L’ancienne Babylone détruite par la guerre et la présence militaire US

© © Photo : AP/Maya AlleruzzoL’ancienne Babylone détruite par la guerre et la présence militaire US
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Les pays dont on peut dire qu’ils constituent un musée à ciel ouvert ne sont pas si nombreux dans le monde. C’est le cas de l’Irak d’avant l’opération militaire des Américains et de leurs alliés en 2003.

Le territoire de l’Irak, sur lequel se trouvaient les civilisations anciennes de Sumer, d’Assyrie et de Babylone, renferme une variété extraordinaire de monuments archéologiques, historiques et culturels. Trois villes qui font partie des villes les plus anciennes de la planète, Samarra, Hatra et Assur, figurent sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais deux villes irakiennes sont menacées de destruction. Quant à la ville ancienne de Babylone, son sort est encore plus triste.

« La destruction de l’ancienne Babylone est une perte énorme pour le patrimoine mondial », souligne Sergueï Demidenko, expert de l’Institut d’étude et d’analyse stratégique. « Une base militaire américaine avec des blindés se trouvait sur ce site détruit, ce qui a eu des conséquences graves. Pour l'armée américaine, Babylone ne représentait aucune valeur. Un tas de pierres, qu’on peut utiliser en cas d’attaque contre les snipers. »

Selon le commandement de la coalition en Irak, les militaires américains avaient pour mission de « protéger les sites historiques des pillage et des dommages physiques ». Mais en réalité, ces sites ont subi des dommages « qu’on ne peut pas évaluer, tellement cette perte est inestimable », a indiqué un employé du Musée britannique. Les vandales ont ainsi endommagé l’un des remparts de la ville ancienne, où sont conservées des briques avec des inscriptions datant du XVIIIe siècle av. J.-C. Quant aux couches archéologiques du site, où le travail des experts a été interrompu par la guerre, ils ont été remplis de diesel et d’huile de graissage.

« Non seulement ce site a été détruit, mais il a également été pillé », souligne Boris Dolgov, chercheur du Centre d’études arabes à l’Institut d’études orientales. « Le musée national a été pillé à Bagdad. Des bijoux anciens en or, volés dans ce musée, se vendaient dans la rue après l'invasion des Etats-Unis en Irak. Ces vestiges historiques sont pillés par des forces qui sont venues dans le pays soi-disant pour apporter la civilisation, la liberté et la démocratie. Mais malheureusement personne ne peut répondre de ces méfaits. Les musées de Bagdad sont dans un état lamentable à l’heure actuelle, dans lequel ils ont été mis pendant la guerre… »

Comme l’a indiqué le directeur du musée de Bagdad, ce ne sont pas les habitants de Bagdad qui ont pillé les trésoreries des musées, mais bien des pilleurs professionnels. Aucune copie en plâtre n’a disparu du musée. Uniquement des objets qui représentaient une valeur historique quelconque. C’est d’autant plus tragique que le Musée national de Bagdad était le seul au monde à renfermer des preuves de la présence discontinue d’une civilisation sur une période de 5.000 ans. Et du jour au lendemain, le travail qui était mené depuis une centaine d'années, notamment grâce à la participation des employés du musée de l'Hermitage de Saint-Pétersbourg, a été complètement détruit. Selon la directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova, il aurait fallu faire tout son possible pour prévenir ces pillages.

« La conscience de l'importance de ce patrimoine et la préservation des biens culturels est d’autant plus évidente dans le contexte des événements qui se produisent dans les pays du monde arabe. L’une des premières mesures que nous essayons de prendre est d'attirer l’attention des différents pays impliqués dans le conflit sur la nécessité de préserver le patrimoine culturel dans la zone, en dépit des causes de ce conflit. »


Malheureusement, l'histoire militaire contemporaine démontre que les appels de l'UNESCO n’ont aucun effet sur les parties en conflit. Et des reliques rares continuent à disparaître des musées dans les régions en guerre. N

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