Patrimoine menacé: Bagdad et Damas divisés sur l'initiative française

© Sputnik . Mikhail VoskresenskiyMusée de Palmyre pillé par Daech
Musée de Palmyre pillé par Daech - Sputnik Afrique
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La Syrie et l'Irak ont adopté des positions bien différentes quant à l'idée de transférer leur patrimoine culturel en France à des fins de conservation.

Le président français François Hollande a récemment annoncé que le futur centre de conservation du Louvre, qui doit ouvrir en 2019 à Liévin, aurait aussi vocation à accueillir le patrimoine menacé, en particulier de l'Irak et de la Syrie.

Ruines d'une statue dans le musée de Palmyre - Sputnik Afrique
Faut-il mettre à l’abri en France le patrimoine de pays en guerre?
Selon le porte-parole du gouvernement irakien Saad Al-Khadisi contacté par Sputnik, son pays étudiera « soigneusement » l'initiative du chef d'État français. Compte tenu de la valeur des objets concernés, le ministère irakien de la Culture soumettra cette question à la discussion dans le cadre d'une conférence internationale sur le patrimoine en danger à Abou Dhabi, a précisé l'interlocuteur de l'agence.

Pour sa part, le conseiller du ministre syrien de l'Information Ali Al-Akhmad a interprété l'initiative de M. Hollande comme une « tentative de voler le patrimoine syrien sous l'égide internationale ».

« Si l'Occident prend effectivement au sérieux la protection du patrimoine culturel, il doit cesser de soutenir Daech et Al-Nosra et de lutter contre la contrebande de vestiges historiques volés », a lancé le responsable syrien.

A general view shows the Crusader castle of Crac des Chevaliers, in Homs province, Syria May 24, 2016 - Sputnik Afrique
Les Français au secours du patrimoine syrien
Pour Céline Michel du Laboratoire Archéologies et sciences de l'Antiquité (Arscan) du CNRS, il vaut mieux aider les pays à conserver les œuvres de leur patrimoine sur leurs territoires nationaux, aujourd'hui les états syrien et irakien n'ont aucune garantie de voir revenir les œuvres.

« De toutes les façons, ni l'Irak ni la Syrie sont dans une situation de ce voir restituer des œuvres dans l'immédiat », a indiqué Mme Michel, tout en louant le travail accompli par ses collègues syriens comme irakiens en vue de sauver les objets en danger.

Pour sa part, Eric Delpont, directeur du musée de l'Institut du monde arabe (IMA), a fait savoir que son institution disposait déjà de 23 pièces archéologiques prêtées en 2011 par la Direction générale des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAM).

« Ce dépôt est régi par une convention et protégé par un certificat d'insaisissabilité. Pour sa restitution, en concertation avec la DGAM, nous étudions une solution avec l'UNESCO », a expliqué le responsable.

Le député PS Gérard Bapt, président du groupe France-Syrie à l'Assemblée nationale, indique que la situation est d'autant plus compliquée car le gouvernement français ne veut pas avoir des relations avec les autorités syriennes, y compris sur le plan culturel.

« Ainsi, proposer de conserver des œuvres d'origine syrienne, ça voudrait dire que, pour le moment en tout cas, elles ne viendraient que des régions occupées par des groupes salafistes ou djihadistes, ce qui me semble un peu paradoxal et difficile, parce que dans ces régions il est à craindre que ce qui était transportable l'a déjà été à des fins de vente », explique le député.

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