Une nouvelle guerre au Moyen-Orient marquerait-elle la fin du dollar?

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Plusieurs voix de spécialistes se lèvent pour alerter le monde du danger d’une éventuelle guerre qui pourrait se déclencher au Moyen-Orient, entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Si cette hypothèse venait à se réaliser, qu’elles seraient ses répercussions sur l’économie mondiale et sur le dollar?

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Dix ans après la crise financière, on a à nouveau «tous les symptômes»
Beaucoup d'observateurs de la région Moyen-Orient, dont Clément Therme, chercheur à l'International Institute for Strategic Studies (IISS), et Max Abrahms, professeur à l'université Northeastern de Boston, envisagent de plus en plus l'éventualité du déclenchement d'un conflit militaire, entre, d'un côté l'Arabie saoudite, Israël et probablement les États-Unis, et de l'autre, l'axe chiite à savoir: l'Iran, la Syrie, l'Irak et le Hezbollah libanais. Le prétexte évoqué est que l'Iran, considéré comme le pilier central de cet axe, a une stratégie de domination envers ses voisins du Golfe, et qu'il envisagerait avec ses alliés de rayer Israël de la carte. Une telle guerre anéantirait la paix dans cette partie du monde, et cela ne serait pas sans répercussion sur le reste de la planète. Cependant, nous voudrions surtout nous pencher, vu la situation critique dans laquelle elle se trouve et sa dépendance au prix du baril de pétrole, sur les effets désastreux qu'elle aurait sur l'économie mondiale et en particulier sur l'existence du dollar, afin de bien saisir ses enjeux profonds.

Un bref rappel de l'histoire du pétrodollar

La décision prise par le Président Nixon, le 15 août 1971, de supprimer la convertibilité du dollar en or, a marqué la fin du système imaginé à Bretton Woods à la fin de la guerre. Cette décision est considérée par les spécialistes comme étant la cause du premier choc pétrolier de 1973. Le dollar n'étant plus indexé sur l'or, ajouté à la situation géopolitique et à la confrontation avec les pays de l'OPEP, a conduit la monnaie américaine vers une érosion fatale, qui faisait penser à tous les économistes à sa fin. C'est à ce moment que l'administration Nixon, à travers Henry Kissinger, a réussi un coup de maître en convaincant les Saoudiens, en contrepartie de la protection de leur pouvoir, de ne vendre leur pétrole qu'en dollar, et à investir leur excédent budgétaire dans l'achat de bons du trésor américains. Cet accord a fait que, depuis, le dollar est indexé sur le pétrole dont il tire sa puissance. Cependant voyons maintenant dans quel état se trouve l'économie mondiale.

Tout va très bien madame la marquise, tout va très bien

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Une nouvelle crise financière guette l’UE
Depuis le début de la crise financière mondiale en juillet 2007, qui s'est gravement accélérée après la faillite de la banque américaine Lehmann Brothers, la situation de l'économie mondiale, en particulier après les plans de sauvetage par QE lancés par les banques centrales, et qui n'ont servi à rien, ne cesse de se dégrader ressemblant de plus en plus à la situation de 1929 qui a conduit à la Deuxième Guerre mondiale. Quelques chiffres sont nécessaires pour expliciter cette situation.

Selon un rapport publié par l'Institute of International Finance (IIF) en octobre 2017, le poids de la dette mondiale représente désormais 324% du PIB mondial, soit 226.000 milliards de dollars (192.000 milliards d'euros). Cependant, en dollar, le PIB mondial n'est que de 80.111,808 milliards. Si on enlève de ce nombre la partie qui correspond aux services pour ne prendre que celle correspondant à la production, c'est-à-dire le secteur sensé payer la dette, à notre avis, il n'est pas nécessaire de sortir d'une grande école pour comprendre que le système financier et monétaire international est en faillite. En fait, on est en face d'une immense bulle de dettes-dollars qui ne correspond à rien dans la réalité physique.

Dans cette situation, avec un système financier mondial libellé en dollar, imaginons qu'une guerre éclate au Moyen-Orient, et que le dollar soit coupé de la seule chose qui continue à lui donner une valeur, à savoir le pétrole.

Où-va nous emmener Mohammed ben Salmane?

Iranian President Hassan Rouhani speaks at a news conference near the United Nations General Assembly in the Manhattan borough of New York, U.S., September 22, 2016 - Sputnik Afrique
Rohani sur l'Arabie saoudite: «ils veulent masquer leurs défaites»
Après sa désignation comme prince héritier du royaume d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, qui occupait déjà le poste de ministre de la Défense, ne s'est pas présenté à son peuple les mains vides. Il a présenté le projet de développement Vision 2030 lequel propose de mettre un terme à la dépendance de l'Arabie saoudite vis-à-vis des revenus pétroliers, et des pétrodollars, pour soutenir la stabilité économique. Mais en regardant de près qui parmi l'élite économique américaine soutient ce projet, quelques questions se posent. En effet, des géants tels que Carlyle Group (famille Bush, etc.), Goldman Sachs, Blackstone et Blackrock soutiennent tous Vision 2030 et le prince Mohammed à travers son Fonds d'Investissement Public (FIP), dont il est le président. Il serait tout à fait probable que ses géants de la finance internationale, voyant leur système dollar en faillite, aient pris la décision, dans le but bien sûr de sauver leur peau et leur argent, de quitter le navire mais sur la pointe des pieds, pour qu'ils ne soient pas blâmer par la population mondiale d'être les responsables du désastre économique qui va s'en suivre, d'où la nécessité de la guerre. Rappelons au passage que l'Arabie saoudite avait auparavant décidé de commercer avec de grands pays comme la Chine et la Russie dans les monnaies nationales de ses pays. Attaquer l'Iran, la Syrie et le Liban après avoir déclenché le conflit du Yémen, sans écarter l'hypothèse d'une annexion du Qatar et du Koweït pour mettre tous les gisements de pétrole au milieu du feu de la guerre, conduirait à une explosion certaine du système financier mondial et à la fin inéluctable du dollar.
Nous ne sommes donc vraiment pas sortis de l'auberge!

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