Le terrorisme misogyne a-t-il été révélé lors de l’attentat de Toronto il y a un an?

© Sputnik . Denis BolotskyToronto
Toronto - Sputnik Afrique
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En avril 2018, un jeune homme se réclamant de la sous-culture misogyne des «incels» a tué huit femmes et deux hommes sur les trottoirs de Toronto. Or, il n’était pas le premier adhérent du mouvement à commettre une telle tuerie.

Il y a un an, Toronto était le théâtre de l’attaque à la voiture-bélier la plus meurtrière de l’histoire du Canada. Le 23 avril 2018, un Chevrolet Express blanc roulant à environ 60 km/h fauche de nombreux piétons sur le trottoir de la rue Yonge, faisant dix morts, dont huit femmes et deux hommes, ainsi que 16 blessés.

La rébellion a commencé

Le conducteur du véhicule, Alek Minassian, 25 ans, est arrêté sur place. Au lendemain de sa course meurtrière, la police déclare que le tueur visait «majoritairement des femmes» et qu’il avait publié sur Facebook, quelques minutes avant l’attaque, «un message énigmatique» assurant que «la rébellion des incels a déjà commencé!».

Dans le message en question, Minassian avait notamment promis de tuer le plus de «Stacys» et de «Chads» possible. Derrière tous ces termes peu évidents, se cache la sous-culture des jeunes hommes hétérosexuels animés par une haine de la gent féminine, qui se sont donné le nom des «incels», abréviation anglophone pour «involontairement célibataire».

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Selon les «incels» qui se rassemblent sur des forums en ligne, les «Stacys» (nom féminin populaire aux USA) sont attirées uniquement par les «Chads», hommes populaires et charmants, qui les maltraitent. Les «incels» tiennent les femmes pour uniques responsables de leur célibat durable et les désignent par l’expression «femoid» (contraction de «femme» et «humanoïde»). Il semble ainsi naturel que le mouvement ait connu un regain d’activité depuis la récente montée en puissance du féminisme avec la campagne #MeToo.

Elliot Rodger, le gentleman suprême

Dans son message, Alek Minassian avait aussi fait référence à Elliot Rodger, qui avait en 2014 fait six morts sur le campus d’une université de Santa Barbara, avant de se suicider. Dans une vidéo diffusée avant la tuerie, Rodger, 22 ans, qui se comptait lui aussi parmi les «incels», expliquait que cette attaque était un «châtiment» pour les femmes qui l’avaient rejeté.

«Je suis le mec parfait et pourtant vous préférez vous jeter dans les bras d’hommes odieux plutôt que dans les miens, le gentleman suprême», avait-t-il alors lancé.

Elliot Rodger est devenu une sorte de martyr et un «vrai héro» pour les «incels». Sur les forums, certains de ses phrases sont régulièrement citées comme «Si j’avais ça en mon pouvoir, je ne m’arrêterais pas avant de réduire chacune d’entre vous en montagne de squelettes et en rivière de sang».

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Ce phénomène inquiétant qui concerne un nombre inconnu de personnes marginalisées et perturbées s’expliquerait, selon les chercheurs, par ce qu’ils appellent des troubles de la personnalité schizoïde. Alors qu’un grand nombre d’individus du genre se confinent dans la cave de leurs parents et se soulagent de leurs frustrations à travers le trolling sur YouTube, d’autres exportent leur colère dans le monde réel.

Le procès d’Alek Minassian, inculpé de 10 chefs d’accusation pour meurtre au premier degré et 16 chefs d’accusation pour tentative de meurtre, doit s’ouvrir le 3 février 2020. Il devrait durer quatre mois.

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