Grâce au contrat conclu avec Aeroflot, Boeing a pris une longueur d'avance supplémentaire sur son rival européen soucieux de promouvoir son nouveau modèle, l'Airbus-350 XWB: plus de 600 commandes pour les Boeing-787 contre 110 pour les Airbus. L'Airbus-350 XWB est plus grand et plus cher, et sa fabrication en série ne sera lancée qu'en 2013, contre 2008 pour le Boeing-787 Dreamliner. En 2006, la direction d'Aeroflot penchait de même vers Boeing: ce dernier lui proposait des conditions de paiement avantageuses et la livraison des avions en 2010. Aeroflot avait soumis la transaction à l'approbation du conseil d'administration, mais les fonctionnaires avaient refusé, l'Etat russe comptant sur un partenariat avec le groupe aéronautique européen. Finalement, Aeroflot avait été rayée de l'agenda des fournitures de Boeing avant de signer, en mars dernier, un accord-cadre sur la livraison de 22 appareils Airbus-350 en 2014-2017.
Le contrat avec Boeing ne signifie pas la rupture de celui conclu avec Airbus qui pourrait être signé avant l'automne prochain, a déclaré M. Okoulov. Aeroflot ne risque rien: il a besoin d'au moins 17 avions pour renouveler son parc, et il peut sous-louer le reste, suppose M. Chago.
La transaction avec Boeing sera encore soumise à l'approbation du conseil d'administration d'Aeroflot. Le Kremlin se dit prêt à l'approuver: "la situation politique a changé", constate une source au sein de la présidence russe. L'année dernière, la Russie considérait l'Europe comme une alliée dans la confrontation avec les Etats-Unis, explique le politologue Alexeï Makarkine. Mais les derniers événements ont montré que ce n'était pas le cas. Lors du dernier sommet du G8, en Allemagne, aucun pays européen n'a soutenu la Russie qui s'oppose au déploiement du bouclier antimissile américain en Europe de l'Est. Désormais, les entreprises pourront se choisir des contrats sans "préférences politiques", relève l'expert.
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