LA CULTURE ET LES ARTS

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Voici notre rubrique permanente « La culture et les arts ». Aujourd’hui au sommaire : La Nouvelle Association
Voici notre rubrique permanente « La culture et les arts ». Aujourd’hui au sommaire :
La Nouvelle Association des conceptualistes de Moscou présente son exposition « Montre et parle » dans le cadre de la 3ème Biennale d’art contemporain qui s’ouvre à Moscou

Le Faust de Goethe vu par le réalisateur Alexandre Sokourov

Le public espagnol découvre le légendaire spectacle de ballet « Spartacus » du Bolchoï

Et pour conclure, notre récit du spectacle monté par un réalisateur allemand d’après une pièce inachevée de Léon Tolstoï et présenté à l’occason de l’anniversaire du classique russe dans les décors de Yassnaïa Poliana

L’art à travers son reflet

L’exposition des peintres Iouri Albert, Victor Skersis et Andreï Philippov intitulée « Show and tell. L’artiste et son modèle » s’est ouverte le 9 septembre à la galerie de Moscou Stella Art Foundation. Il s’agit en l’occurence d’un des projets inclus au programme « Special guests » de la 3ème Biennale d’art contemporain de Moscou qui s’ouvre fin septembre à Moscou. Notre correspondante Olga Denissova a visité cette exposition.
La période estivale semble être défintivement révolue en termes d’évènements culturels. De nombreux théâtres ont rouvert leurs portes et les pièces des futures expositions convergent sur Moscou par trains et avions. Une biennale d’art contemporain bat son plein à Venise. Mais certains projets de la prochaine Biennale de Moscou sont déjà ouverts au public, comme l’exposition « Le champ d’attraction » d’Antony Gormley dans le centre « Garage » qui a défrayé la chronique culturelle en juillet et en août derniers. La nouvelle exposition « Le peintre et son modèle » se prolongera jusqu’au 9 novembre.
Les peintres Albert, Skersis et Philippov se sont agrégés au sein du groupe « Cupidon » à une date récente, c’est pourquoi on s’interroge toujours sur les causes de cette union. D’ailleurs, les peintres eux-mêmes sont partagés sur ce sujet. L’exposition « Le tourbillon » de Philippov avec des brûleurs gaz qui flottent sur l’eau comme des nénufars, n’apporte aucune clarté non plus. On n’en retient que c’est une évocation de Claude Monet. Des nichoirs géants habités par un sein solitaire s’alignent au bord de l’eau parsemée de brûleurs. Le même objet, ou plutôt le symbole?, transparaît chez Victor Skersis. On est partiellement éclairés à la lecture des passages d’une interview qui s’étalent sur les murs sous l’accompagnement d’une musique boîteuse, comme cette révélation : « J’espère que mes travaux renferment au moins une parcelle d’art véritable ».
On est en droit de supposer que le thème de « l’art véritable » et la comparaison aux « chefs-d’oeuvre authentiques » reviendra sans cesse comme un leitmotif dans les expositions et les projets d’art contemporain. Les bouts de phrases projetés sur les murs et intégrés dans le contexte de l’exposition nous proposent un foisonnement des sujets de réflexion. En répondant à la question sur l’essence de l’art, les artistes invitent les visiteurs à réfléchir avec eux. Victor Skersis écrit sur un miroir que « l’art est une forme de pensée (comme la logique ou la musique) ». Les visiteurs qui essaient de pénétrer le dessein du peintre ne remarquent pas tout de suite que leurs visages se reflètent sur le fond des formules mathématiques. L’eau du « Tourbillon » a également la propriété de réfléchir et les visiteurs deviennent parties prenantes de l’exposition. Bref, on peut ne pas douter que le vaste programme de la 3ème biennale de Moscou sera le réfléchissement de tout ce qu’il y a de plus intéressant.

Le Faust de Goethe vu par un cinéaste russe

L’illustre réalisateur russe Alexandre Sokourov procède aux tournages du film « Faust » qui s’inspire à la fois du poème éponyme de Johann Wolfgag Goethe, des légendes germaniques anciennes et de la philosophie de Thomas Mann.
C’est en l’occurence un projet international d’une envergure jamais tentée par Sokourov. Plus d’une centaine d’acteurs occupés sur le plateau parlent cinq langues : le thèque, le français, l’anglais et l’allemand. Le directeur des prises de vues, le Français Bruno Delbonnel, avait tellement envie de travailler avec Soukourov qu’il est venu d’urgence aux tournages aussitôt après un grand projet hollywoodien. Soukourov s’est montré particulièrement exigeant dans le choix des comédiens. Le réalisateur préfère les visages « non médatisés » qui n’émoussent pas le regard du spectateur. C’est ainsi que pour le rôle de Faust a été sélectionné l’acteur théâtral allemand Johannes Zeiler. C’est le principe défendu par Sokourov qui cherche toujours à préserver l’identité nationale. On sait que pour les Allemands le Faust n’est pas une figure mythologique mais plutôt un personnage historique décrit par ses contemporains.
Ce film n’a rien d’une reminiscence historique ou politique, ce n’est pas non plus un reproche ou apologie. C’est une oeuvre d’art qui se situe dans le prolongement d’une grande tradition européenne.
Le nouveau film de Sokourov sera le point final de la tétralogie qui comprend déjà les films « Moloch », « Taurus » et « Le Soleil ». Le premier film, le « Moloch », est consacré au leader du nazisme allemand Adolf Hitler. Le deuxième, le « Taurus », traite du fondateur de l’État soviétique Vladimir Lénine. Le troisième film, « Le Soleil », c’est l’histoire de l’Empereur japonais Hirochito qui, de l’avis du réalisateur, fut l’unique Souverain du XXème siècle à avoir mis la vie de ses sujets au-dessus des intérêts politiques. On se demande justement que vient faire Faust à côté de ce trio. Nous le comprendrons à la sortie du film. Les tournages se poursuivent en attendant dans les banlieues de Prague et en Islande, avant de continuer au Vatican. Justement, c’est pour la première fois que les tournages d’un film de fiction auront lieu au Vatican. C’est une marque de confiance particulière que le Vatican témoigne au réalisateur russe qui jouit d’un grand respect dans le monde.

Le public espagnol découvre « Spartacus »

La musique d’Aram Khatchatourian, les décors de Simon Virsladzé et la chorégraphie de Iouri Grigorovitch sont autant d’éléments du spectacle de ballet « Spartacus » qui porte la griffe de ces trois grands maîtres et reste depuis plus de 40 ans à l’affiche du Bolchoï comme sa « carte de visite ». Le spectacle a fait en triomphe le tour pratiquement du monde entier mais n’a jamais été vu en Espagne. Cette « zone d’ombre » n’existe plus sur la carte des tournées de ce ballet car le 5 septembre « Spartacus » a ouvert la saison au théâtre royal « Real » à Madrid.
La première du spectacle a eu lieu à Moscou le 9 avril 1968 et était acclamée par le public moscovite. Dans les rôles des principaux personnages, le chef des esclaves insurgés Spartacus et le général romain Crassius, brillaient Vladimir Vassiliev et Maris Liepa qui ont pour la première fois fait montre d’un ballet viril sans toutefois pouvoir éclipser les fantastiques images féminines incarnées par Ekatérina Maximova et Nina Timoféeva. Le spectacle a bouleversé toute la conception du genre héroïco-romanesque avec son imagerie et les rapports entre les solistes et le corps de ballet.
Le « Spartacus » qui garde toute la vigueur de sa jeunesse vient maintenant en Espagne. « J’avais introduit des jeunes danseurs dans le spectacle, — a souligné Iouri Grigorovitch. – Le changement est synonyme du renouveau. C’est d’aiilleurs pour cela que le spectacle a une vie si longue. 41 ans, c’est un lapse de temps scénique immense ». Boris Akimov, un autre interprète remarquable du rôle de Crassius, préparait les solistes du Bolchoï pour la tournée espagnole. Il a aidé Andréï Mercouriev à « assimiler » la partie du général romain. Le jeune soliste est certain d’avoir eu la chance unique de danser dans « Spartacus ».
Une véritable transformation s’est opérée en moi au cours des répétitions. Je suis devenu différent et il a fallu travailler très dur pour rester en bonne forme.
Il y aura six spectacles sur la scène du théâtre madrilène. Les Espagnols s’intéressent vivement aux prestations du Bolchoï si bien que tous les spectacles vont se jouer quasiment à guichets fermés.

Et la lumière brille dans les ténèbres

« Il ne faut pas changer le monde, il faut avant tout changer soi-même ». Telle est l’idée maîtresse et d’une grande actualité de la pièce de Léon Tolstoï « Et la llumière brille dans les ténèbres », pense son metteur en scène, le célèbre réalisateur allemand Volker Shlöndorf. Le public russe a vu la première de ce spectacle le 9 septembre, le jour anniversaire de l’écrivain russe, dans sa propriété héréditaire de Yassnaï Poliana.
« Dans ma jeunesse j’ai fait de nombreuses lectures des classiques russes et c’est la seule chose qui justifie ma tentative de mettre en scène la pièce de Tolstoï sans avoir aucune expérience du travail dans le théâtre », — a avoué le réalisateur prix Oscar Volker Shlöndorf à la veille de la première. Pendant trois jours les comédiens allemands ont joué en allemand la pièce de Tolstoï en plein air sous les fenêtres de la maison de l’écrivain. C’était d’ailleurs l’idée du spectacle. « Et la lumière brille dans les ténèbres » est un drame autobiographique inachevé de Léon Tolstoï dont les personnages font apparaître l’écrivain lui-même, sa femme Sofia et les familiers de la maison de Yassnaïa Poliana.
Dans le titre de la pièce Léon Tolstoï cite une partie de l’expression évangélique « Et la lumière brille dans les ténèbres », et les ténèbres n’ont pas pu s’en rendre maîtresses ». Cela en dit long sur le sens de l’oeuvre inachevée qui s’écrivait au long de plusieurs années, en même temps que le roman « La Résurrection » et après la pulication de « Guerre et paix » et « Anna Karénine ».
Le jour même à la maison-musée de Tolstoï à Moscou a eu lieu la présentation du nouveau film de fiction et documentaite « Etre la femme du génie » consacré à l’histoire d’amour et à la vie conjugale de Léon Tolstoï. Ce film, tout comme le film-étude à plusieurs épisodes « Les mystères de la chambre d’acier » et les bandes « Tolstoï et l’Église », « En quête de Tolstoï », peuvent être considérés comme « une nouvelle lecture de Léon Tolstoï que ne pouvait apparaître que de nos jours ». C’est l’opinion exprimée par le directeur du musée Tolstoï à Moscou Vitali Remzov, auteur du scénario et animateur du nouveau film télévisé.
Ces films permettent de découvrir plusieurs aspects importants des réflexions de Tolstoï, de ses tribulations et errances spirituelles comme le problème controversé que pose le départ de Tolstoï qui quitte sa famille à dix jours de sa mort. C’est un dénouement dramatique voire tragique de l’écheveau des relations familiales des Tolstoï. L’épisode de son départ de Yassnaï Poliana est très controversé. Il y a même deux « camps » qui s’accusent : les uns plaident la cause de son épouse Sofia, les autres montent au créneau pour défendre Léon Tolstoï lui-même. Chacun des époux avait sa vérité, c’est pour le cela que le nouveau film fait apparaître une vraie tension et soulève un grand nombre de questions parfois épineuses. Pour en revenir à Tolstoï, à force d’essayer de pénétrer le sens de ces méditations, on découvre la profondeur qui nous permet de comprendre non seulement le sens de notre propre existence mais encore la raison d’être de l’Humanité toute entière.
Dans le film « Etre la femme du génie » sont citées les paroles prononcées par Sofia Tolstaïa à la mort de son mari : « J’ai vécu pendant 48 ans avec Lev Nikolaévitch mais je n’ai pas compris quel genre d’homme il était ». D’ailleurs dans la pièce « Et la lumière brille dans les ténèbes » Toltstoï explique avec insistance par la bouche de son personnage à sa femme et à tous ceux qui avaient du mal à comprendre nombre de ses actes : « Il ne faut pas craindre la mort, ce qu’il faut craindre, c’est une vie stupide et privé de sens »…
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