Move to the left. Move to the right. L’Europe bascule à droite ?

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L’extrême droite regarde l’avenir européen droit dans les yeux. La Suisse, qui ne fait pas partie de l’Union Européenne sent elle aussi le vent de nouvelles tendances politiques.

En octobre dernier l'Union Démocratique du Centre a récolté 65 sièges sur 200 au Conseil National. Le pouvoir exécutif suisse présenté par 7 ministres, compte désormais 2 membres de l'UDC, le parti le plus à droite de l'autre côté de Jura, et le nouvel arrivant est Guy Parmelin.

Cette année un grand nombre de pays européens ont fait un pas à droite. Sans parler de la France et de Marine le Pen qui n'est guère étonnée de sa victoire au premier tour des régionales, les français ne sont pas les seuls à vivre ce phénomène. D'après Christophe Réveillard, docteur en histoire contemporaine, et spécialiste de l'Union Européenne, ce n'est pas seulement un mouvement vers la droite qui explique les résultats de dernières élections un peu partout en Europe:

​«En réalité c'est plus un retour vers la recherche de l'identité nationale, vers une conception d'une communauté humaine fondée sur un état national qui est d'actualité. Je pense que les victoires des partis, que leurs adversaires appellent populistes, sont plutôt des victoires du retour au réel. Les visions idéologiques de construction supra nationale, axées sur la dénationalisation, la dépolitisation, la désincarnation du pouvoir sont en chute dans l'Union Européenne et très critiquées en elles-mêmes. Mais l'intérieur du pays, ceux qui incarnent une vision transnationaliste, très technicienne et économiste du pouvoir, sont en perte sèche, au profit de forces qui recueillent la volonté et la place d'une partie de plus en plus croissante de la population vers un retour à ce qui a fait la naissance de leur nation, c'est-à-dire un sentiment, une communauté d'appartenance».

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Beaucoup de Français s'étonnent du dernier triomphe du FN, mais il suffit de regarder ce qui se passe actuellement dans les autres pays de l'UE.

En Autriche, FPÖ, le parti d'extrême droite mené par Heinz-Christian Strache, a remporté 32,2% des voix lors des municipales partielles en octobre 2015.

En Hongrie, le parti d'extrême-droite Jobbik était à 20% des voix aux élections législatives.

Au Danemark, le Parti du peuple danois a rassemblé 21% des suffrages.

En Norvège, depuis 2013 le Parti conservateur est au pouvoir en coalition avec le Parti du Progrès. Ce parti anti-immigration a remporté la majorité des voix deux ans seulement après les tueries de Breivik.

Aux Pays-Bas c'est le Parti pour la Liberté. Selon les derniers sondages, si des législatives étaient organisées maintenant, le PVV, remporterait 39 sièges sur les 150 de la Deuxième Chambre du Parlement, devenant ainsi la première force du pays.

En Pologne les conservateurs eurosceptiques du parti Droit et Justice ont obtenu 38 % des voix, en octobre dernier.

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En Suède, le parti d'extrême-droite "Démocrates de Suède" a rassemblé 13% des suffrages aux législatives de 2014, mais un sondage affirme qu'un quart des électeurs seraient prêts à voter pour lui en raison de la crise des migrants. Selon Christophe Réveillard, la question migratoire n'est pas le seul révélateur de changements de la pensée en Europe. La réaction vive contre la signature du TAFTA y compris:

« C'est la question de l'accord transatlantique, avec l'Amérique du Nord. L'opposition qui est faite à cet accord est une opposition qui est également le fait des populations à revenir à une position plus régionale, plus nationale de leur développement humain, ce qui a toujours existé depuis que l'état nation a été nation créé en Europe. Vous savez que l'Europe et la France sont les créateurs de l'état nation, et ce projet politique est paradoxalement celui qui est le plus nié, et les peuples signifient à leurs responsables que cette idée n'est pas morte ».

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L'Union Européenne est souvent accusée d'être un projet économique, il semblerait que cela aille à l'encontre de ce que les citoyens européens attendent, ce qui explique encore une fois cette vague d'accession des partis de droite au pouvoir. Christophe Réveillard estime que l'EU est en danger, politiquement parlant:

«Je crois que les peuples veulent un projet politique. Ils ne veulent plus que la prospérité, la vision purement concrète et matérialiste soit l'horizon de leurs destins. Ils veulent un projet politique, ils veulent la défense de leur civilisation. Pour l'instant l'UE ne correspond à aucun de ces projets. C'est pourquoi l'UE est en grave danger de mort, si elle ne changeait pas du tout au tout. Il ne faut pas croire qu'une seule réforme suffirait. L'UE ne va pas devenir plus démocratique parce que d'un seul coup on a peur des partis euro septiques. Il faut une révolution à l'intérieur de l'UE. Il faut qu'on redonne le pouvoir aux populations. Quand l'UE elle-même théorise l'idée d'un déficit démocratique, elle a bien indiqué que c'est ontologique. C'est en elle-même qu'elle développe cette méfiance des populations pour les procédures démocratiques».

En attendant le deuxième tour des régionales en France, on ne peut qu'imaginer les prochains résultats. Peut-être ne faut-il pas trop s'attendre à des surprises…

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