La Marine de guerre russe met le cap sur le Venezuela

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le départ d'un groupe de navires de guerre de la Flotte russe du Nord pour le Venezuela en vue d'effectuer des manoeuvres conjointes promet d'être un des grands thèmes de l'actualité des semaines à venir. La présence de navires russes dans la mer des Caraïbes constitue en soi un sujet de discussion supplémentaire mais la situation politique qui prévaut actuellement nous oblige, qu'on le veuille ou non, à évoquer à nouveau un retour au temps de la guerre froide. Quand bien même on voudrait à tout prix échapper à ce spectre.

Le terme "d'exhibition du drapeau", procédé aussi vieux qu'efficace, est ce qui caractérise le mieux le type d'action entreprise par la Marine russe. Cette présence vise essentiellement à manifester son intérêt pour une région et, par la même occasion, à démontrer à un adversaire potentiel sa capacité à l'attaquer dans telle ou telle zone d'importance critique en cas de nécessité. Ce genre d'expédition n'exige absolument pas de navires lourds, d'ailleurs des canonnières et autres petits bâtiments armés ont déjà réussi, en leur temps, à accomplir avec succès de telles missions.

Or le Piotr Veliki, de même que le grand navire anti-sous-marin Admiral Tchabanenko qui l'accompagne, sont aujourd'hui les derniers nés des grands navires de surface de la Flotte russe et le fait d'envoyer ces bâtiments de guerre en particulier repose non seulement sur la volonté d'exhiber le pavillon russe, mais aussi de démontrer ses capacités à le défendre.

Quand on compare la Marine de guerre russe à celles des Etats-Unis, ou de l'OTAN plus généralement, on pointe très souvent du doigt la supériorité numérique colossale de l'OTAN, qui, soit disant, exclurait même la possibilité théorique de parvenir à quelque résultat notable que ce soit en recourant à la Flotte, et aux navires de surface en particulier. Toutefois, en dépit de la puissance incontestable de la flotte américaine, il convient de noter que l'on ne peut être fort partout, et que l'apparition soudaine, dans le bassin des Caraïbes, de deux navires de combat lourds appartenant à la Marine de guerre russe constitue une mesure plutôt désagréable, qui oblige à diriger son attention sur la défense de cette zone, considérée de tout temps comme "l'arrière-cour des Etats-Unis".

Les caractéristiques de ces deux navires de combat du groupe de la Flotte du Nord permettent de les utiliser à diverses fins. Ainsi, le Piotr Veliki, déplaçant 25.000 tonnes et armé d'un système de missiles P-700 Granit (20 missiles antinavires supersoniques), est normalement en mesure de combattre tout type de bâtiment; ce croiseur possède également un solide armement anti-sous-marin et antiaérien lui permettant d'intervenir dans tous les domaines de lutte principaux du combat en mer.

L'Admiral Tchabanenko est lui aussi armé de missiles antinavires. Il possède également un système de missiles antiaérien, mais il a surtout été conçu pour détecter et détruire les sous-marins. Ces deux bâtiments se complètent et sont capables de causer de graves dommages à n'importe quel adversaire, tout en évitant des pertes pour eux-mêmes.

Il convient toutefois de remarquer que ce sont davantage les objectifs de l'expédition que les capacités des navires de combat russes qui constituent ici le point capital. Il faut, de fait, admettre que les dirigeants actuels du pays ont parfaitement conscience des capacités de la Flotte et les utilisent pour accomplir des tâches politiques majeures, comme par exemple contraindre la Géorgie à faire la paix ou bien faire une démonstration de leur force au niveau des arrières des Etats-Unis.

Le fait de comprendre cela ne suffit toutefois pas à entraîner une amélioration de l'état de la Flotte russe. On se surprend à espérer que la prise de conscience de la place de la Marine de guerre dans la structure de forces armées modernes sera suivie d'un programme efficace de remise en état de la Flotte et d'un apport en matériel et en armements nouveaux. Sans cela, les exhibitions du pavillon russe cesseront très vite de faire effet.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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