Des S-300 pour l'Iran: un argument en faveur de la paix

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Les possibles fournitures de systèmes de missiles sol-air S-300 à l'Iran sont depuis longtemps un casse-tête pour les Etats-Unis et leurs alliés. Ces dernières années, divers médias ont périodiquement annoncé la signature d'un contrat portant sur la livraison de systèmes antiaériens à long rayon d�action ou même leur expédition réelle. Ces informations, qui provenaient généralement de sources iraniennes, étaient ensuite démenties de source russe.

Le 17 décembre 2008, l'agence RIA Novosti a indiqué sur son site, citant des sources confidentielles, que la Russie était en train de livrer à l'Iran des systèmes de missiles antiaériens S-300 ce qui, compte tenu des déclarations antérieures, équivaut très probablement à la reconnaissance du fait des fournitures. De quelle manière le rapport des forces va-t-il évoluer dans cette région si l'Iran reçoit effectivement ces missiles ?

Avant de répondre à cette question, il faut d'abord savoir ce que sont ces systèmes et combien les forces armées de la République islamique en recevront exactement. Il a été dit à maintes reprises que l'Iran comptait acquérir cinq batteries de S-300PMU, soit jusqu'à 20 systèmes (60 tubes de lancement) selon la composition des batteries. Chaque tube de lancement emporte quatre missiles 48N6E (48N6E2 pour les PMU-2), d'une portée de 150 kilomètres (200 km pour les missiles 48N6E2). Chaque tube de lancement en groupe de trois est capable de détruire simultanément six cibles, engageant contre elles jusqu'à douze missiles. Ainsi, une batterie composée de quatre systèmes est à même de repousser simultanément une attaque aérienne opérée par vingt-quatre avions, puis de modifier sa position, de recharger et de se préparer rapidement à repousser une deuxième attaque.

Il faut savoir que les systèmes S-300 ont eux-mêmes besoin d'être protégés et que l'Iran peut utiliser à cette fin les systèmes Tor-M1 et les systèmes chinois FM-80. Couplés aux S-300, ces systèmes à court rayon d'action permettent de créer un système de défense antiaérien stable, capable de protéger aussi bien un site menacé que soi-même. Dans cette configuration en tandem, le S-300 aura le rôle du "bras long" qui intercepte les cibles difficiles à de grandes distances tandis que les systèmes de combat rapproché protègeront le site menacé et les S-300 contre les missiles de croisière, les avions de combat et les drones ayant réussi à percer la défense.

Les cinq batteries de systèmes S-300 influenceront sensiblement non seulement le niveau de protection du site (des sites ?) menacé mais aussi la capacité de défense du pays dans son ensemble. La fourniture de systèmes antiaériens modernes permet de redéployer les systèmes plus anciens vers d'autres régions du pays, renforçant ainsi la densité de DCA. Si l'Iran parvient à déployer les systèmes russes et à maîtriser le commandement du dispositif dans les conditions nouvelles, les dommages totaux susceptibles d'être causés par la défense antiaérienne pourraient dépasser le seuil admissible pour les ennemis potentiels de l'Iran.

Les S-300 ne garantissent bien évidemment à l'Iran ni l'invincibilité ni, encore moins, l'invulnérabilité. L'Armée de l'Air et l'aviation navale des Etats-Unis seront capables, en cas de besoin, de percer ce type de défense. Ce n'est qu'une question de temps et de définition du niveau de pertes acceptable. Cette question pourrait finalement devenir un argument capital aux mains des adversaires d'une opération militaire contre l'Iran, permettant de retirer pour longtemps de l'ordre du jour l'éventualité d'un conflit armé ente l'Iran et les Etats-Unis.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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