Première mondiale du spectacle d’après le roman d’Alexandre Zinoviev «Vivre»

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Le 22 avril prochain, le Théâtre «El Duende» présente en première mondiale le spectacle «Vivre», une adaptation libre du roman éponyme d’Alexandre Zinoviev. Au-delà du contexte soviétique du roman, il met en lumière avec humour et dérision l’absurdité et la solitude de la condition humaine.

Au moment de sa parution en Occident, le roman «Vivre, la confession d'un robot» d'Alexandre Zinoviev a été perçue comme «un véritable pavé dans la mare de la perestroïka.» Effectivement, ce roman à la fois sociologique et philosophique pouvait être essentiellement perçu comme une analyse implacable de la vie en Union soviétique, mettant à nu la situation bloquée où elle se trouvait alors. Mais près de trente ans se sont écoulés depuis la parution de ce texte aux Éditions L'Âge d'Homme et sa dimension universelle transparaît à travers l'image d'une ville de province figée.

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Il n'est pas indispensable pour saisir la portée du texte de faire du personnage principal un ingénieur dans un «Kombinat» (une usine) de fabrication de prothèses. Le personnage central, le Robot, lui-même cul-de-jatte de naissance, n'a même pas à être placé dans un contexte social précis, ni d'attacher sa situation au régime communiste. Bien d'autres régimes ont creusé volontairement un écart entre l'«avenir radieux» promis par les politiques et la vie des fourmis-citoyens. Combien sommes-nous, à nous réveiller tous les matins, à prendre la forme humaine, tout comme le héros Andrey Gorev prend forme humaine en accrochant ses pieds pour marcher, combien sommes-nous à déranger tout comme lui nos voisins, nos compagnes, nos chefs, en faisant «trop de bruit» par notre existence? Combien sommes-nous à vivre la vie «éjectés par notre société»?

Là est la force immuable et le caractère visionnaire du texte de Zinoviev: par une difformité de son corps, par une particularité de son caractère, tous un chacun peut se retrouver isolé. Mais cet isolement, tout en procurant de la souffrance, peut également amener une âme réprouvée à un niveau métaphysique supérieur, elle peut lui permettre —comme elle le permet au personnage central du roman- de formuler la question principale de l'existence humaine: peut-on, isolé, vivre une vie d'Homme digne?

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Paradoxalement, dos au mur de son existence, afin de pouvoir continuer de vivre, le héros d'Alexandre Zinoviev s'élabore peu а peu en son for intérieur un univers structuré. Le Robot est en quête de quelque chose de pur et de lumineux, une lumière qui ne peut surgir que de son univers intérieur, puisque l'extérieur, tout comme son apparence, ne portent que la vulgarité et la grisaille.

«Pendant la journée, la foi se perd toujours un peu», dit le major Kapiton Maximovitch, dans «Les Possédés» de Dostoïevski. Le héros principal du roman de Zinoviev est un petit-fils du major. Il est allé plus loin, dans la nuit de son existence, il a trouvé la foi, sa foi: «Vivre!»

Et nous, aujourd'hui, au-delà d'un roman sociologique avec son une analyse de la vie en Union soviétique, on perçoit avec stupeur la mise à nu de notre situation «bloquée où elle se trouve» la situation dans laquelle nous devons tous trouver comment vivre. Vivre —comme un défi. Vivre —comme une nécessité. Vivre —comme une réponse au néant.


Les 22 et 23 avril 2018, au Théâtre «El Duende»
«Vivre»- Drame d'Alexandre Zinoviev- Adaptation Aurore Gobert
Par le Collectif Phainomen- Mise en scène: Irène Ranson Terestchenko

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