Un «incident délicat», pour reprendre les mots d’un diplomate chinois, divise le Pakistan et la Chine, deux alliés proches. Mercredi 14 juillet, un bus a explosé dans le nord du pays, faisant 12 morts, parmi lesquels neuf ressortissants chinois. Islamabad a d’abord évoqué un incident mécanique, tandis que Pékin assure qu’il s’agit d’un attentat.
Après que le ministre pakistanais de l’Information a confirmé la trace d’explosifs sur les lieux, le rédacteur en chef du Global Times, Hu Xijin, a assuré que la Chine pourrait frapper ou envoyer des forces spéciales au Pakistan, avec l’accord de ce dernier. Une déclaration qui ne reflète pas la politique étrangère de Pékin, et qui n’a d’ailleurs été confirmée par aucune source officielle.
Très étrange de la part de Hu Xijin d’affirmer que si le 🇵🇰 le demandait, la 🇨🇳 pourrait intervenir dans le pays pour attaquer des groupes terroristes par le biais de forces spéciales mais surtout en évoquant de potentielles frappes (🚀)…
— Antoine Bondaz (@AntoineBondaz) July 16, 2021
C’est la première fois que je lis cela. https://t.co/Ol0uFF7jdk
L’intervention du journaliste, à la tête d’une rédaction proche du parti communiste chinois, étonne le chercheur Antoine Bondaz, de la Fondation pour la recherche stratégique. «C’est la première fois que je lis cela», affirme-t-il. Spécialiste en politique étrangère chinoise, il avait été traité de «petite frappe» sur Twitter par l’ambassade de Chine en France pour ses positions sur Taïwan.
Le contexte
L’explosion du bus intervient dans un contexte de recrudescence des activités terroristes au Pakistan. Le porte-parole de la diplomatie chinois, Zhao Lijian, a exhorté son voisin à «châtier sévèrement» les auteurs, et à «protéger sérieusement» les Chinois qu’il accueille. D’après le Global Times, une équipe envoyée par Pékin pour «aider» à enquêter sur l’affaire est arrivée ce vendredi.
De manière générale, le récent retrait des troupes américaines d’Afghanistan est vu d’un mauvais œil par Pékin, qui craint que cela permette aux talibans* de se développer dans les pays d’Asie du Sud. En avril dernier, un attentat suicide revendiqué par un groupe de talibans* pakistanais avait touché un hôtel de Quetta, dans l’ouest du pays, là où séjournait l’ambassadeur chinois, lequel n’avait pas été blessé.
*Organisation terroriste interdite en Russie