. 2 250 000 Catalans sont allés voter. Le résultat est important, bien sûr, mais pas seulement. La désobéissance et une société civile puissante et mobilisée ont fait le reste...

Et nous avons demandé d’exprimer son sentiment vis-à-vis de ce vote symbolique au Président de l’Association de la langue occitane, Jean-Louis Blénet.

Jean-Louis Blénet. J’y étais même. C’est surtout une grosse participation. C’est le troisième scrutin de participation depuis qu’il y a de nouveau des scrutins en Catalogne. C’est important. 80% (de « oui ») s’applique à une très forte participation.

Tout était normal. Il a eu des signalétiques, des drapeaux catalans à pas mal de fenêtres. Mais tout se passait normalement, tranquille dans les villes où je suis allé, les gens étaient assez contents, d’autres - indifférents… comme quand il a un vote.

La Voix de la Russie. Quel avenir à ce questionnement ?

Jean-Louis Blénet. Il faut dire que c’est leur cinquième mobilisation, plus que millionnaire, sans casser ni un verre, ni une vitre, ce qui est quand-même exceptionnel. La dernière fois quand j’y étais, il y avait 1 800 000 personnes – pacifiques, tranquilles.

A mon avis, ils finiront par obtenir une nouvelle situation dans l’Espagne. Ils arriveront, au moins, avoir une souveraineté reconnue. Ce n’est pas possible à tenir comme situation par rapport au gouvernement espagnol. S’ils continuent a être aussi bien organises et si à chaque fois il y a plus de monde, si cela fonction de mieux en mieux, qu’il y a la dynamique… à mon avis, ils vont arriver par avoir soit un vrai vote (c’est ce qu’il faudrait), soit – une modification.

De toute façon, les basques vont finir par les rejoindre. Parce que les Basques viennent de faire un changement de stratégie.

LVdlR. Dans quel sens ?

Jean-Louis Blénet. Jusqu’à présent les Basques – il a eu un article là-dessus et la déclaration d’Otegi qui est actuellement en prison – étaient trop discrets par rapport à ce qui s’est passe en 1981, va comprendre pourquoi… En fait, Otegi vient de dire qu’il fallait régler le problème des prisonniers, ce problème qui est en rapport avec ETA, avec l’Etat espagnol, et ensuite il rentrerait dans la phase de la souveraineté.

Ce faisant, il vient de s’apercevoir qu’il donne la main totalement au gouvernement à Madrid. Il suffit que Madrid soit de mauvaise volonté pour régler leur problème d’ETA et des prisonniers, pour que jamais ils n’engagent une autre phase. Ils viennent de changer de stratégie : déclencher la phase souverainiste et le problème des prisonniers se règlera en conséquence. C’est un grand changement qui va arriver.

LVdlR. Pensez-vous que l’Etat espagnol peut avoir recours à la force, si jamais le référendum catalan se fait malgré leur opposition ?

Jean-Louis Blénet. Non. Il n’aura pas de referendum malgré leur opposition. Ce qu’il faut souhaiter – ce sont les élections plébiscitaires. C’est-à-dire, des élections avec un contenu. Soit – avec une liste unique, soit-avec plusieurs listes qui ont un même accord pour quelque chose. C’est ce qui s’est passe en Espagne il y a longtemps pour destituer la monarchie. A l’occasion d’élections municipales, tous les parties se sont mis d’accord que leur programme, invariable pour tous les partis, consistait à l’arrêt de la monarchie. Et c’est ce qui s’est passe.

Soit, il aura des élections, avec des gens qui auront le programme commun. Soit il aura un referendum.

LVdlR. Ça soit la voie démocratique…

Jean-Louis Blénet. Toujours.

LVdlR. Et de l’autre cote de la frontière ? Catalogne française peut rejoindre à un moment donné Catalogne espagnole ?

Jean-Louis Blénet. Non. Je ne pense pas. Par contre, il aura des liens culturels et économiques de plus en plus forts. Elles vont donner des échanges qui, dans quelques années qui viennent, seront dans le même processus. Pour la Catalogne du nord, qui est en France, ce ne sera pas moins qu’une dizaine d’années.

Commentaire de l’auteur. Les opposants à la scission avec le gouvernement central avaient annoncé avant même de ce vote qu'ils boycotteraient le scrutin. Soit ! Mais 80% des électeurs ont dit SI+SI. Et on ne plus rayer ce résultat des minutes de l’Histoire. «Nous avons démontré que la justice espagnole ne nous fait plus peur, même lorsqu’elle nous menace, nous avons récupéré notre entière souveraineté et mis le cap sur la liberté», a déclaré le leader de l’Association nationale catalane pro-indépendance Carme Forcadell devant une foule de partisans à Barcelone.

Catalogne fait un pas décidé et pacifique vers l’indépendance. La balle est dans le camp du gouvernement Espagnol. Saura-t-il répondre ?

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