Ivan Aïvazovski, Nicolaï Roerich, Alexeï Bogolioubov, Boris Koustodiev… L’organisateur de l’exposition et le propriétaire des tableaux de ces grands peintres russes, Igor Voziakov s’est aperçu que la plupart des chefs-d’œuvre achetés il y a 15 ans n’étaient pas authentiques. En réalité, les experts ne portent aucune responsabilité matérielle de leur faute, raconte la critique d'art Nadejda Goubkina dans une interview accordée à la Voix de la Russie.
« Je ne crois pas qu’un spécialiste qui a travaillé pendant des années par exemple dans la galerie Trétiakov ne pourrait pas distinguer le vrai Bogolioubov du Bogolioubov falsifié même si c’était une très bonne copie. Pourquoi nous avons abordé ce sujet ? Parce que nous voulons arrêter le marché noir des antiquités et déclarer l’existence d’un grand problème avec l’expertise. Lorsqu’il s’agit des chefs-d’œuvre, le système devrait être très bien organisé ».
Entre temps, Mme Goubkina reconnait que certaines peintures exposées à Moscou sont de vrais chefs-d’œuvre :
« Ce n’est pas par hasard que l’exposition a été nommée « Chefs-d’œuvre de contrefaçon ». Il est évident que les peintures n’ont pas été créées par Aïvazovski ni par Roerich, mais il faut rendre justice à ces maîtres ! Si ces auteurs signaient les tableaux par leurs propres noms, ils auraient été connus dans le monde entier. Ces peintres seraient probablement vivants et ils pourraient visiter l’exposition pour admirer leurs tableaux ». Mais la valeur matérielle des copies est bien sûr plusieurs fois inférieure aux peintures authentiques.
« Les peintres qui copient les chefs-d’œuvre sont très ambitieux. Pour duper les experts, la communauté internationale de critiques d’art, les collectionneurs il faut avoir évidemment beaucoup d’ambitions. Ce sont sans doute des personnages très créatifs et des fois géniaux. Franchement, j’aimerais bien en rencontrer quelques-uns », avoue Nadejda Goubkina.
En même temps, on ne peut pas être sûr que le caractère d’une telle rencontre serait amical. Nul ne pourrait prévoir l’issued’une rencontre entre, par exemple, l’homme d’affaire russe Victor Veckelberg et l’auteur de la copie que l’homme d’affaires a acheté comme un tableau authentique de Boris Koustodiev pour 2,9 millions de dollars. L’oligarque a déjà déposé un acte introductif d'instance.