Russie: la police militaire n'est pas une panacée pour l'armée (experts)

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Les autorités russes envisagent de créer une police militaire, une idée émise par Vladimir Poutine, en vue d'extirper le bizutage et les autres vilenies militaires, mais les experts estiment que cela ne permettra pas de guérir les maux de l'armée.

Les autorités russes envisagent de créer une police militaire, une idée émise par Vladimir Poutine, en vue d'extirper le bizutage et les autres vilenies militaires, mais les experts estiment que cela ne permettra pas de guérir les maux de l'armée, selon l'hebdomadaire Moskovskie novosti.

Le cas monstrueux du soldat Andreï Sytchev a pour la première fois été perçu par la société comme une honte nationale. Il semble bien que l'élimination de la bestialité des casernes figure désormais parmi les principaux points de l'ordre du jour politique et social.

Le général Edouard Vorobiev, ancien député à la Douma (chambre basse du parlement): C'est indéniable, l'introduction d'une police améliorerait la situation au sein de l'armée. Les soldats disposeraient ainsi d'une structure indépendante pour les défendre. Pour les commandants, elle fournirait une solution à bien des problèmes. Par exemple, ils n'auraient plus besoin de faire eux-même la chasse aux fugitifs qui n'ont pas regagné leurs quartiers après avoir commis un crime.

Seulement la police militaire n'est pas une panacée pour guérir tous les maux. Seul tout un train de mesures permettra de rendre l'armée opérationnelle et sécuritaire pour les militaires. Il faut renforcer le maillon principal, le commandement. Le recrutement des officiers sur concours devrait commencer dans les établissements d'enseignement supérieur. Les gens choisiront le métier des armes quand des stimulants matériels auront été créés. Le contrôle civil est un autre aspect du problème.

Alexandre Khramtchikhine, chef du service analytique de l'Institut d'analyse politique et militaire: L'idée même de constituer une police militaire est parfaitement saine et juste. Pourtant de nos jours elle n'a aucun sens.

Premièrement, pour combattre le bizutage il faut créer l'institut des officiers subalternes professionnels (sergents et adjudants). Possédant une expérience réelle et ayant des attributions. Quant à la police militaire, elle le complétera mais ne le remplacera en aucun cas.

Deuxièmement, les tentatives pour refaire l'Armée soviétique que nous avons toujours aujourd'hui en fonction des besoins de la Russie n'ont absolument aucun sens. L'Armée russe doit être bâtie à partir de zéro. Une fois cela fait, alors oui, une police militaire sera nécessaire pour épauler les sergents de métier.

Troisièmement, ce que l'on observe maintenant autour de la tragédie vécue par le soldat Sytchev, ce sont des jeux politiques. Etant donné qu'une concurrence politique est impossible dans la Russie de nos jours, la politique se réduit de nouveau, comme à l'époque de l'URSS, à des jeux sous le tapis. Le ministre russe de la Défense et aussi "successeur de réserve" Sergueï Ivanov a été la cible de ses concurrents potentiels. Les besoins réels des militaires russes font office de monnaie d'échange dans la lutte pour le Kremlin.

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