Les informations disponibles montrent que le Pentagone est en train de réarmer les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), dans le but de relancer l'idée d'un Kurdistan indépendant.
Alors, que chercheraient les États-Unis à créer dans cette zone sensible de la région du Moyen-Orient? Quelles répercutions aurait cette politique sur la sécurité en Syrie, en Irak et en Turquie, leur alliée au sein de l'Otan? Et quel pourrait être le plan des États-Unis, en se redéployant dans cette région, dans le cas d'un éventuel conflit avec l'Iran? Et finalement, Washington aurait-il une volonté de saborder les pourparlers d'Astana et finalement ceux de Sotchi consacrés à mettre fin au conflit en Syrie?Un regard sur la dynamique en place nous livrerait quelques éléments de réponses.
Le Kurdistan, une bombe à retardement?
Le colonel Thomas Veale, membre de la coalition dirigée par les États-Unis a déclaré à The Defense Post: «La base de la nouvelle force est essentiellement un réalignement d'environ 15.000 membres des FDS à une nouvelle mission dans la Force de sécurité frontalière, au moment où leurs actions contre Daech touchent à leur fin».
L'homme a bien souligné que la guerre contre Daech touchait à sa fin, en accord avec les déclarations officielles de la Syrie, de l'Irak, de l'Iran et de La Russie. Cependant, il rajoute quelque chose de troublant concernant la composition ethniques de cette force:
«La composition ethnique de la force sera relative aux zones dans lesquelles elle sert […]. Tout cela ne fait que garantir que les Kurdes, qui constituent la majorité de la population du nord-est de la Syrie, établiront des points de contrôle le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie, longue d'environ 820 kilomètres».
Alors, puisque la guerre contre Daech est presque finie, et qu'il s'agit seulement d'établir des points de contrôle «pour empêcher sa réapparition», à quoi, et contre qui, serviront toutes les armes ultrasophistiquées avec lesquelles le Pentagone est en train d'armer ces forces kurdes?
La réponse serait dans ce qu'a déclaré Rex Tillerson dans la même conférence citée ci-dessus. Il a précisé que le déploiement à durée indéterminée de cette force était destiné «à aider à créer suffisamment de stabilité» pour que les Syriens puissent chasser Bachar el-Assad de son poste et mettre fin à l'influence iranienne.
«Une Syrie stable, unifiée et indépendante a finalement besoin d'un leadership post-Assad pour réussir», a-t-il déclaré. «Le désengagement des États-Unis de la Syrie fournirait à l'Iran l'opportunité de renforcer sa propre position en Syrie», a-t-il ajouté. «Comme nous l'avons vu dans les guerres par procuration et les annonces publiques de l'Iran, l'Iran cherche la domination au Moyen-Orient et la destruction de notre allié Israël», a-t-il précisé.
Donc à en croire monsieur Tillerson, l'objectif est très bien déterminé.
À ce stade, le modus operandi avec lequel le Pentagone et la CIA, conformément à la pensée géopolitique des néoconservateurs et leur allié, Israël, en se cachant derrière un Président apparemment «désaxé, incompétent et complétement imprévisible», serait clair.
Il s'agirait de créer une zone tampon complétement instable entre la Syrie, la Turquie, l'Irak et l'Iran pour briser l'alliance qui a vaincu Daech. En effet, en s'installant durablement au Kurdistan, les États-Unis couperaient le cordon ombilical qui lie l'Armée arabe syrienne aux milices chiites irakiennes Hachd al-Chaabi, les deux forces qui ont nettoyé la zone frontalière entre leurs deux pays respectifs de Daech, avec l'appui de l'aviation russe. Ceci d'un côté, et de l'autre, neutraliser la Turquie, qui a rejoint dernièrement les efforts de stabilisation de la Syrie, en lui créant de graves problèmes à sa frontière avec cette dernière. Cette fracture permettrait de couper l'axé à l'Iran en Syrie.
Cependant, comme les États-Unis voudraient mettre la main sur les ressources de la région, à savoir le gaz et le pétrole syrien, iranien et saoudien, pour des raisons de sauvegarde de leur colos au pied d'argile qu'est le dollar, il leur faudrait faire éclater la Syrie, l'Irak et l'Arabie saoudite, et briser l'Iran.
Pour se faire, un plan de liquidation physique du Président Bachar el-Assad serait envisageable, à l'image de ce qui est arrivé au colonel Mouammar Kadhafi en Libye. L'Irak verrait probablement des forces kurdes attaquer Kirkouk, au Kurdistan, pour la remettre sous le contrôle de Barazani. L'Iran, quant à lui, étant coupé de ses soutiens irakiens, et du Hezbollah, serait une cible amoindrie, plus accessible aux bombardiers saoudiens, tel que l'a répété à maintes reprises Mohammed Ben Salmane, avec l'aide tacite des États-Unis, d'Israël, et probablement des pays musulmans sunnites. Pour ça, il faudrait provoquer un choc psychologique chez les populations de ces derniers. Une sorte de Pearl Harbor saoudien, attribué à l'Iran serait envisageable. Les accusations de Nikki Haley contre Téhéran à l'Onu, d'avoir fourni les missiles que les rebelles chiites houthis ont lancés sur la capitale Riyad, donnerait du crédit à cette hypothèse. Étant attaqué, l'Iran riposterait en mettant en branle sa puissance de feu contre le royaume des Saoud, menant ce dernier à une dislocation complète. Visiblement, Washington aurait bien appris la leçon du déclenchement de la Première Guerre mondiale.Les conséquences sur les pourparlers d'Astana et Sotchi
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