Défaut de paiement: une menace pour plusieurs pays d'Europe

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Les gouvernements de plusieurs petits pays européens tombent, les uns après les autres, en raison de la crise financière mondiale. L'Islande a été le premier Etat à voir sa monnaie s'effondrer. C'était en janvier. Le premier ministre letton a remis sa démission en février, et le gouvernement tchèque vient également de jeter l'éponge. Fin mars, le premier ministre hongrois a annoncé sa démission et celle du gouvernement bulgare est à l'ordre du jour. En Ukraine, la démission du président et du gouvernement est revendiquée par la force la plus importante de l'opposition: le Parti des régions. La raison principale pour laquelle les gouvernements de plusieurs petits pays d'Europe s'écroulent comme des châteaux de cartes est le défaut de paiement, que certains d'entre eux peuvent annoncer à tout moment.

Les causes de cet éventuel défaut de paiement de plusieurs Etats sont à rechercher dans les conditions draconiennes auxquelles le Fonds monétaire international (FMI) leur avait apporté jusqu'à présent une aide financière. Ils ne pouvaient utiliser cette aide que pour maintenir le cours de leur monnaie, solidement rattachée, en règle générale, au dollar ou à l'euro, et pour résorber leur déficit budgétaire. Ce faisant, il était catégoriquement interdit aux banques nationales de ces pays de recourir à la planche à billets pour maintenir la demande intérieure. Selon le FMI, les actions de ce genre peuvent aggraver l'inflation et saper encore plus la stabilité financière des Etats concernés.

On est en présence d'une politique à géométrie variable. Personne n'empêche le président américain Barack Obama et le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke d'émettre 800 milliards de dollars supplémentaires pour stimuler les producteurs américains. Alors même qu'une telle initiative risque non seulement d'entraîner l'inflation aux Etats-Unis, mais aussi de déprécier les actifs en monnaie américaine à l'étranger, y compris ceux détenus par les banques centrales de pays tiers.

Dans ce contexte, la nécessité de réformer le FMI est mise de plus en plus souvent en avant ces derniers temps. Le FMI a du reste reconsidéré la semaine dernière les conditions d'accès à ses crédits, en vue de les assouplir considérablement. La principale nouveauté réside dans l'introduction d'un nouveau mécanisme de prêt: la ligne de crédit souple (ou modulable - LMC).

Comme l'a déclaré le FMI, la ligne de crédit modulable ne prévoit aucune condition à respecter pour recevoir un prêt: elle permet aux Etats emprunteurs d'utiliser cette ligne de crédit comme un "mécanisme préventif". La LMC sera accessible à tout moment. Mais le FMI s'est empressé d'émettre une réserve: la LMC n'est destinée qu'aux Etats ayant une économie bien gérée, de bons indices fondamentaux et une stratégie économique solide. Bref, elle n'est pas destinée aux pays qui sont sur le point de se déclarer en défaut de paiement.

Mais aujourd'hui, les pays émergents les plus puissants, tels les Etats du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), se prononcent pour une réforme radicale du FMI, lequel reflète en premier lieu les intérêts des Etats-Unis. Ils proposent de revoir le rôle du FMI, de telle sorte que ce fonds soit conforme à une nouvelle architecture financière mondiale. Ils demandent que le système de répartition des voix au sein du FMI soit modifié au plus vite, en faveur des pays qui se développent avec le plus de dynamisme et qui ont acquis un certain poids dans l'économie mondiale. Cela permettrait d'augmenter le capital du FMI et assouplirait le mécanisme d'octroi des prêts aux pays qui en ont besoin. Outre les pays du BRIC, la réforme du FMI est préconisée par la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Indonésie, l'Arabie Saoudite, le Canada et le Mexique.

On voit s'accroître également le nombre des partisans d'un remplacement du dollar US, en tant que devise mondiale de réserve, par une nouvelle monnaie supranationale, qui serait contrôlée par un FMI réformé. Cette proposition a été avancée par la Russie, la Chine et le Kazakhstan.

Mais, tandis que les pays les plus développés tentent toujours de s'entendre sur la réforme du système financier global, pour de nombreux Etats "périphériques", l'annonce du défaut de paiement de leurs engagements extérieurs peut s'avérer le moyen le plus rapide de sortir de l'impasse.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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