Les trois vies d'Oscar Rabine

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Une rétrospective importante consacrée à Oscar Rabine s’est ouverte dans la filiale de la Galerie Tretiakov pont de Crimée à Moscou.

Une rétrospective importante consacrée à Oscar Rabine s’est ouverte dans la filiale de la Galerie Tretiakov pont de Crimée à Moscou. Ce projet s’ajoute à toute une série d’expositions monographiques que la galerie- musée a consacrées aux classiques russes des années 1960-1970 travaillant aujourd’hui en émigration.

L’ancienne baraque du camp de Lianosovo, région de Moscou, où habitèrent Oscar Rabine et sa femme Valentina Kropivnitskaya fut un centre officieux de la vie culturelle des moscovites. Il hébergeait expositions, soirées poétiques, discussions. Les œuvres du peintre Oscar Rabine évoquent la baraque et sa pénible réalité. Cette façon de représenter le quotidien des Soviétiques ne plaisait guère aux autorités.

Cet artiste remarquable, fort d’une perception très individuelle du monde qui l’entourait, fut à l’origine du non-conformisme. Les expositions officieuses des non-conformistes « Bulldozer » et « Izmalovski » montées en 1974 sur l’initiative d’Oscar Rabine lui couteront les persécutions des autorités soviétiques et finalement l’émigration en France.

L’émigration a réservé à Oscar Rabine une reconnaissance internationale et lui a permis de se produire en Autriche, en Grande-Bretagne, en Norvège, aux Etats-Unis, en France et en Suisse. En 2006, l’artiste se voit décerner le Prix d’Etat « Innovation » en nomination « Pour la contribution artistique dans le développement de l’art moderne ».

Lancée dans la Galerie Tretiakov en guise de célébration de son 80e anniversaire, l’exposition a pour titre « Oscar Rabine. Trois vies ». Le peintre explique par là même qu’il avait vécu trois vies: celle d’avant la mort de Staline, celle d’avant l’émigration et la période parisienne.

Depuis 30 ans déjà je vis et travaille à Paris. Ce n’était pas la même chose quand je vivais en Russie soviétique où je n’étais pas autorisé à m’exposer et mon œuvre n’était pas officiellement reconnu. Aujourd’hui personne ne m’empêche de travailler, c’est dont j’ai rêvé toute ma vie, dit Oscar Rabine. Cette exposition représente mes trois vies. La première embrasse la période entre ma naissance et la mort de Staline, parce que, sous le tyran, je n’eus pas été devenu peintre parce que les facultés que Dieu m’avait données ne correspondaient aucunement à la culture et à l’art de l’époque stalinienne. Ma deuxième vie commença âpres la mort de Staline, elle me permit de faire preuve de mon talent et de me réaliser en tant qu’artiste, sans compromissions ni conformisme avec l’art officiel. Même si j’avais voulu me conformer à l’art officiel, je n’eus pas eu de chance parce je ne sais pas faire autrement que comme je réussis à le faire. Cela continua jusqu’à 1978, au moment où je me fut retrouvé émigré à Paris, mais cette fois-ci, j’étais un artiste mature avec sa propre vision du monde, sa propre manière de peinture. Depuis 30 ans déjà, je continue à suivre ma vocation artistique dans cette troisième vie, fort de mon expérience qui avait vue le jour et était venue à maturité en Russie. Je suis très heureux que cette première exposition qui m’a été consacrée se soit ouverte dans la galerie de l’art national. Pour la première fois, je vois un si grand nombre de mes œuvres réunies dans un seul endroit. Certaines de mes toiles, je ne les ai pas vues pendant près de 50 ans. Après de longues pérégrinations, elles se retrouvent réunies à cette remarquable exposition, dit Oscar Rabine.

L’exposition a rassemblé environ 100 peintures offertes à cette occasion par des musées, des fondations artistiques et des collections privées. Parmi elles les œuvres phares du maître « Passeport », « Portrait d’une famille », « Nature-morte à la vodka et au hareng », des collages de la période parisienne et un peu de dessins.

Dans son interview accordée à notre correspondante Olga Viaziguina, la curatrice du projet Natalia Alexandrova a dit qu’un travail méticuleux a précédé l’inauguration de l’exposition.
L’exposition a pris de la difficulté. Il y a ici beaucoup de peintures que nous n’avons jamais vues. Aussi avons-nous décidé de faire parvenir les œuvres de des plus grands musées occidentaux, tels que le Musée d’Art Zimmerli et la Fondation Dina Verny-Musée Maillot, de Paris. Ces musées ont à leur origine les œuvres représentant des collections étrangères sorties de Russie à la fin des années 1960, dit Natalia Alexandrova. Le Musée d’Etat Russe, le Centre d’Etat d’Art contemporain, la Galerie Tretiakov et bien d’autres nous ont prêté leurs toiles. Nous considérons cette exposition comme la reconnaissance nationale du maître en émigration depuis 30 ans. Nous tenons à représenter toutes les étapes et les périodes de son œuvre et, avant tout, celles qui étaient parties de la Russie depuis longtemps. Et, aussi, les peintures créées en France, dernière période de l’artiste. Avec le temps, tous ces événements politiques, sociaux et artistiques complexes ne sont qu’une réminiscence. Ils se doivent de faire partie de notre histoire. Nous croyons qu’Oscar Rabine constitue une figure proue de cette période de notre histoire. Représentant autrefois notre vie artistique officieuse, ces artistes sont considérés à l’heure actuelle en tant que classiques vivants de l’art russe. Nous sommes heureux de vous en présenter un, de faire connaitre son œuvre dans les pavillons de la Galerie Tretiakov pont de Crimée à Moscou, a dit en conclusion Natalia Alexandrova.

Vous venez d’entendre le reportage de notre correspondante Olga Viaziguina sur l’inauguration de l’exposition « Oscar Rabine. Trois vies » dans la Galerie Tretiakov pont de Crimée à Moscou.

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