Rencontre avec l'auteur du Mauerspringer Gabriel Heimler, peintre pop art du Jugendstil (Partie 1)

© © Photo : Flickr.com/Mark Turner/cc-by-ncRencontre avec l'auteur du Mauerspringer Gabriel Heimler, peintre pop art du Jugendstil (Partie 1)
Rencontre avec l'auteur du Mauerspringer Gabriel Heimler, peintre pop art du Jugendstil (Partie 1) - Sputnik Afrique
S'abonner
Gabriel Heimler, http://www.gabriel-heimler.de/Vita.htm peintre, 47 ans, de nationalité française, hongroise, et de culture juive allemande par sa mère, consacre sa vie à faire sauter les murs à ses œuvres.

Connu et reconnu par le Mauerspringer, le Sauteur de Mur, célèbre peinture peinte sur le mur de Berlin en 1990 admiré par trois millions de touristes tous les ans http://www.fotocommunity.de/pc/pc/display/19436842 et qui a été reprise par un hôtel berlinois http://www.luise-berlin.com/zimmer/doppelzimmer-berlin-doppelzimmer-buchen-zimmer-mit-duschewc/gabriel-heimler-mauerspringer/, se trouve sur la East Gallery, le morceau du mur de Berlin, qui fait face à Kreuzberg. Le peintre, qui a eu pour pygmalion un élève de Klimt, parle de l'africanisation de la culture européenne, du rôle des services secrets américains dans la peinture et de l'ambiance durant la chute du mur de Berlin. Ami d'Hugo Pratt et grand admirateur d'Enki Bilal, il a décidé de mieux aimer l'Europe de loin, en sautant du continent européen à la Nouvelle-Zélande. Rencontre.

En quoi la Russie a été importante dans votre vie ?

La Russie a joué un rôle important pour moi car mes grands-parents ont été libérés par les Russes. Si les Russes n'avaient pas libéré les camps, je ne serais pas là aujourd'hui. En 1956, mon père, qui est hongrois, a été arrêté par l'Armée rouge. Ils l'ont pris pour un fou. Les soldats russes ont libéré mon père à Vienne au lieu de le fusiller. C'est donc grâce aux Russes que je suis là. La vie de mes parents était entre les mains des Russes.

Déjà à l'école en France, votre regard d'enfant se tourne vers l'Europe de l'Est ?

A l'école à Paris, nous rêvions tout le temps de l'Europe de l'Est car le soleil se lève toujours dans cette direction. J'ai découvert la véritable culture européenne dans cette zone géographique. Déjà, durant mon adolescence, nous sentions la France se tourner vers l'Afrique. Nous étions, moi et mes copains de classe, attirés par l'Europe de l'Est même si nous n'étions pas des communistes. Aussi, je suis parti, dès que j'ai pu, très vite en Allemagne de l´Est, huit ans avant la chute du mur.

Vous avez commencé par vivre dans quelle ville allemande ?

J'avais pour habitude d'aller en Allemagne de l'Est à Halle -Salle. Puis, j'ai décidé de m'installer à Berlin-Ouest.

La peinture réaliste était interdite à Berlin-Ouest ?

Les artistes de Berlin-Ouest faisaient de la peinture abstraite. La peinture réaliste n'était pas souhaitée par la politique de l´occupant américain.

C'était le cas des peintures réalisées par les 100 peintres du monde sur la East Side Gallery avec ses 1,3 kilomètres ?

La East Side Gallery http://www.berlin.de/mauer/orte/east_side_gallery/index.fr.php, qui n'est autre qu'un morceau du mur qui séparait Berlin, a été réalisée par des œuvres abstraites sur le mur pour plaire à l'Allemagne de l'Ouest. L’Amérique ne supportait pas la peinture réaliste car on pouvait tout contester. Il est, en effet, possible d'interpréter la peinture abstraite comme on le veut. C'est donc toujours positif. D'ailleurs, j'ai refait la peinture du Mauerspinger pour les 20 ans de la réalisation des peintures de la East-Side Gallery http://www.gabriel-heimler.de/Berlin-Wall-Anniversary.htm.

La CIA a payé des peintres allemands ?

Le grand peintre allemand, Gerhard Richter, était payé par la CIA pour dire ce que c'est l'art allemand. Quand j'étais aux Beaux-arts en France, c'était, d'ailleurs, déconseillé de faire de la peinture réaliste. Il ne fallait pas promouvoir une idée par la peinture car l'art ne devait pas être contestataire. En fait, je voulais décrire l'âme des gens en profondeur. La contestation n´est que passagère, donc inutile. C'est vers le spirituel que je vais !

Vous avez découvert quoi en Europe de l'Est ?

J'ai découvert une âme. Je pensais que ça ne pouvait pas exister. Je voulais mieux comprendre ce qui c'était passé avant les camps en allant en Allemagne de l'Est. Avec mes copains d'école, essentiellement des Slaves, des Polonais, des Russes ou des Serbes, nous appelions les Français les petits gris car, pour nous enfants, ils nous apparaissaient, comme des personnes fades.

Vous avez toujours la même vision des Français ?

C'est quand on est enfant et quand on se sent méprisé qu'on tente de voir en quoi on est différent. Je sais, aujourd'hui, qu'il y a des Français qui ont une grandeur d'âme. Je ne dirais pas la même chose aujourd'hui d'eux. Je ne me suis jamais senti intégré en France. On m'a toujours fait ressentir que j'étais un étranger en France.

Quand avez-vous quitté la France pour toujours ?

J'ai quitté définitivement la France en 1988. Mais je rêve de ces fromages ! /L

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала