Découverte d'un roman inédit de Tchinguiz Aïtmatov

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Il y a quelque temps le manuscrit du roman « La Terre et la flûte » a été découvert dans les archives du classique de la littérature soviétique Tchinguiz Aïtmatov. Personne, même ses parents les plus proches, ne savait rien de l'existence de ce texte. Le sort du roman n'est pas tout à fait clair, mais il y a des projets de le publier en russe pour le traduire ensuite dans des langues étrangères.

Peu de choses sont connues sur son sujet : il s'agit de la construction du Grand canal de Tchou en Kirghizie dans les années 1940. Etant donné que le canal passait sur le territoire de l'ancienne Route de la soie, la construction allait de pair avec les fouilles archéologiques. Ainsi les protagonistes du roman trouvent une grande statue de Bouddha de Tchou.

Selon la fille de l'écrivain, Chirine Aïtmatova, il est nécessaire de préparer le texte pour la publication et de réaliser son estimation littéraire ce qui peut occuper au moins un an.

La Voix de la Russie a évoqué le roman dans un entretien avec un de ses premiers lecteurs et rédacteur en chef de la revue « Amitié des peuples » Alexandre Ebanoïdze.

VdlR : A quoi tient ce grand intérêt à « La Terre et la flûte »?

AE : « Je voudrais préciser dès le début : bien que les journalistes appellent ce roman « La Terre et la flûte » l'auteur a intitulé le manuscrit « La flûte et la Terre. Roman inachevé ». Pour ce qui est de l'œuvre de Tchinguiz Aïtmatov, elle a toujours attiré l'attention, les lecteurs ne l'ont pas oublié. Je pense que le fait suivant reflète très bien sa place et son rôle : son dernier roman a été publié par « Amitié des peuples », c'était « Quand tombent les montagnes (Fiancée éternelle) ». Lorsque nous l'avons annoncé, nous avons reçu des lettres et des coups de fil venant de tous les coins de l'ancienne Union soviétique. Les gens voulaient savoir quand le roman paraîtrait. Nous avons fait de nombreuses annonces de ce genre concernant les œuvres de Daniil Granine, de Vassil Bykov et d'autres écrivains de la même génération, mais personne n'a suscité autant d'intérêt que Tchinguiz Aïtmatov.

Ecrire était sa vocation. Il m'a dit un jour : « Je ne sais pas conduire, je ne sais pas jouer au billard ou aux cartes, je ne sais qu'écrire ». C'était sa vie et il faisait ce travail avec brio.

A mon avis ses meilleures œuvres sont « Adieu Goulsary », « Chien pie », « Il fut un blanc navire » et « Une journée plus longue qu'un siècle ». A propos, lui-même, il disait la même chose. Mais ces derniers temps ses œuvres ont quelque peu changé, peut-être à cause de son isolement de son pays et de sa langue : à la fin de sa vie Aïtmatov s'est installé en Europe. Cependant il savait surmonter toutes ces difficultés et il est resté l'écrivain favori du pays.

Je pense que nous avons toutes les raisons de l'appeler « maître de pensée ». Ce à quoi tient un tel intérêt pour son manuscrit inconnu en Russie et ailleurs ».

VdlR : Aïtmatov est mort il y a quatre ans. Comment expliquer que le manuscrit a été retrouvé si tard?

AE : « Il est difficile de dire. Peut-être les archives n'étaient pas étudiées minutieusement, peut-être il y a d'autres raisons. Soit dit au passage, il est assez difficile de dater le manuscrit. A ce que je sais, même les héritiers ont de la peine à définir quand le roman a été écrit. Une autre nuance : comme j'ai déjà dit le texte est sous-titré comme « Roman inachevé ». D'une part cela peut être la définition du genre. Mais de l'autre, c'est peut-être l'auteur lui-même qui a décidé de ne pas terminer le roman ».

VdlR : Pourquoi? Qu'en pensez-vous ?

AE : « Je crois que le sous-titre est une certaine suggestion. Peut-être il voulait utiliser ces matériaux dans son œuvre ou, au contraire, terminer un jour le roman, mais quelque chose n'a pas collé. Il s'agit de l'œuvre artistique et personne, sauf l'auteur, ne peut apporter une réponse ».

VdlR : Vous connaissez bien l'œuvre de Tchinguiz Aïtmatov, vous avez été un de ses familiers. Ne pensez-vous pas que le roman a été écrit par une autre personne dans le style d'Aïtmatov ?

AE : « C'est tout à fait exclu. Du point de vue de la langue, du style, de la manière et des moyens artistiques c'est, sans aucun doute, son livre ».

VdlR : Comment le roman sera-t-il accueilli par les lecteurs ?

AE : « Bien que l'intérêt aux belles lettres diminue d'année en année, je pense que le roman aura une attention soutenue du public. Aïtmatov se faisait sa réputation pendant plus de 40 ans et le charme de sa prose est tel que l'intérêt lui est garanti. Je ne dirais pas que c'est son meilleure œuvre, mais elle incontestablement bonne. Comme tout ce qui a fait la gloire d'Aïtmatov ».

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