Voilà un beau travail d'enquête du New York Times (NYT)! Pour notre estimé confrère états-unien, l'affaire est claire: Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, le célèbre site de révélations des grands et petits secrets des puissants de ce monde, roule pour Moscou! En guise de preuve de ces graves accusations, "une analyse de New York Times des activités de WikiLeaks pendant les années que M. Assange a passées en exil a mis en évidence une conclusion différente: que ce soit par conviction, commodité ou coïncidence, des documents publiés par WikiLeaks, ainsi qu'un bon nombre de déclarations de M. Assange, ont souvent bénéficié à la Russie".
Peut-être faudrait-il cesser de mener des guerres non déclarées et de voler des informations afin d'arrêter de "bénéficier à la Russie"? Mais si au début de son article, le New York Times avoue ne pas avoir de preuves de cette liaison dangereuse entre Moscou et M. Assange, il a déjà oublié ce menu détail au milieu du texte, tellement cet essai complotiste est long. #Complotisme, #Accusation gratuite.
Le quotidien fait tout son possible pour faire honte à Assange, ce mauvais élève qui a promis au début de dénigrer la Russie, mais sort sans cesse des faits peu agréables sur la politique américaine.
"Il y a une grande différence entre d'une part la publication d'informations sur la base des documents qui proviennent d'un dénonciateur comme Chelsea Manning, le soldat qui a fourni à WikiLeaks son journal de guerre et les scoops des câbles diplomatiques, et d'autre part accepter des informations, même indirectement, provenant d'un service de renseignement étranger qui cherche à faire avancer ses propres intérêts", s'indigne la revue.
Comme si quelque ligne plus haut, le NYT n'avait pas confessé n'avoir aucune preuve de telles allégations!
De son côté, Julian Assange, cité par New York Times, a coupé net: Mme Clinton et les Démocrates ont été " attisent une hystérie néo-maccarthyste au sujet de la Russie ". Il n'y a "aucune preuve concrète que ce que WikiLeaks publie vient des agences de renseignement", même s'il serait heureux d'accepter de tels matériaux.
Aucune preuve, sauf des pierres jetées dans le jardin de Washington, le manque de fuites sur la "dictature du Kremlin" et la trace de supposés hackers russes dans le piratage des données du Parti Démocrate. D'ailleurs, outre Wikileaks, d'autres organisations ont également publié ces données.
Pourtant, vers la fin de l'article, le New York Times semble avoir enfin pris Vladimir Poutine la main dans le sac:
"C'était la première fois que M. Poutine a pris le parti de M. Assange. Il a qualifié les accusations portées contre M. Assange de + politiquement motivées+" et a déclaré que le fondateur de WikiLeaks est "persécuté pour la diffusion de l'information qu'il a reçue de l'armée des États-Unis concernant les actions des États-Unis au Moyen-Orient, y compris en Irak."
Un Prix Nobel de la Paix pour un lanceur d'alertes? Et pourquoi pas un Prix Nobel pour un dirigeant qui lance opération militaire sur opération militaire? Il n'y a pas de paix sans guerre? Et surtout sans guerre interminable contre la prétendue Main du Kremlin.