Revue de la presse russe du 7 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Poutine: l'Ukraine ne survivrait pas à l'adhésion à l'OTAN

Le discours prononcé par le président russe lors de la réunion à huis clos du conseil Russie-OTAN a fait sensation au sommet de Bucarest, lit-on lundi dans les colonnes du Kommersant.

Selon les données du quotidien, Vladimir Poutine a déclaré à ses collègues que Moscou considérait le rapprochement de l'OTAN des frontières russes comme une menace réelle pour les intérêts de l'Etat et a promis de prendre les mesures qui s'imposent en réponse à ce processus.

"Le président russe a évoqué la Géorgie très calmement, pour ainsi dire "en passant", a fait savoir une source du quotidien dans la délégation d'un des pays de l'OTAN. En parlant de l'Ukraine, en revanche, Vladimir Poutine a fulminé". S'adressant à son homologue américain, le président russe a déclaré que l'Ukraine n'était même pas un Etat, qu'une partie de son territoire appartenait à l'Europe de l'Est et que l'autre, considérable, lui avait été offerte par la Russie.

Comme l'affirme la source, Vladimir Poutine "a laissé entendre de façon très claire que, si l'Ukraine était tout de même admise à l'OTAN, cet Etat cesserait tout simplement d'exister. Il a, de fait, menacé la Crimée et l'Est de l'Ukraine d'annexion par la Russie".

De nombreux politologues proches du Kremlin et autres experts ont déclaré dès samedi dernier sur les chaînes de télévision russes que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN risquait d'entraîner la désintégration du pays et que, pour cette raison, l'Ukraine n'adhérerait jamais à l'OTAN. L'allusion faite par le président Vladimir Poutine à Bucarest est donc rapidement arrivée à l'oreille des Russes.

De nombreux experts se déclarent certains que les atermoiements dans l'octroi du Plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN (MAP) à l'Ukraine s'expliquent en premier lieu par la nécessité d'obtenir, précisément au sommet de Bucarest, le concours de la Russie pour faire parvenir des cargaisons de l'OTAN en Afghanistan.

"La victoire sur les talibans et l'aboutissement logique de l'opération en Afghanistan sont très importants pour George W. Bush. Mais ce problème doit être réglé dès cet automne, avant l'élection présidentielle aux Etats-Unis, estime Andreï Serenko, expert du Centre russe d'étude de l'Afghanistan contemporain. Lorsque les talibans seront écrasés, la Russie perdra son atout principal dans le marchandage avec l'OTAN, et l'Alliance n'aura plus de raisons substantielles, à la rencontre de décembre des ministres des Affaires étrangères de l'organisation, de refuser le MAP à l'Ukraine".

Vedomosti

La Russie gagnerait à mener une politique amicale à l'égard de ses voisins

Bucarest donne à comprendre que l'Europe est en train de s'écarter de l'agenda de l'OTAN, qu'elle commence à se considérer comme un nouveau bloc: non américain et non agressif, bloc avec lequel il faut s'entendre, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

Il est particulièrement symbolique que cela intervienne avant la reprise des négociations entre la Russie et l'UE sur un nouvel Accord de partenariat stratégique.

Les résultats du sommet de l'OTAN à Bucarest n'ont pas seulement permis aux patriotes russes de pousser un soupir de soulagement, ils ont aussi consacré l'indépendance des hommes politiques européens. En refusant de céder à la pression exercée par les Etats-Unis, les leaders de la "vieille Europe" ont occupé une position politique bien plus importante qu'il ne semble à première vue.

Les rapports au sein de l'OTAN s'apparentent de plus en plus aux relations entre Etats-Unis et UE et, d'ailleurs, ils ne sont pas tout à fait sereins. Ces dernières années, les Américains ont particulièrement insisté sur deux projets stratégiques: l'adhésion de la Turquie à l'UE et l'indépendance du Kosovo. Tout en acceptant cette dernière, l'UE a jugé insensé de continuer à céder à la pression américaine. Les raisons du soutien apporté par les Etats-Unis aux ambitions de l'Ukraine et de la Géorgie d'adhérer à l'OTAN sont compréhensibles, mais le "laissez-passer" pour entrer dans l'OTAN a commencé à être associé trop étroitement à un "billet" d'entrée dans l'UE, alors que les Européens souhaiteraient se réserver le droit de décider eux-mêmes qui sera membre de leur union et qui ne le sera pas.

Au cours des révolutions "des roses" et "orange", des drapeaux européens ont flotté au-dessus de l'avenue Roustaveli et de la place de l'Indépendance. A présent, ils ornent de nombreux bâtiments gouvernementaux de Tbilissi et de Kiev. Pour les habitants de ces villes, l'Europe est un choix en faveur de la prospérité, d'une société de droit et, enfin, de la libre circulation. L'OTAN est une notion plus abstraite: l'Alliance n'enverra pas ses armées sous les murs de Tskhinvali et de Soukhoumi, et la Russie ne menace pas l'Ukraine. D'ailleurs, qui a émis l'idée que la voie vers l'UE passait par l'OTAN? Cette idée est soufflée par Washington, mais le "code" envoyé en provenance de Bucarest peut la remettre en cause.

L'OTAN n'est pas l'UE. Etre membre de l'Alliance n'est pas un attribut incontournable de l'appartenance à l'Europe. En 1973, au cours du premier élargissement de la Communauté économique européenne (CEE), l'Irlande y avait adhéré sans être membre de l'OTAN. En 1995, ce fut le tour de la Suède, de la Finlande et de l'Autriche, qui n'étaient pas non plus membres de l'OTAN. En 2004, Malte et Chypre ont été dans la même situation. En revanche, 30 ans se sont écoulés entre l'entrée du Portugal et de la Grèce dans l'OTAN et leur adhésion à l'UE. Quant à la Turquie, membre de l'OTAN depuis plus de cinquante ans, elle frappe toujours à la porte de l'UE.

L'aspiration de l'Ukraine à s'intégrer à l'Europe n'est pas un problème pour la Russie, au contraire: une Ukraine membre de l'UE pourrait devenir un instrument d'influence russe sur l'Europe. Mais pour cela, la Russie doit appliquer une politique amicale à l'égard de ses voisins. En s'inspirant des résultats du sommet de l'OTAN, elle devrait rechercher en elle-même un potentiel pour arriver à des compromis.

Auteur: Vladislav Inozemtsev, directeur du Centre d'étude de la société postindustrielle.

Nezavissimaïa gazeta

Tachkent et Achkhabad font du pied à l'Occident

Le récent sommet de l'OTAN à Bucarest a mis en évidence le désir des Etats d'Asie centrale de développer des contacts étroits avec l'Occident, l'Ouzbékistan et le Turkménistan s'efforcent par exemple de sortir de l'isolement international et, côté occidental, on est prêt à coopérer étroitement avec des régimes jadis sévèrement critiqués, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

"L'objectif principal de la visite des chefs des Etats d'Asie centrale au sommet de l'OTAN est de sortir leurs pays de l'isolement international, dans lequel l'Ouzbékistan s'est retrouvé après les événements d'Andijan, et le Turkménistan à la suite de la politique appliquée par Saparmourat Niazov au cours des dernières années de sa présidence. Cela s'explique par la nécessité de diversifier les économies locales", souligne Nour Omarov, expert spécialisé dans l'Asie centrale.

L'invitation du président Islam Karimov au sommet de l'OTAN à Bucarest atteste que l'Occident n'a pas seulement changé de rhétorique à l'égard de Tachkent, mais qu'il est aussi prêt à établir une coopération plus étroite avec lui. En réponse, le président ouzbek, qui avait été âprement critiqué par les pays occidentaux pour la répression de l'émeute de mai 2005 à Andijan, a proposé à l'Alliance un corridor de transport des cargaisons non militaires en Afghanistan par le noeud ferroviaire frontalier Termez-Hairaton: l'unique voie ferrée ralliant ce pays.

Il a également proposé d'élargir la formule des négociations sur la paix et la stabilité en Afghanistan: "compte tenu des réalités présentes, il convient de transformer la formule 6+2 (Iran, Chine, Pakistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan plus Etats-Unis et Russie) en formule 6+3, avec la participation obligatoire des représentants de l'OTAN aux négociations".

Le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov a proposé de rendre certains services à l'Alliance: il s'est dit prêt à ouvrir sur le territoire du Turkménistan des camps d'entraînement pour les soldats de la paix de l'OTAN, ainsi qu'à installer des entrepôts et des bases arrières pour l'approvisionnement des troupes. Goubangouly Berdymoukhammedov a également tenté d'argumenter la nécessité de construire le nouveau gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde.

Le facteur énergétique prévaut actuellement sur le facteur militaire dans les rapports de Washington et de Bruxelles avec Achkhabad, a fait remarquer Sergueï Louzianine, président de la Fondation d'études orientales, et professeur de l'Institut des relations internationales de Moscou (MGUIMO). Selon lui, l'Occident cherche des possibilités de recevoir directement des ressources énergétiques centrasiatiques, en contournant la Russie, et ces efforts peuvent être considérés comme fructueux.

"Les Etats d'Asie centrale voudraient coopérer plus étroitement avec l'Occident", reconnaît Alexeï Malachenko, expert du Centre Carnegie de Moscou. D'après lui, "la Russie était prête à ce tournant, ce dont témoigne indirectement l'absence de remarques caustiques à ce sujet dans le discours prononcé par Vladimir Poutine à Bucarest. Moscou comprend qu'il s'agit là d'un processus inévitable".

Business & Financial Markets

Sberbank rêve de conquérir les marchés internationaux

La banque publique russe Sberbank prévoit d'entrer dans le top-10 des plus grandes institutions financières du monde en matière de capitalisation, a déclaré vendredi Denis Bougrov, vice-président de Sberbank, lit-on lundi dans le journal Business & Financial Markets.

Selon lui, cet objectif est impossible à réaliser sans une forte présence internationale qui devra apporter 20% de tous les bénéfices. Les analystes ne se risquent pas à commenter l'intention de Sberbank de compter parmi les grandes institutions financières du monde, considérant les prévisions sur la rentabilité de l'expansion internationale comme irréalistes.

Fin 2006, la capitalisation de Sberbank était d'environ 68,4 milliards de dollars, contre déjà 93,25 milliards de dollars fin 2007, soit une progression de plus de 36% sur un an. L'indice RTS a atteint son maximum historique le 11 décembre de l'année dernière: la capitalisation de la banque constituait alors 99 milliards de dollars. Le 4 avril au RTS, elle n'était plus que de 72,1 milliards de dollars. Depuis le début de l'année, la banque a donc perdu plus de 28%. Selon M. Bougrov, Sberbank, qui est la plus grande organisation de crédit d'Europe de l'Est, occupe aujourd'hui la 17e place au monde pour la capitalisation. La part des revenus rapportés par son activité sur les marchés étrangers se situe à moins de 1%.

Sberbank est intéressée par les marchés de la CEI (Communauté des Etats indépendants), de la Chine, du Sud-Est asiatique et de l'Europe de l'Est. Selon Denis Bougrov, seules des banques ayant de fortes positions sur les marchés locaux d'Europe de l'Est peuvent servir de base pour faire des affaires, et les investissements de Sberbank dans l'expansion internationale "pourraient se compter en milliards, et non pas en millions de dollars".

En ce moment, Sberbank est devancée par des géants comme BNP Paribas, Bank of China, Bank of America, le groupe UniCredit, Santander et d'autres encore. C'est la banque HSBC qui arrive en tête de liste, avec une capitalisation d'environ 200 milliards de dollars.

Selon les analystes, ces prévisions sont insensées, car la capitalisation sur le marché est un indice instable.

Maxime Ossadtchy, analyste du groupe d'investissement Antanta Pioglobal, fait remarquer que plus une banque dépend des titres de son actionnaire principal - ici, l'Etat - et moins sa capitalisation est prévisible. Il estime que Sberbank peut entrer dans le top-10 grâce à la chute de ses concurrents: "L'année dernière, la capitalisation de nombreuses grandes organisations de crédit étrangères s'est réduite de trois à quatre fois".

L'idée de l'absorption d'actifs bancaires en Europe de l'Est est presque irréalisable, estiment les experts. "Sur ce marché, d'importants actifs bancaires appartiennent à des banques étrangères, ou bien à des acteurs locaux importants à l'instar de la banque OTP en Hongrie. Sberbank devrait mener des négociations aussi bien avec de grandes banques locales qu'avec des actionnaires occidentaux. Il est donc peu probable que de telles négociations tournent en sa faveur", estime Leonid Sliptchenko, analyste d'Ouralsib.

Selon lui, Sberbank ferait mieux de progresser organiquement sur les marchés internationaux, mais, dans ce cas, il sera pratiquement impossible de gagner à l'étranger 20% en cinq ans.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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